Jeudi 4 juin 2015
Ce matin nous arrivons dans les faubourgs de Moscou.
C’est en 1147 qu’apparait la première mention écrite du nom de Moscou dans un document où un prince de l’époque, Iouri Dolgorouki, invite un allié à une rencontre dans cette bourgade peuplée de pêcheurs, au bord de la Moskova. En 1156 il fait ériger sur les bords du fleuve une petite forteresse entourée d’une palissade en bois : c’est le premier kremlin. En 1238 les Tatars de la Horde d’Or envahissent la ville. Cette présence n’empêche pas la cité de se développer et d’acquérir peu à peu une certaine autonomie.
En 1263, le fils d’Alexandre Nevski fonde la principauté de Moscovie et en 1326 Moscou devient la capitale de l’Eglise Russe.
Ivan III se rebelle contre les Mongols et convoque à sa cour des architectes italiens qui édifient entre 1485 et 1495, les murailles de briques du Kremlin que nous connaissons aujourd’hui. Viendront s’ajouter 20 tours, toutes différentes.
Puis Ivan IV, le Terrible, succède à son père et règne jusqu’en 1584. Il ouvre la capitale au commerce international, agrandît le territoire russe par la prise de Kazan, chasse les derniers Tatars et fait construire la cathédrale de Basile-le-Bienheureux.
S’en suit une période de troubles et Moscou est envahie par les Polonais.
En 1612, Minine et Pojarski, après avoir levé une milice patriotique, marchent sur Moscou et font capituler la garnison polonaise. La Russie est sauvée et c’est en 1613 que Mikhaïl Fiodorovitch devient premier tsar de la dynastie des Romanov qui ne prendra fin qu’en 1917.
En 1712, la cité perd (et pour plus de deux siècles) son rôle de capitale, suite à la fondation de Saint-Pétersbourg par Pierre le Grand. La ville connait alors une vie plus paisible, sauf lors des cérémonies du couronnement qui ont toujours lieu au Kremlin.
En juin 1812, Moscou est rattrapée par l’histoire. Napoléon s’en empare, mais l’incendie de la ville le contraint à quitter les lieux. C’est alors que commence la reconstruction de la cité avec la ceinture des jardins, puis celle des boulevards. La ville se modernise. De 360 000 habitants en 1860, elle passe à un million en 1890 et près de 2 millions en octobre 1917. Les artères sont éclairées au gaz en 1867, la première ligne de tramway est inaugurée en 1895 et on construit, face au Kremlin, les galeries marchandes qui deviendront le magasin GOUM.
La révolution bolchevique commence à Saint-Pétersbourg en 1917 et s’étend très vite à Moscou. Le 12 mars 1918, les Bolcheviks transfèrent officiellement la capitale à Moscou. L’époque soviétique qui suit modifie encore la ville. La première ligne de métro est inaugurée en 1935. On élargit des rues au détriment de certaines églises qui sont détruites. A partir de 1947 on édifie des gratte-ciel
Nous accostons à la gare fluviale nord de Moscou. C’est un bâtiment de style stalinien qui a été construit en 1937.
Un bus nous conduit jusqu’au Kremlin en empruntant la chaussée Leningradskoïe (Saint-Pétersbourg) et la rue Tverskaïa. Cette rue est l’artère principale de la ville. Elle existe depuis le XIV° siècle, mais c’est au XVIII° siècle qu’elle a pris de l’importance comme route en direction de Saint-Pétersbourg devenue capitale de la Russie.
L’autobus nous dépose tout près de la Cathédrale Basile le Bienheureux. Pour mieux repérer les lieux et les bâtiments, je joins au compte-rendu un plan de la Place Rouge et du Kremlin que nous visiterons demain. Sur ce plan des numéros permettent d’identifier l’emplacement des monuments évoqués.
Nous découvrons l’un des joyaux de cette place : la Cathédrale Basile-le-Bienheureux (42). Ivan le Terrible fit élever cet édifice religieux entre 1551 et 1562 pour commémorer sa victoire décisive sur les Tatars. C’est à Moscou ce que la Tour Eiffel est à Paris. Il s’agit d’une magnifique envolée de bulbes aux formes et aux couleurs très variées. C’est une association de neuf églises dont huit se groupent autour de la principale et la plus haute : celle de l’Intercession-de-la-Vierge. Chacune est consacrée au saint du jour où la bataille s’était tenue. Une dixième église a été rajoutée en l’honneur de Basile, dit le Bienheureux, qui a bientôt donné son nom à l’ensemble.
En 1818 un monument a été érigé en l’honneur de Kouzma Minine et du prince Dimitri Pojarski (43)qui levèrent en 1612 une armée à Iaroslav pour libérer Moscou occupée par les Polonais.
Cette statue située au départ au centre de la Place Rouge a été déplacée par les communistes parce qu’elle gênait les défilés militaires. Le sculpteur représente le moment où Minine appelle le prince Pojarski à prendre la tête de l’armée russe pour chasser les Polonais. Il lui donne l’épée et l’incite à défendre la patrie.
Sur notre gauche nous voyons le mur de briques rouges du Kremlin.
Sur la photo, à gauche la Tour du Tsar (23),la plus petite du Kremlin et à droite la Tour du Sauveur (22). Elle doit son nom à une icône du Christ placée au dessus de sa porte en 1648. Cette tour était autrefois l’entrée d’apparat du Kremlin et chaque personne qui la franchissait, y compris le tsar, devait se découvrir, par respect pour l’icône. Elle fut enlevée au moment de la révolution russe. Elle a aujourd’hui retrouvé sa place.
Cette tour a été construite en deux étapes. La partie inférieure date de 1491 et la partie supérieure de 1625.A l’origine le carillon de la tour jouait l’hymne tsariste, qui fut remplacé en 1917 par un air révolutionnaire. Aujourd’hui l’horloge joue l’hymne national russe.
Puis nous pénétrons sur la Place Rouge. Immense esplanade de 52 000 m² interdite aux voitures, elle longe le mur est du Kremlin. Elle est déjà au XVème siècle le centre de la vie publique où sont organisées les cérémonies les plus solennelles. On y fait lecture des oukases (édits du tsar) et l’on y rend la justice. Au XVIIème siècle, elle est définitivement devenue la place Rouge (Krasnaïa), autrement dit la belle place (“rouge” et “beau” sont des mots presque identiques en russe).
Le long de ce mur se trouve le Mausolée de Lénine (49). Construit par A. Chtchoussev en 1930, en face de la Tour du Sénat (41), cet édifice en granit de Carélie remplit la double fonction de tribune officielle et de tombeau pour la dépouille momifiée du chef de la révolution d’Octobre, mort en 1924.
Derrière le mausolée, dans le mur même du Kremlin, à l’abri d’une haie de sapins bleus, une rangée funéraire où reposent les cendres des hautes personnalités de l’Etat soviétique dont Staline et Brejnev et des héros nationaux tel le cosmonaute Youri Gagarine.
En remontant la place, une autre tour importante du mur : la Tour Saint-Nicolas (40). Elle a été construite en 1491 par l’architecte italien Pietro Antonio Solari. Il s’agit de la tour par laquelle Minine et Pojarski pénétrèrent dans le Kremlin. Plusieurs fois restaurée, au gré des guerres, les autorités soviétiques la firent surmonter d’une étoile rouge, symbole du communisme. Sa hauteur totale actuelle est de 70,4 m.
Sa voisine, la Tour d’angle de l’arsenal (39) est en travaux.
Au nord de la place rouge, un bâtiment, le Musée national d’Histoire (45). Il est consacré à l’histoire russe des origines jusqu’à la fin du XVIII° siècle.
A droite du musée, on remarque un autre édifice, la Cathédrale Notre-Dame-de-Kazan (52), sur l’emplacement d’une ancienne église du XVIIème siècle. L’église précédente abrita jusqu’au XVIII° siècle la célèbre icône de la Vierge de Kazan, qui, selon la légende assura la victoire des Russes sur les envahisseurs polonais en 1612, ce qui allait permettre au premier Romanov Mikhaïl Fiodorovitch d’accéder au trône. Depuis lors, l’icône fut considérée comme la protectrice de la dynastie et transférée ensuite à Saint-Pétersbourg dans la cathédrale du même nom. Lors de la visite nous avons pu nous rendre compte de la vénération des russes pour cette icône, devant laquelle un groupe important attendait pour l’embrasser.
Comme pour d’autres églises, en 1936, Staline avait ordonné sa démolition pour permettre les manœuvres lors des défilés militaires. Elle a été reconstruite à l’identique en 1993.
A l’est de la place, Goum (53). Ce bâtiment en granit et marbre, long de 250m, fut construit en 1894. Après avoir abrité quelques temps des bureaux, il devint en 1953, un prestigieux magasin d’Etat, vitrine de l’URSS où les expatriés et les plus privilégiés des Soviétiques pouvaient trouver …. tout ce qui était introuvable ailleurs.
Depuis sa privatisation en 1993, on y trouve désormais les boutiques les plus diverses proposant un grand choix de vêtements de mode, produits de beauté, articles de luxe et souvenirs.
Nous quittons la Place Rouge par la Porte de la Résurrection.
La porte d’origine fut construite en 1534 et remodelée en 1680, de façon à inclure entre les deux arches une toute petite chapelle vouée à Notre Dame où les tsars s’arrêtaient pour prier lorsqu’ils se rendaient au Kremlin. Elle fut détruite en 1931 sur ordre de Staline afin de laisser la place aux chars et autres engins militaires qui participaient aux parades. C’est en 1994 qu’elle fut reconstruite à l’identique, en briques rouges, ainsi que la petite chapelle (côté place du manège) où nombre de Moscovites, renouant avec la tradition, s’arrêtent.
Face à la chapelle, sur le sol, est apposé un cercle de métal doré : c’est le point de départ des mesures de distances du pays. Animaux et plantes y symbolisent les points cardinaux.
Pour rejoindre notre bus nous nous dirigeons vers la Place des Révolutionnaires qui fait face à la place des théâtres.
Sur cette place, la statue de Karl Marx, imposante, taillée dans le granit
Au fond de la place des théâtres, le Bolchoï.
Un premier théâtre se dressait à cet emplacement. Construit en 1759, il disparut dans l’incendie de 1812. Le théâtre actuel est l’œuvre d’un architecte italien qui construisit le bâtiment nouveau en utilisant les vestiges du précédent, en particulier la colonnade que coiffe un fronton triangulaire, lui-même surmonté du Quadrige d’Apollon, sculpture de Piotr Klodt, celui-là même qui fit les statues du dressage des chevaux sur le pont Anitchkov et la statue équestre de Nicolas 1er place Saint Isaac à Saint-Pétersbourg.
C’est l’un des plus grands théâtres d’Europe (2000 places), dévolu à la danse et à l’opéra où se sont produits de grands musiciens et danseurs.
En bus nous nous dirigeons ensuite au sud de Moscou, vers le Mont des Moineaux d’où nous aurons une belle vue sur la ville.
De l’autocar, une photo furtive de la coupole du stade Loujiki qui peut accueillir 78 300 spectateurs et qui verra se jouer la finale de la coupe du monde de football en 2018 … avec en arrière-plan l’une des tours les plus hautes de Moscou : la Tour Mosfilm tower.
Implantée sur la colline, l’université de Moscou.
Cette construction, achevée en 1953, est l’un des sept gratte-ciel construits à Moscou sous l’ère stalinienne. Les dimensions sont impressionnantes : 240 m de haut, 33 km de couloirs, 36 étages, 5000 pièces, 47 000 étudiants
De l’autre côté, vers la Moskova, une vue panoramique sur le centre des affaires de Moscou, avec ses buildings de dernière génération et un quartier plus verdoyant.
Avant de quitter les lieux, un coup d’œil sur l’Eglise de la Trinité-du-Mont-des-Moineaux.
Le bus nous conduit ensuite au Monastère Novodiévitchi, chargé d’art et d’histoire.
On dit qu’en ces lieux on regroupait les jeunes filles dont les Tatars exigeaient la livraison pour leurs menus plaisirs. Ce monastère de femmes, fondé en 1524 par Vassili III afin de célébrer la prise de Smolensk, eut au cours de l’histoire des pensionnaires involontaires de renom.
Son rempart, hérissé de douze tours, protège un intérieur riche en églises et un cimetière où reposent de nombreuses personnalités.
L’entrée se fait par un porche au-dessus duquel on a construit une petite chapelle : c’est l’Eglise-porche de la Transfiguration, avec ses cinq coupoles dorées.
Dans l’enceinte du couvent, la Cathédrale Notre-Dame-de-Smolensk qui serait contemporaine de la fondation du monastère. La sobriété de la couleur blanche de ses murs extérieurs tranche avec la richesse de la décoration intérieure.
L’iconostase en bois sculpté, avec ses cinq registres est de toute beauté.
Des fresques d’époque recouvrent les murs du sol au plafond.
A l’intérieur, les sépultures d’ Eudoxie Loupoukhine, la première femme de Pierre le Grand et de Sophie, sa demi-sœur qui toutes deux finirent leurs jours en cet endroit, après y avoir été enfermées par le tsar.
Autour de la cathédrale reposent quelques personnalités : poètes, soldats, représentants de grandes familles.
Une extension du cimetière a été ouverte à la fin du XIX° siècle à l’extérieur du monastère. On peut y voir les tombes d’écrivains, de musiciens et d’hommes politiques comme Nikita Khrouchtchev qui n’a pas eu lui les honneurs de la place rouge … !
Non loin de là, la tour clocher dont nous ne verrons que les échafaudages qui indiquent qu’elle est en travaux. Un incendie en mars dernier a retardé les travaux de réfection.
Dans la partie centrale du monastère, l’église de la Dormition datant de 1688.
Puis l’Eglise –Porche de l’Intercession de la Vierge et à suivre les remparts qui protègent le site
Plus loin, une tour d’angle circulaire qui servit de prison à la princesse Sophie.
Ainsi se termine notre visite. En contrebas du monastère nous découvrirons lors de notre visite de Moscou by night un étang dans lequel les reflets du monastère illuminé sont du plus bel effet.
Avant de regagner le bateau nous prenons la direction du cirque de Moscou, dans le nord de la ville. Un jardin public nous permet d’attendre, comme beaucoup de Moscovites, l’ouverture des portes.
A l’intérieur, seules les photos avant spectacle sont autorisées.
Le cirque peut accueillir 3400 spectateurs. Aujourd’hui nous arrivons parmi les premiers, comme à notre habitude… !
Au lever du rideau, la salle sera comble.
Le spectacle est à mi-chemin entre le cirque et ses numéros de clown, ses dompteurs, ses acrobates et le music-hall avec ses danseurs et chanteurs. Un beau mélange de numéros qui nous font passer une bonne soirée.
Retour au bateau pour un diner tardif, d’autant plus que demain nous repartons aux aurores pour découvrir un endroit emblématique de Moscou : le Kremlin