Lundi 1er juin 2015
Après le petit déjeuner et une réunion sur notre programme à Moscou, bain de soleil sur le pont arrière du bateau en attendant une présentation de la cuisine russe, avec ses spécialités, en particulier son borchtch, sorte de soupe préparée avec des betteraves, du chou, des carottes, des oignons, des tomates, des pommes de terre. Nous en goûterons plusieurs variantes, servies à chaque repas entre l’entrée et le plat de résistance.
Nous arrivons à Goritsy en début d’après-midi. Après le débarquement nous partons à pied visiter un premier monastère qui se trouve dans ce petit village de 3000 habitants. Nous découvrons quelques unes de ses rues et ses habitations, tandis que notre guide nous parle un peu des conditions de vie des habitants. Ils tirent l’essentiel de leurs revenus des touristes venus voir le Monastère de la Résurrection vers lequel nous nous dirigeons.
La plupart des maisons n’ont pas d’eau courante : un puits pourvoit aux besoins. Ils n’ont pas non plus de chauffage central l’hiver, alors que la température descend jusqu’à – 20 °C. La réserve de bois est indispensable pour alimenter le poêle qui permet de chauffer les pièces et de cuire les aliments. Chaque famille cultive son petit jardin qui produit les légumes et certains possèdent même une serre.
Le Monastère de la Résurrection fut fondé en 1544 par Euphrosyne, épouse du fils cadet d’Ivan III. Exilée pour avoir comploté avec des Boyards contre Ivan le Terrible, pour mettre son fils sur le trône, elle fut contrainte à prendre le voile dans un monastère à Moscou, puis rejoignit, sous le nom de Mère Eudoxie, ce monastère fondé par elle.
Contemporain du monastère de Saint-Cyrille, dont il constitue le pendant féminin, cet ensemble religieux fut fermé par les Bolchevicks en 1920. En 1970 il fut mis sur la liste des bâtiments à protéger et à reconstruire, associé au grand monastère de Kirillo-Belozersky. En ruine, il reprend vie tout doucement depuis 1990, grâce au courage de quelques religieuses qui échangent les beaux légumes de leur jardin contre une aide bénévole des habitants du village.
Un homme coupe des herbes folles à la faux.
Des échafaudages sont fixés sur l’Eglise de la Résurrection qui est en voie de restauration
Hors de l’enceinte du monastère, une petite église a été édifiée au bord de l’eau.
Quelques maisons plus récentes, donnent des notes de couleurs dans le paysage.
Sur le chemin du retour pour prendre le bus qui nous mènera au monastère Saint Cyrille, notre guide nous parle aussi du problème de l’alcoolisme, un fléau pour la région. La vodka est très chère et les hommes distillent leur propre alcool à base de plantes. La moyenne d’âge est faible dans cette région. On vieillit vite à Goritsy… !
Le bus nous conduit à sept kilomètres de là au grand monastère de Kirillov-Biélozerski ou monastère de Saint-Cyrille du lac blanc. Immense avec ses onze églises, disséminées sur 13 hectares, derrière 2,3 km de hautes murailles avec de nombreuses tours.
Vers 1397, Cyrille Bielozerski, archimandrite (supérieur dans les églises chrétiennes orientales) du monastère Saint Simon de Moscou, a une vision de la Vierge qui lui demande de fonder un monastère vers le nord. A 60 ans il quitte Moscou en compagnie du moine Feraponte qui connait la région. Ayant choisi le lieu du futur monastère, les deux hommes bâtissent une hutte et vivent là un an.
En 1398, Feraponte se sépare de Cyrille et part à une quinzaine de kilomètres, plus au nord, où il fonde son propre monastère : le monastère de Feraponte.
Cyrille vivra jusqu’à l’âge de 90 ans, grâce aux vertus de la vie ascétique, des herbes médicinales et de celles de l’eau pure du lac Siverskoïé.
Le monastère porte le nom de son fondateur qui construisit deux églises en bois sur deux collines voisines des rives du lac . Toutes les constructions sont en bois jusqu’à la fin du XVe siècle. Du vivant de Cyrille, 53 moines adhèrent à sa dure vie d’ascète et le monastère est influent.
En 1653, devant la menace d’une invasion suédoise, le tsar Alexeï en double la surface. On construit des murailles de 2 km de long et de 11 m de haut, flanquées de tours impressionnantes. A l’intérieur du monastère 700 cellules sont aménagées. A cette période y vivent 200 moines et quelques 500 personnes de passage
Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, Catherine la Grande édicte un oukase qui réforme le statut des monastères en vertu duquel l’Etat confisque toutes les terres monastiques et leurs serfs. Cette « nationalisation » sonne le déclin des monastères. Au moment de la révolution, il n’y a plus qu’une vingtaine de moines dans couvent.
Nous entrons dans l’enceinte générale du site par la tour de Kazan qui est actuellement en travaux.
Une fois passée cette porte, nous voyons déjà l’étendue du domaine, avec son mur d’enceinte de taille impressionnante.
Sur cette pointe de terre au bord du lac Siverskoïé, ont été construits deux monastères : le Monastère de la Dormition, le plus ancien et le plus important, que nous visiterons, et le Monastère de Saint-Jean dans lequel nous n’entrerons pas.
L’entrée principale de la Dormition se fait par les Portes Saintes (1523) dans le mur interne nord. Sur les murs, des fresques qui datent de 1585. Notre guide nous dit que si on franchit cette porte sans parler, un de nos péchés nous est pardonné … !
De 1569 à 1572, l’Eglise Saint-Jean Climaque fut construite au-dessus des portes, suivant la tradition russe, et dédiée au théologien byzantin du même nom. La partie supérieure de l’église fut endommagée par le feu et reconstruite au XVIIIe siècle avec un toit à quatre versants et une coupole baroque. Pour entrer dans l’enceinte du monastère nous sommes passés par la porte sainte de gauche sur cette photo
De part et d’autre de l’église, des bâtiments qui abritaient les cellules des moines.
Notre visite commence par la salle du trésor, qui abrite une exposition sur l’art russe. Elle donne un bon aperçu des différents arts appliqués du pays. Dans les salles sont exposées des icônes des 17°-19° siècles, des broderies en fil d’or, des vêtements et objets sacerdotaux. A cet endroit les photos ne sont pas autorisées.
De l’autre côté de la place, la Cathédrale de la Dormition avec ses dômes verts et le clocher. La cathédrale édifiée en 1497 en cinq mois est le premier édifice en pierres du monastère. Elle ne se visite pas.
Sur cette même place, la maison de l’Archimandrite qui abrite une collection importante d’icônes provenant de la Cathédrale de la Dormition de Kirillo et de la cathédrale du monastère de Feraponte
Au sol quelques pierres tombales.
Dans le réfectoire nous traversons un musée où sont exposés des vêtements et des broderies de l’artisanat local.
A la sortie nous découvrons à nouveau une partie de l’ancienne muraille, avec en premier plan, des bâtiments qui servaient autrefois de prison.
En traversant l’une des portes de la muraille, nous accédons aux rives du lac dont les eaux ont le pouvoir de rajeunir ceux qui s’y trempent.
Michel a tenté un plongeon … ! Rajeunissement et longévité garantis … !
Retour dans l’enceinte du Monastère de la Dormition
Accolée à la grande muraille, l’Eglise de la Transfiguration, édifiée en 1595. Actuellement elle est en travaux.
Sur notre route l’arrière du clocher et la maison des négociants en vin.
Non loin de là, l’Eglise Saint-Euthymius et le bâtiment qui renfermait les chambres des moines autrefois. Un peu plus loin, le monastère actuel.
Nous entrons dans l’Eglise Saint Cyrille dont nous pouvons admirer l’iconostase.
En quittant le sanctuaire nous nous dirigeons vers la grande muraille, en direction de la sortie.
Nous retrouvons la porte de Kazan qui est en travaux comme nous l’avons vu en arrivant.
Avant de regagner le car, un dernier coup d’œil sur la tour la plus ancienne de la muraille, la tour de Vologda.
Le bus nous ramène à l’embarcadère de Goritsy et nous jetons un dernier regard sur le petit Monastère de la Résurrection que nous avons visité en premier.
A 17h nous appareillons pour Iaroslav, distante de 250 kms.
Avant le diner russe prévu ce soir au restaurant du le bateau, nous goûtons à un apéritif local.
Ce soir au diner nous fêtons deux anniversaires : Danièle et Jean-Paul.
Un coucher de soleil sur le réservoir de Rybinsk, avant d’aller dormir.