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Randonnée à Guégon
mercredi 10 juin 2015, par ,
Lundi 27 avril 2015 : une quarantaine d’Arecmistes ont randonné à Guégon.
Après le traditionnel café de bienvenue, nous nous sommes dirigés vers
le manoir de la Ville-Pelotte, qui possédait, autrefois, une cour fermée, un colombier, un étang, une métairie, aujourd’hui disparus ; tombé en ruines fin XVIIIème, il été remplacé par une demeure plus moderne mais au charme indéniable. L’ancienne propriété avait même un enfeu, c’est-à-dire une niche funéraire encastrée dans l’un des murs de l’église paroissiale, privilège réservé aux familles nobles. Monsieur Pierre Lecointre, l’actuel propriétaire des lieux, nous en a fait une présentation très chaleureuse. Avant de quitter le parc arboré, où les rhododendrons, sous la frondaison d’un chêne multicentenaire, nous ont donné à admirer leurs premières fleurs, Madame Lecointre nous a aimablement offert une boisson énergisante pour poursuivre notre parcours.
Quelques minutes plus tard, devant les 2 stèles commémoratives,
érigées non loin du lieu-dit Boccabois,
nous avons écouté notre guide local, Gérard Le Jéloux, évoquer le drame qui eut lieu à proximité le mardi 20 juin 1944, 5 hommes y ayant perdu la vie .
Parmi ceux-ci, le lieutenant Roger de La Grandière, 27 ans, blessé d’une balle à la poitrine, puis achevé d’une autre balle à la tête, et le sergent Jean Plouchard, 20 ans, percé par les baïonnettes allemandes. Tous les 2 faisaient partie de la quinzaine d’hommes, maquisards et parachutistes, dispersés dans la région depuis la bataille de Saint-Marcel (18 juin). Autres victimes, ce même jour : 3 civils guégonnais . A Boccabois, Constant Le Guennec, 44 ans, père de 5 enfants, près du jardin duquel les Allemands découvrirent les sacs de couchage des paras ; au Bot, village voisin, où étaient arrivés, le matin même, une cinquantaine de maquisards, les Allemands passent par les armes, sous les yeux de sa mère, Joseph Le Coq, 20 ans ; dans le haut du bourg, enfin, le jeune Jean Bertho, 14 ans, qui s’enfuit à la vue des Allemands, meurt sous leurs balles. Gabriel Brogard, 9 ans au moment des faits et présent, ce jour-là, au Bot, est venu nous apporter son poignant témoignage , son père, Jacques Brogard, ayant été embarqué dans un camion allemand, où se trouvaient déjà des parachutistes attachés 2 par 2, direction Saint-Marcel ; il y passera la nuit dans une soue à cochons, avant d’être longuement interrogé, menotté et suspendu à une poutre. Les tortures subies lui laisseront des séquelles indélébiles.
Notre dernière halte matinale sera pour la fontaine dédiée à Saint Antoine
qu’on implorait pour retrouver un objet perdu ; la chapelle Saint-Antoine
implantée à quelques pas de là, devint tristement célèbre en 1715 suite à une étrange affaire d’impiété : des charlatans de Josselin avaient fait croire aux alentours que, pour trouver des trésors, il fallait y dire la messe sur un morceau de cuir, en faire ensuite une bourse, y mettre 20 à 30 écus pour en trouver le double le lendemain ! L’Abbé Julien Nizan, alerté par des fermiers des environs, prévint l’autorité diocésaine qui fit excommunier les escrocs en question, dont leur chef surnommé « Sans Cœur ».
Après le pique-nique, convivial comme à l’accoutumée, direction l’église paroissiale de Guégon, dédiée à Saint Pierre et Saint Paul ; elle date du XIIème siècle mais fut agrandie au XVIème par l’ajout d’une collatérale sud. A l’extérieur, une lanterne des morts,

atypique de par sa petite taille, devant un calvaire à double face, une pierre dite de fécondité, datant de l’âge du fer. Frappée deux fois par la foudre, en 1627 puis en 1677, la tour-donjon, haute de 67 mètres, s’écroula en 1705 avec ses 3 cloches qui, par miracle, ne furent pas brisées ; c’est sur ce qui restait de ce donjon que fut plantée l’actuelle flèche d’ardoises. L’entrée principale se fait par le porche central, désigné plus généralement par le terme de « chapitret » , autrefois lieu de réunion pour l’administration sous la responsabilité du général de paroisse. A l’intérieur, nous avons pu admirer le vitrail des 12 apôtres,

classé et datant de 1563, un bas-relief du XVème siècle un retable du début XVIIIème ,
œuvre d’art, certes, mais qui obscurcit l’église ; remarquables aussi la statue dite de « la Vierge à l’enfant »
le récent chemin de croix en bois polychrome
les orgues venus de la prestigieuse université de Cambridge…
C’est en voiture que s’est poursuivie notre périple qui nous a conduits au château de Trégranteur (étymologiquement « passage des amoureux ») où nous avons été accueillis par son propriétaire,
Monsieur Mélec Du Halgouët En granit du pays, le temps a donné sa patine à l’édifice, dont l’imposante grille d’entrée est l’œuvre d’Eustache Roussin, auteur, également, des chaires à prêcher, en fer forgé, des églises de Josselin et Carnac. Nous avons, également, pu admirer ses très belles dépendances constituant autrefois les écuries, surmontées des logements des palefreniers, la buanderie, le séchoir à tabac, le bûcher…, de même que le parc agrémenté, auparavant, de jardins à la française.
L’église de Trégranteur est dédiée à Saint Mélec que Grégoire Le Grand envoya évangéliser les Anglo-Saxons. Près de l’église, une colonne de justice et un bâtiment appelé « Audience », ce qui renvoie à une époque où on pouvait facilement perdre la tête !
Dernière visite au programme : l’église de Coët-Bugat,
la commune de Guégon comptant sur son sol 3 églises mais aussi 3 chapelles, toutes en bon état général, grâce en particulier à l’Association pour la sauvegarde du patrimoine, dont fait partie Gérard, notre guide du jour, depuis sa fondation, soit 30 ans ! La construction de l’église de Coët-Bugat (étymologiquement « bois de la lessive ») fut décidée par le Recteur Julien Michelot, sur le terrain de la précédente qui menaçait ruine. Pour financer l’entreprise, il se fit lui-même quêteur, n’hésitant pas à aller jusqu’à Sainte-Anne d’Auray pour demander des subsides à Napoléon III qui voyageait alors en Bretagne par le chemin de fer ; celui-ci lui accorda 2000 francs et un tableau, représentant l’Assomption, aujourdhui installé dans le chœur. A l’extérieur, un très beau tympan représentant la crucifixion.
Un chaleureux merci, au nom de l’ARECMO, aux familles Lecointre et Du Halgouët qui nous ont si aimablement accueillis, à Gabriel pour son émouvant témoignage, à Gérard, « historien » passionné et passionnant, qui a captivé son auditoire tout au long de cette journée, agréable à plus d’un titre.
Jocelyne Le Bris et Gilbert Guillo