Mercredi 3 juin 2015

Mercredi 3 juin 2015

Ce matin, réveil matinal. Après le petit déjeuner, nous débarquons sur les quais d’Ouglitch à 8h du matin. Dès l’arrivée nous voyons, près des rives de la Volga, ces bâtiments que nous allons visiter, en particulier l’Eglise de Saint-Dimitri-sur-le-Sang.

C’est une des plus anciennes cités situées sur la Volga. Son nom est mentionné dès la fin du X° siècle ; il viendrait du mot ougol, « angle » ou « coude » en russe, la Volga changeant de direction à cet endroit.

Au XIV et XV° siècle, les princes de Moscou s’installent à Ouglitch et commencent l’édification du kremlin de la ville.

Au XVI° siècle, à Ouglitch eut lieu un événement qui bouleversa toute la Russie. A sa mort en 1584, Ivan le Terrible ne laisse que deux héritiers : Fiodor, simple de corps et d’esprit, fils de sa première femme et le petit tsarévitch Dimitri, âgé de deux ans et fils de sa septième et dernière femme. Les Boyards se disputent le pouvoir avec à leur tête Boris Godounov, dont la sœur Irène a épousé Fiodor. Le 15 mai 1591, à dix ans, Dimitri, exilé avec sa mère à Ouglitch, est retrouvé la gorge tranchée dans les jardins du palais. D’après la version officielle, il est tombé sur un poignard au cours d’une crise d’épilepsie, pour les autres, il est mort de la main d’un tueur à la solde de Boris Godounov. Le poète Pouchkine dans son roman et Moussorgski dans son opéra, font porter à Boris Godounov la responsabilité de cette mort. Mais pour les historiens, cela reste une énigme.

Exhumé, transporté à Moscou, canonisé, sa dépouille est enterrée dans la Cathédrale de l’Archange-Saint-Michel au kremlin de Moscou.

Brulée par les Polonais en 1613, la ville fut reconstruite sous le règne de Catherine la Grande.

Notre visite commence par la Cathédrale de la Transfiguration du Sauveur et son clocher.

Une première cathédrale en pierres fut construite en 1483 puis démolie à la fin du XVII° siècle. L’église actuelle fut érigée en 1713, juste avant l’interdiction de Pierre le Grand d’utiliser la pierre ailleurs que dans sa nouvelle capitale Saint-Pétersbourg.

A proximité se dresse le clocher haut de 37 m et surmonté d’un petit bulbe doré. Il fut construit en 1730.

A l’intérieur de la cathédrale, l’iconostase, cloison qui sépare la nef de l’autel est ici impressionnante avec ses 6 registres. Elle abrite des icônes des 17° au 19° siècle. Au-dessus de la porte royale figurent la Déisis et les apôtres

La troisième rangée abrite des icônes illustrant les fêtes de l’année liturgique.

La quatrième rassemble les prophètes de Moïse au Christ

Sur la cinquième sont rassemblés les patriarches d’Adam à Moïse.

Cette cloison est une incitation, par la contemplation et la vénération des icônes, à passer du monde terrestre au monde divin. Les portes royales restent fermées sauf lors des offices.

L’iconostase est percée de trois portes. Seul le prêtre en habits sacerdotaux peut pénétrer dans l’autel par la porte centrale ou porte royale qui symbolise l’entrée vers le Royaume de Dieu.

Elle est illustrée par l’Annonciation et les quatre évangélistes. A gauche de la porte royale, la Mère de Dieu et à droite le Christ

Sur les murs des fresques, représentant des épisodes du Nouveau Testament, sont inspirées des travaux exécutés en Europe à la Renaissance.

En quittant la cathédrale nous sommes invités à écouter un ensemble vocal qui nous interprète des chants russes, religieux et profanes.

Près de là, l’Eglise du tsarévitch Dimitri et son palais.

La visite guidée terminée, un temps libre nous est proposé. Au hasard des rues nous arrivons au monastère de l’Epiphanie avec l’Eglise Notre-Dame Féodorovskaïa et l’Eglise Notre-Dame de Smolensk.

Après cette découverte de la ville nous retrouvons notre bateau et appareillons pour Moscou, but ultime de notre croisière que nous découvrirons demain.

Après le déjeuner, nous passons devant le clocher submergé de Kaliazine. C’est tout ce qui reste de la cathédrale Saint Nicolas qui se trouvait sur la plus grande place de la ville.

En 1939 les deux tiers de l’agglomération ont été inondés afin de construire un barrage et la centrale hydroélectrique d’Ouglitch. Beaucoup de bâtiments ont été déplacés ou détruits. Le clocher a été conservé parce qu’il servait de phare.

Cet après-midi Elisabeth nous réunit pour terminer l’histoire de son pays.

Elle nous a laissés hier à la mort de Lénine en 1924, remplacé par Staline, fils d’un cordonnier, originaire de Géorgie. Arrivé au pouvoir il lance le premier plan quinquennal avec l’objectif d’industrialiser l’Union soviétique pour en faire une puissance moderne. L’agriculture est collectivisée et les paysans qui refusent son plan sont envoyés dans les premiers goulags. Des millions d’entre eux y mourront de faim.

En 1941 Hitler envahit l’Union Soviétique et les Russes se battent avec courage. Saint-Pétersbourg, devenue Leningrad a résisté à un siège de 900 jours. Cette guerre fait 20 millions de morts en Russie.

Après la mort de Staline en 1953, Khrouchtchev arrive au pouvoir. Il dénonce les crimes de son prédécesseur, développe l’agriculture et lance un programme de construction immobilière, avec ces petits immeubles à 4 étages qui sont construits partout dans les banlieues.

En 1964 il est remplacé par Leonid Brejnev qui restera au pouvoir 18 ans. La course aux armements contre l’Amérique épuise l’économie soviétique.

En 1985, Mikhaïl Gorbatchev hérite cette situation. Il lance une restructuration économique – la pérestroïka – et prône la transparence -la glasnost-. Le débat s’élargit en une discussion sur la légitimité du régime et les pays d’Europe de l’est se rebiffent contre leurs dirigeants russes. C’est la réunification de l’Allemagne et les pays satellites qui se débarrassent du joug communiste. Boris Eltsine lui succède en août 1991. Il ouvre grand les portes au capitalisme, ce qui s’accompagne de corruptions, de la naissance de très grandes fortunes et de la paupérisation d’une grande partie de la population.

Le 31 décembre 1999, à la surprise générale, il démissionne et nomme son premier ministre Vladimir Poutine, président en exercice. Depuis 2000 celui-ci cherche à rendre à la Russie sa grandeur passée. Grâce aux réformes engagées lors de son premier mandat, au regain de croissance économique et à un discours patriotique, cet ancien membre du KGB a permis à de nombreux Russes de pouvoir à nouveau se sentir fiers de leur pays. Ils l’ont d’ailleurs largement réélu en 2004. Devenu premier ministre de Medvedev en 2008, il revient de nouveau à la tête du pays en 2012.

Les Russes semblent plus heureux depuis l’arrivée de Poutine. Le niveau de vie a augmenté et depuis peu le taux de natalité a dépassé le taux de mortalité.

La Russie est un pays qui est 21 fois plus grand que la France en superficie et qui ne compte que 146 millions d’habitants en 2014.

Sur le territoire il y a 89 ethnies différentes qui ne se comprennent pas toujours.

Du point de vue de la religion, les chrétiens orthodoxes sont majoritaires mais l’islam progresse à cause d’une population à plus forte natalité. Après la période soviétique l’église fait son retour sur la scène publique, encouragée par le Kremlin. Une petite révolution après des décennies de vie religieuse vécue dans la clandestinité.

Les communautés musulmanes et boudhistes ont du mal à se faire une place.

Les catholiques sont regroupés près de la Pologne, le chamanisme est majoritaire en Sibérie profonde.

Elle nous parle aussi de la liberté de la presse qui n’existe pas. A la télévision on ne dit que du bien de Poutine. Poutine lui-même sait parler à son peuple qui se trouve plus heureux que du temps de Staline.

Certains redoutent quand même son caractère d’ancien kagébiste, brusque, sauvage.

Les conflits en Ukraine et en Crimée ont accentué les embargos vis-à-vis des autres pays, en particuliers pour les produits laitiers, la viande, etc …

Des oligarques sont apparus à l’époque soviétique et à la fin de celle-ci, une partie des richesses de l’état ont été partagées entre les habitants. Dans les villages, certains ont vendu leurs biens et d’autres les ont achetés, ce qui a permis l’émergence de fortunes colossales.

Elisabeth nous parle de sa grand-mère, née en 1924, dont les parents étaient d’origines sociales différentes. Son père était noble et donc considéré comme ennemi du peuple. Sa mère était communiste. Le mariage a quand même eut lieu. Sa grand-mère est née et en 2015, à quatre-vingt onze ans elle cultive toujours son petit jardin. … !

Aujourd’hui l’état est propriétaire des terres, ce qui n’est pas une bonne chose

Les salaires sont très disparates selon les régions.

Le salaire mensuel moyen pour toute la Russie est de 300 € par mois. A Saint-Pétersbourg il est de 700 € par mois et à Moscou de 1000 € par mois.

La retraite moyenne est de 300 € mensuels

La médecine est gratuite pour tous, mais elle n’est pas de bonne qualité. Il y a de longues files d’attente. Les médecins sont peu payés et demandent souvent des pots de vin.

L’éducation est bonne, mais les élèves n’ont pas toujours le choix de leur formation. L’école est obligatoire et les études universitaires sont gratuites pour les plus motivés.

Elle conclue avec un peu d’amertume : en 2015 quand on demande à un petit garçon russe quel est son souhait pour l’avenir, la majorité d’entre eux répondent qu’ils souhaitent être mafieux, quant aux petites filles elles souhaitent être mannequins pour vivre avec un mafieux… !

Et pour fêter notre arrivée prochaine à Moscou, nous buvons une vodka-orange sur les coursives du bateau.

Ce soir c’est le dîner du commandant.

Pour finir la journée, dans la salle de conférences, nous assistons à un concert donné par les « talents du bord ». Certains groupes nous interprètent des chants de leur pays d’origine et un chant russe qu’ils ont fait l’effort d’apprendre.

Cette nuit nous continuons notre croisière sur la Volga.

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