Mardi 2 juin 2015

Mardi 2 juin 2015

Cette nuit nous avons encore progressé en direction de Iaroslav que nous devons atteindre cet après-midi vers 15h.

L’attraction de la matinée après le petit déjeuner sera le passage de l’écluse de Rybinsk à l’entrée de la Volga.

A l’approche de l’écluse, la statue de la Mère Volga et sur un mur une figuration des bateliers du fleuve.

L’écluse de Rybinsk est double avec deux sas parallèles. Le changement de niveau d’eau est de 14 m. Pour la première fois nous empruntons une écluse descendante pour rejoindre la ville de Iaroslav

Après le passage de l’écluse, Elisabeth nous a invités à sa deuxième conférence sur l’histoire de la Russie. La dernière fois nous en étions restés à l’arrivée de Catherine II, la Grande Catherine.

Catherine II, la jeune épouse d’origine allemande de Pierre III, se charge de détrôner son mari qui sera assassiné probablement par Orlov. Elle révèle tout de suite les traits qui vont la caractériser pendant son règne : un instinct politique très sûr, une totale absence de scrupules, une soif de gloire personnelle et une propension à faire de ses amants ses plus proches conseillers et ses alliés politiques. L’un des premiers sur la liste est Stanislas Poniatowski, un comte polonais. Quand elle finit par s’en lasser, elle le laisse partir non sans lui offrir la couronne de Pologne. Suit Grégory Orlov, le cerveau du coup d’état qui l’installe sur le trône et l’assassin de Pierre III, le mari dément. Mais le grand amour de Catherine s’appelle Gregory Potemkine. Il reconquiert pour elle la Crimée. Il ne sera pas sa dernière liaison, mais il reste celui auprès duquel elle reviendra toujours. Elle s’efforce aussi de donner une image d’impératrice éclairée : amie des encyclopédistes français, elle correspond avec Voltaire et accueille Diderot en Russie. Elle invite aussi les meilleurs architectes en Russie et c’est durant son règne que Saint-Pétersbourg acquiert, comme nous l’avons vu, sa beauté classique. Catherine se montre avec le temps moins réformiste que durant ses jeunes années. Elle abandonne l’idée d’abolir le servage et à la fin de son règne, la condition des serfs, plus nombreux que jamais, a empiré.

Son fils Paul 1er lui succède en 1796. Fils d’un père dément et d’une mère qui ne l’a jamais aimé, et qu’il accuse d’avoir fait tuer son père, il n’a de cesse de critiquer et de détruire ce que la grande Catherine a mis en place. Il a lui-même trois fils : Alexandre, Nicolas et Constantin, adorés par leur grand-mère. Paul 1er règnera 5 ans. Il est assassiné en 1801, étranglé par les partisans de son fils Alexandre.

Le nouveau tsar, Alexandre 1er est connu pour ses idées libérales. Il choisit de faire la paix avec les Français en 1807 par le traité de Tilsit. Mais si cela freine un peu les ambitions de Napoléon, il ne s’arrête pas. La France envahit la Russie en 1812. Tous les russes s’unissent pour défendre la nation. Quand les troupes françaises entrent dans Moscou, ses habitants incendient la ville afin de la rendre impossible à occuper. Napoléon fait volte-face et son armée harcelée par les partisans et l’armée régulière retourne chez elle : seulement 100 000 soldats français retourneront chez eux sur 450 000. Certains soldats français sont restés au printemps pour faire des travaux agricoles, à l’automne des enfants sont nés … Ainsi des communautés, avec une langue empruntée au russe et au français, se sont formées dans la région.

A la mort d’Alexandre en 1825, son frère Nicolas 1er lui succède. En décembre au moment où une partie des soldats se préparaient à prêter serment au nouveau tsar, des officiers se soulèvent. Souvent issus de l’aristocratie, les Décembristes réclament l’abolition du servage et un régime constitutionnel. Les conspirateurs mènent leurs troupes sur la place du Sénat à Saint-Pétersbourg. La révolte des Décembristes est un échec. Nicolas 1er voulut faire pendre les révolutionnaires, mais les cordes cassèrent, ce qui était un signe que Dieu voulait les sauver. Leur vie fut épargnée mais ils furent déportés en Sibérie. Leurs femmes autorisées à rester à la Cour, décidèrent d’accompagner leurs maris. Depuis ce temps en Russie, une femme fidèle est appelée « femme de décembriste ». Nicolas 1er gardera de cet épisode violent une peur pathologique de la révolution et on l’appela le gendarme de l’Europe.

En 1855, son fils Alexandre II lui succède sur le trône. Convaincu de la nécessité des réformes, il libère les derniers décembristes en exil et s’attaque à l’émancipation des serfs, ce qui fut fait en 1861. Durant son règne, l’activité révolutionnaire, dont l’idée vient de la France, se fait plus intense. La cible principale des anarchistes est évidemment le tsar. Il échappe ainsi à plusieurs attentats, mais le 1er mars 1881, une bombe atteint son but à Saint-Pétersbourg. La cathédrale du Saint-Sauveur-sur-le sang-versé a été érigée sur le lieu même du drame par son fils.

Celui-ci Alexandre III développe l’industrie dans son pays. Les rangs de la classe ouvrière ne cessent de grandir. Des milliers de kilomètres de voies ferrées sont posés sur tout le territoire, permettant notamment la construction du Transsibérien qui est commencée en 1891 et une industrie du charbon se met en place. L’accroissement de la population ouvrière urbaine devient explosif et les révolutionnaires se montrent de plus en plus actifs. En 1894, Alexandre III meurt dans son lit, un exception pour un tsar.

Son fils Nicolas II lui succède à la tête de la Russie mais ses moyens intellectuels sont relativement limités pour affronter une époque difficile. Il semble plus fait pour mener une vie paisible de père de famille à Tsarskoïe Selo que pour diriger un empire en crise. Incapables de racheter des terres, les paysans s’enfuient vers les villes où ils vivent dans des conditions atroces. Les grèves éclatent dans le pays et l’échec de la guerre russo-japonaise pousse à son comble le mécontentement de la population. Les émeutes prennent de l’ampleur en janvier 1905 quand une manifestation non violente d’ouvriers est réprimée dans le sang. Ce jour-là l’empereur fuit à Tsarskoïe Selo en protègeant un moine débauché, Raspoutine, qui exerce une influence grandissante à la Cour. L’entrée dans la première guerre mondiale sonne le glas pour la Russie. A la fin de 1916 la nation compte 2 millions de morts et le double de blessés. En octobre 1917 les bolcheviks préparent la prise du pouvoir qui passe aux mains des commissaires du peuple présidés par Lénine. C’était une personne qui avait beaucoup de charisme. IL développait des idées selon lesquelles tout appartient à tous et chacun doit vivre dans les mêmes conditions que les autres. L’idée de partage se développe et chacun doit vivre pour quelqu’un d’autre. Le tsar Nicolas II est assassiné avec toute sa famille à Iekaterinbourg.

L’URSS est créée en 1922. Alors commencent 70 de socialisme. Lénine meurt en 1924 et Staline le remplace. Il reste au pouvoir jusqu’en 1953, année de sa mort.

Demain Elisabeth terminera son histoire de la Russie

Avant le déjeuner sur le bateau, Valentine nous propose un atelier de la poupée russe. Avec trois carrés de tissu et quatre bouts de fil, elle nous guide dans la confection d’une poupée en chiffons.

En début d’après-midi nous débarquons à Iaroslav. La ville doit son nom au grand-prince Iaroslav le Sage. C’est le fils de Vladimir le Grand qui décida en 988 de se convertir au christianisme et d’imposer la nouvelle religion au peuple russe. Iaroslav, en visite d’inspection sur ses terres en 1010, abat d’un coup de hache un ours sacré. Il y fait construire une forteresse. Ainsi nait la ville qui porte son nom. Il y édifie des monuments en pierre avant que la cité soit mise à sac par des hordes mongoles. En 1463 elle est rattachée à Moscou.

Notre première visite est pour l’Eglise du Prophète Elie qui occupe le centre de la place Sovetskaïa. On doit sa construction aux deux frères Skripine, négociants en fourrures, très influents, proches du tsar et du patriarche. Edifiée en trois ans, de 1647 à 1650, elle est bordée de bâtiments administratifs. Menacée de destruction par Staline pour faciliter le passage des chars, elle sera sauvée par le courage de ses habitants qui s’y sont réfugiés. Cinq coupoles rappellent les églises du 17° siècle. Deux clochers l’encadrent : le clocher octogonal de l’église et le toit pyramidal de la chapelle de la Déposition-de-la-Vierge.

Les fresques sont la principale richesse de l’église. En 1680, 15 peintres fresquistes illustrent en trois mois et en quatre-vingt fresques la vie du prophète Elie et de son disciple Elizée. Elles ont traversé les siècles dans cette église sans subir de dommages

L’iconostase baroque du 17° est de toute beauté avec ses six rangées d’icônes … !

A l’extérieur, les façades sont décorées de carreaux de faïence polychromes, incrustés dans les murs.

Sur cette même place, en vis-à-vis, la douma régionale

Nous allons ensuite vers le centre de Yaroslav, ville de 600 000 habitants. Sur la place centrale la petite église Alexandre Nevski.

Un temps libre nous permet de découvrir un petit marché couvert qui offre une grande variété de fruits et légumes, de miel, d’œufs,

Près de l’endroit, sur un trottoir, des paysannes essaient de vendre quelques maigres légumes ou fleurs de leur production. Nous sommes le 2 juin et le muguet vient de fleurir dans ce coin de Russie … !

Après ce temps libre, nous nous retrouvons près de l’Eglise Alexandre Nevski et prenons le bus pour la visite de la Cathédrale de la Dormition. Non loin de là, le monument aux morts de la ville évoque la guerre : la femme travaille à l’usine tandis que l’homme est au front. Dans le lointain, la cathédrale que nous allons visiter.

La flamme du souvenir est toujours allumée.

Entre la première construction de la Cathédrale en 1215 et sa destruction complète en 1937, elle fut restaurée et même reconstruite plusieurs fois. Depuis 2004, à l’emplacement de l’édifice primitif, s’élève la nouvelle église, plus grande que la première. Elle fut consacrée en 2010, pour fêter le millénaire de la ville.

A l’intérieur, une belle iconostase

A l’extérieur, une statue de la Trinité. Elle a été réalisée en 1995 pour célébrer le millénaire de l’évangélisation de la Russie. Un bloc de granit gravé rappelle la fondation de la ville. Le caresser porterait chance … !

Au confluent de la Volga et de la Kotorosl un jardin public a été aménagé. Du haut d’un promontoire, on découvre l’espace.

Au premier plan un parterre central avec un ours en fleurs portant une hache sur l’épaule. 1005 évoque l’âge de la ville, commencée en 1010 et nous voyons de l’autre côté de la rive, l’église Saint Jean Chrysostome.

La légende veut que Iaroslav vainquit un ours qui l’attaquait en utilisant cette arme. L’ours devint l’emblème de la ville et figure sur les armoiries. L’inscription en bas figure l’âge de la ville. Fondée en 1010, elle a donc 1005 ans en 2015.

Notre visite se poursuit vers le Monastère de la Transfiguration du Sauveur.

Le monastère actuel a été reconstruit en 1515 à la place d’un plus ancien qui datait du 12° siècle. Avec son enceinte de 3 m d’épaisseur et de 7 à 10 m de haut, il devient la forteresse la plus puissante de ce lieu de la Volga. La communauté compte 150 moines.

Nous y pénétrons par les Portes Saintes datant de 1516.

Devant nous, le clocher et plus loin, reconnaissable à ses coupoles dorées, la Cathédrale de la Transfiguration. Avec son dôme vert, l’église des Thaumaturges.

Le clocher actuel a été édifié au 19°siècle. Il comprend une horloge, restaurée en 1983 et dotée d’un mécanisme électronique.

L’Eglise des Thaumaturges a été construite en 1827.

La cathédrale du monastère date de 1516. Massive avec ses coupoles dorées en forme de casques de guerriers.

Un peu plus loin’ le corps des cellules du monastère.

En 1612, la ville sert de point de ralliement aux troupes de Minine et Pojarski qui libèrent Moscou de l’emprise des envahisseurs polonais. Dans les allées du monastère une sculpture rappelle l’événement. Sur l’autre face, une représentation de Saint Georges terrassant le dragon.

A la fin du circuit, une vue arrière de la Cathédrale de la Transfiguration du Sauveur, de l’église des Thaumaturges et du clocher.

Une petite pause avant de reprendre le bus.

Après le repas, beau coucher de soleil sur la Volga.

Laisser un commentaire