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Landerneau et exposition Picasso

vendredi 10 novembre 2017, par armelle le loer, Sylvie Manach

Landerneau
Pluie du matin,
N’arrête pas le marin !
Marins ? Pas tous, sans doute, mais la météo humide du nord Finistère en ce 17 octobre n’a pas découragé les 45 Arecmistes inscrits à la journée Landerneau.

Accueillis par Mme Anne-Marie Prigent, belle-sœur de Jean-Yves, et son mari, ils se sont laissés conter avec beaucoup d’attention et de plaisir, l’histoire de la ville au riche passé. Madame Prigent, guide intarissable, férue d’histoire, a captivé son auditoire en retraçant la vie de sa cité à travers les siècles.
Notre visite commence par une présentation de la ville actuelle. Située au fond d’une ria envahie par la mer deux fois par jour et construite sur les bords de la rivière l’Elorn, Landerneau, 4è ville du Finistère, compte actuellement 16 000 habitants.

De nombreuses animations comme la Fête du bruit ainsi que le festival Kan ar Loar et les expositions du Fonds Leclerc ponctuent la saison estivale. Landerneau s’impose comme un lieu où il fait bon vivre en offrant aux habitants et aux touristes un cadre de vie des plus agréables.
Point de passage obligé entre le nord et le sud de l’actuel Finistère, Landerneau fut longtemps la capitale d’une seigneurie contrôlée par deux puissantes familles, les Léon et les Rohan. En 1510, Jean 2, vicomte de Rohan, fait construire en pierre l’actuel pont qui fait partie de la petite famille des rares ponts encore habités de nos jours.
Très vite des commerces surmontés d’habitations de style Renaissance ainsi qu’un moulin et même une prison, s’y installent. Landerneau se dote de véritables installations portuaires au 15è siècle. Le commerce de la toile de lin et du vin place Landerneau parmi les grands ports bretons de l’époque. De nombreux négociants font bâtir de riches demeures le long des quais non loin de leur activité commerciale.
Dans le quartier Saint-Thomas, Mme Prigent attire notre attention sur ces superbes maisons en pierre jaune de Logonna agrémentées de sculptures en kersantite de couleur grise. Elle nous fait remarquer des particularités comme l’Auberge des 13 lunes, une maison à « pondalez" dont la façade est ornée d’une rangée de 13 lunes. On aperçoit aussi une crossette d’angle représentant un lion tenant un os.
Nous pénétrons ensuite dans l’église Saint-Thomas de Canterbury. L’édifice actuel en pierre de Logonna orné de kersantite a été construit au 16è siècle sur les ruines d’une première église érigée au 13è en l’honneur de Thomas Becket, archevêque de Canterbury , mort en martyr en 1170 .

Anne-Marie nous fait remarquer l’acoustique exceptionnelle de l’édifice grâce au système de vases acoustiques visibles en haut des piliers centraux .Le retable du maître-autel daté de 1711 représentant des scènes de la Bible, est inscrit au titre des Monuments historiques. Des statues remarquables ornent les murs de l’église comme celle de Saint Yves,

saint patron des avocats classée au patrimoine national, un ensemble trinitaire rare composé des statues de Sainte Anne, la Vierge Marie et l’Enfant Jésus, une Nativité en bois de chêne sculpté représentant la Vierge couchée .Des sablières polychromes soulignent la voûte en forme de coque de navire renversée.
Tout près de là, l’ossuaire Saint Cadou de style Renaissance est un vestige de l’enclos paroissial démoli pour cause d’urbanisme.

Il abrite une intéressante exposition de sculptures en pierre de Logonna et en Kersantite réalisées dans les ateliers des Frères Prigent au 16è siècle et par Roland Doré au 17è siècle . .
Au n° 5 de la rue Saint-Thomas, limite de la Cornouaille et du Léon, nous découvrons l’Auberge de Notre Dame de Rumengol. Elle porte dans son angle une statue de la Vierge devant laquelle les pèlerins faisaient halte en se recueillant avant de reprendre leur route pour le pèlerinage de Rumengol.

Nous poursuivons notre promenade en franchissant le pont habité, cœur de la cité, où de nombreux commerces témoignent toujours de son activité florissante.

Nous arrivons place du Général De Gaule où se dresse la Maison de la Duchesse Anne en référence au passage dans la ville de la duchesse des Bretons en 1505 .Elle présente deux façades ,une de style médiéval et l’autre de style Renaissance.
Notre guide nous conduit ensuite rue du Commerce .Nous nous arrêtons devant la Maison Duthoya fondée par Arnaud Duthoya, négociant en vin originaire de la région bordelaise. Il a fait construire cette belle demeure en pierre de Logonna en 1667 à proximité du port pour mieux surveiller le départ et l’arrivée de ses bateaux de marchandises.
Un peu plus loin, nous découvrons l’Auberge « Le Réveil matin

« .Le commerce qui s’y tient actuellement a conservé son nom d’origine. En levant les yeux, on aperçoit une lucarne de style médiéval avec deux crossettes représentant un chien et un lion montrant une longue et épaisse langue.
Une autre demeure typique de l’époque Renaissance attire nos regards : la Maison de la Sirène. Mme Prigent nous raconte que ce lieu fut acheté par la municipalité à la fin du 19è siècle pour servir de prison et d’entrepôt de matériel d’incendie. La lucarne à crossettes atteste de l’ancienneté de la construction datant du Moyen-âge .On peut y voir un couple insolite : une sirène tournée vers la mer et un dragon qui regarde vers l’extérieur de la ville. Ce couple évoque soit le Bien et le Mal ou alors les forces du Mal réunies.
Nous passons ensuite devant l’église Saint-Houardon construite en 1860 en remplacement de l’ancienne église Saint-Houardon datant du 16è siècle et située près du port. Elle est de style néo-gothique. Son porche sculpté en 1604, haut de 22 mètres, a servi de modèle à de nombreux porches des enclos paroissiaux de la vallée de l’Elorn. On recense sur l’édifice une soixantaine de gargouilles, singes, chiens, oiseaux, formes mi-animales, mi-humaines.
Notre parcours à travers le cœur historique de Landerneau s’achève aux abords du Couvent des Capucins, siège du Fonds Hélène et Edouard Leclerc, lieu culturel dédié à l’art contemporain.
 « Il y aurait encore beaucoup à dire sur l’histoire de notre ville mais le temps nous manque regrette Mme Prigent. »
Nous restons sur notre faim mais enchantés par cette matinée si enrichissante. Beaucoup d’entre nous se promettent de revenir pour parfaire leurs connaissances de cette ville si attachante.
Un merci chaleureux à Madame Anne-Marie Prigent pour cette belle matinée.
Merci aussi Jean-Yves de nous avoir proposé cette riche idée.

Nous poursuivons notre belle journée de découverte par la visite de l’exposition PICASSO aux Capucins. Le Fonds Hélène et Edouard Leclerc organise avec succès depuis quelques années diverses expositions réunissant à ce jour plus de 7OOOOO visiteurs. Ces derniers ont pu y découvrir les œuvres de Miro, Giacometti, Dubuffet, Monory, Mattotti, Kersalé, Chagall et aujourd’hui Picasso .
Nous allons donc découvrir au fil de l’exposition 150 peintures, 80 dessins, des céramiques et des sculptures et surtout grâce à notre guide mieux connaître l’artiste et son immense talent.

L’exposition se décline en neuf parties : Picasso avant Picasso, le cubisme, les métamorphoses, les années ténèbres, l’après-guerre, une nouvelle lumière, les ateliers, les femmes assises, les dernières années.
Picasso avant Picasso :
Peintre débutant dès 1889,Picasso naît en 1889 et peint sous l’impulsion de son père José Ruiz Blasco : « Le petit picador jaune » « La première communion » « Le jeune homme debout ». Son style académique est influencé par les œuvres naturalistes de son père. Il quitte en 1899 l’enseignement de son père pour se lancer dans sa propre voie et signera ses toiles du nom de sa mère, Picasso.

Picasso connaîtra d’autres influences plus connues sous les noms de :
Période bleue (1901-1904) : Le bleu reste la teinte dominante de ses tableaux dont les thèmes mélancoliques tels que la mort, la vieillesse, la pauvreté inspirèrent fortement ses œuvres.
Période rose ( 1904-1906) : L’artiste utilise des teintes rouges traduisant ainsi la joie et les inquiétudes existentielles. Il fait également beaucoup référence au monde du cirque « Arlequin » et travaille sur le trait et la couleur.
Influence africaine (1907-1909) : Picasso s’inspire de l’art congolais où l’on retrouve dans de nombreuses œuvres les masques africains.
Cubismes :
Cubisme ( 1907-1914) : Les recherches en peinture sur la géométrie et les formes représentées, la décomposition de l’image en multiples facettes ou cubes intéressent Picasso.On y trouve une schématisation des formes recrées sous des aspects différents et simultanés. « Portrait de femme »,« Les demoiselles d’Avignon » Il effectue ses premiers collages et premiers assemblages.

Il rencontre les poètes André Salmon et Guillaume Apollinaire ainsi que Fernande Olivier qui deviendra sa première compagne.
Puis découvre les ballets russes (1916) de Diaghilev. Il rencontre Stravinsky et Olga Khokhlova (1918), danseuse russe avec qui il aura un fils Paul.
Métamorphoses :
Surréalisme (1925)
 : Picasso dépeint de l’intérieur l’enfer personnel. Il réalise les guitares à clous ; de grands collages « Minotaure » et installe ses ateliers de sculptures. Il rencontre Marie-Thérèse Walter avec laquelle il a une fille, Maya. Les représentations de la femme et du corps féminin passent des visages angulaires d’Olga, des nez coupants, des dents prêtes à mordre aux images plus calmes de jeunes femmes athlétiques étendues au soleil ou jouant sur la plage. « Le baiser ».
Les années de ténèbres :
Guernica et pacifisme (1937) :

La réalisation de Guernica symbolise toute l’horreur de la guerre et la colère ressentie par Picasso à la mort de nombreuses victimes innocentes. Les natures mortes et paysages de Paris révèlent l’enfermement de l’artiste à travers une palette aux tons de plus en plus violents. « Femme au fauteuil sur fond rose ».
Il rencontre Dora Maar.
L’après-guerre :

Période de Vallauris (1944) : La libération apporte à Picasso un nouveau souffle de créativité. Il rencontre à cette période Françoise Gilot avec laquelle il aura deux enfants Claude et Paloma et s’inspire de l’environnement méditerranéen. « Paysage vu de la fenêtre ».
Il va réaliser une importante production de céramiques (environ 4500 pièces) ; en 1949 la colombe est choisie par Aragon pour l’affiche du Congrès de la Paix à Paris.
Une nouvelle lumière :
En Avril 1954, rencontre Jacqueline Roques. Jacqueline va peu à peu devenir le modèle favori de l’artiste qui multiplie les tableaux et les dessins la représentant. « Jacqueline en costume turc ».
Les ateliers :
La Californie, villa sur les hauteurs de Cannes va permettre à Picasso la création d’ateliers où gravures, peintures, tableaux, dessins, céramiques s’accumulent et prolifèrent dans un très bel espace de vie. « La Californie »

Femmes assises :
Picasso réalisera 160 portraits de Jacqueline durant l’année 1963.Il représente souvent la femme, assise dont le port altier représente la cour d’Espagne. « Femme assise ».
Les dernières années :
Picasso, parvenu à quatre-vingt -dix ans, conserve un extraordinaire pouvoir créateur. Il revisite sa galerie de personnages familiers : les toreros,

les mousquetaires, et les peintres inspirés par Rembrandt, en ouvrant de nouvelles voies à la peinture.
Il meurt en 1973 à Mougins.

De la peinture au dessin, de la sculpture à la céramique,

de la poésie au théâtre Picasso fur fortement inspiré par l’Espagne, son pays d’origine et par les artistes et femmes rencontrés dans sa vie.
Cette exposition nous a permis de mieux connaître et apprécier le peintre, l’homme et le génie !

Le diaporama préparé par Marie-Noëlle est ici : https://www.kizoa.fr/Movie-Maker/d1...

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