Vendredi 5 juin 2015

Vendredi 5 juin 2015

Ce matin nous nous rendons en bus au Kremlin. C’est le cœur et le centre de Moscou et de l’Empire russe. D’Ivan le Terrible à Staline, c’est à l’ombre de ces hautes murailles que s’est joué le destin de millions de personnes. Mais ce lieu de pouvoir est aussi le centre spirituel de la Russie orthodoxe.

Le Kremlin a la forme approximative d’un triangle et recouvre une superficie de 27 hectares. Ceint par 2235 m de murailles en briques rouges, ponctuées de vingt tours, aux murs d’une épaisseur allant parfois jusqu’à 6 m. Le côté le plus long est bordé par le Jardin Alexandre, à droite sur le schéma, qui a pris la place d’une petite rivière, comblée au XVIII° siècle. Le deuxième côté domine la place rouge et le troisième longe la Moskova.

Nous entrons dans le Kremlin par une porte située au niveau du jardin d’Alexandre.

La Tour Koutafia (37) est la porte d’accès des visiteurs du Kremlin. Coiffée d’une couronne décorative, cette tour haute de 13 m faisait partie des fortifications extérieures de la citadelle dont le rôle était de protéger le pont construit sur la rivière

Une rampe, aux parapets crénelés et hérissés de merlons à double pointe, en queue d’hirondelle, identique à ceux que l’on voit sur toute la muraille, nous conduit à la Tour de la Trinité (36)

Construite en 1499, puis coiffée d’une flèche au XVII° siècle, haute de plus de 65 m, cette tour nous donne accès à la forteresse.

En entrant dans l’enceinte, sur notre gauche, un premier bâtiment : l’Arsenal (18). Edifié entre 1701 et 1736 sur ordre du tsar Pierre le Grand il servait de dépôt d’armes et de munitions. Il fut détruit par Napoléon dans sa retraite. Les Russes entreprirent sa restauration immédiatement (1816-1828) et y exhibèrent une multitude de pièces d’artillerie prises à la Grande Armée napoléonienne.

Face à l’arsenal, le Palais national du Kremlin. (ancien palais des congrès) (16)

C’est en 1959 et 1961 que fut édifié ce gigantesque parallélépipède de marbre blanc et de verre : il s’agissait alors d’accueillir les congrès du PCUS et c’est pourquoi on y aménagea une salle de réunion à la mesure des événements. 6000 personnes pouvaient y prendre place. Y étaient aussi aménagés 800 bureaux. Plus personne n’étant en mesure de réunir tant de congressistes, le Palais des Congrès a pris son nom actuel de Palais national du Kremlin et les membres du Soviet suprême ont laissé la place aux vedettes internationales ainsi qu’à la troupe du Bolchoï.

Sur la gauche, après l’arsenal, le Sénat (17)

Ce bâtiment fut édifié entre 1776 et 1787, à la demande de Catherine II. Il dissimule en son sein une salle circulaire, coiffée d’une coupole que l’on voit bien de la place rouge. Si aucun sénateur n’y a siégé depuis le milieu du XIX° siècle, le palais a gardé son nom tout en changeant de fonction : en 1918 Lénine s’y installa, puis il abrita les travaux du conseil des ministres de l’URSS.

Poutine y travaille dans des bureaux qu’il a fait aménager.

En continuant sur la gauche, un autre bâtiment en travaux.

C’est l’ancien Présidium du Soviet Suprême. Ce bâtiment élevé en 1935, fut au départ destiné à une école militaire. Pour la construire on a abattu quelques églises. Aujourd’hui il abrite les services administratifs de la présidence de la fédération de Russie.

En continuant, sur notre droite, le Roi des canons (21).

Il fut réalisé par le fondeur Andreï Tchokhov en 1586 et installé sur la place rouge avec pour mission de protéger le Kremlin de toute agression. Pesant 40 tonnes et mesurant 5,34 m, ce canon aux décorations finement ciselées, n’a jamais servi… Au pied du canon, des boulets pesant chacun plus d’une tonne et dont le diamètre est supérieur à celui du tube du canon … !

Non loin de là, la Reine des cloches (20). Ce gros bourdon a été fondu dans l’enceinte même du Kremlin en 1734. Il est haut de 6,14 m et pèse de plus de 200 tonnes. Lors d’un incendie en 1737 un choc thermique l’ébrécha, d’où cet éclat de 11,5 tonnes qui repose aujourd’hui à ses pieds. Il ne fut donc jamais installé. Déterré en 1836 par Auguste de Montferrand, l’architecte de la Cathédrale Saint Isaac à Saint-Pétersbourg, il a été déposé à son emplacement actuel.

En continuant sur la droite, on pénètre sur la Place des Cathédrales (2)

Dans cet espace sont rassemblés de nombreux chefs-d’œuvre architecturaux. En balayant cette place d’un coup d’œil circulaire, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre :

Le clocher d’Ivan le Grand (19)

A droite sur la photo, le clocher d’Ivan le Grand, érigé entre 1505 et 1508, fut surélevé un siècle plus tard sur ordre de Boris Godounov. Surmonté d’un bulbe doré, il culmine à une hauteur de 81 m, ce qui en fit longtemps la plus haute construction de Moscou.

Sur la gauche du clocher, un beffroi surmonté d’une coupole dorée. Encore plus à gauche, un édifice annexe, coiffé quant à lui d’un toit pyramidal. L’ensemble de ces bâtiments est une reconstruction plus ou moins identique à l’original

La Cathédrale des Douze Apôtres (6)

Cette église, un peu en retrait de la place des cathédrales, a été construite cinquante ans après les autres.

Plusieurs fois reconstruite, couronnée de cinq dômes et percée de deux arches, elle fait corps avec le Palais des Patriarches. Aujourd’hui le tout abrite un musée.

La Cathédrale de la Dormition (5)

Du temps de l’Ancienne Russie, c’est ici que se situait le centre de la vie politique et spirituelle de l’Empire. Lors de processions solennelles et de cérémonies fastueuses, les grands princes de Moscou puis les tsars à partir d’Ivan le Terrible, furent couronnés en ces lieux.

Au XII° siècle une église en bois se dressait à cet endroit. Entre 1475 et 1479, la cathédrale actuelle est bâtie par un architecte russe.

En 1547, Ivan IV est le premier tsar sacré ici.

En 1612 elle est dévastée par les envahisseurs polonais.

En 1613, Michel 1er, le premier tsar de la dynastie Romanov y est également sacré.

La cathédrale est saccagée pendant l’invasion française en 1812. Le dernier des Romanov Nicolas II y est couronné empereur de Russie en 1896.

La révolution bolchévique de 1918 met un terme aux offices et la cathédrale est transformée en musée en 1955.

En 1990 elle est rendue au culte.

Donnant sur la place, la façade principale de l’édifice est décorée parce que c’est de ce côté qu’entraient les cortèges officiels. Au dessus de la porte, des peintures murales représentant la Vierge à l’enfant et des figures de saints.

On entre dans le sanctuaire par une porte latérale. A l’intérieur les photos sont interdites. Sur internet j’en ai trouvé deux qui permettent de se rendre compte de la beauté du lieu.

Quatre piliers ronds, les murs et la voûte sont recouverts de fresques très colorées. Ces peintures murales, réalisées entre 1642 et 1644 représentent différentes scènes de la bible comme le jugement dernier. Les piliers portent les images de saints et de patriarches.

Le long de certains murs s’alignent les sépultures de dignitaires religieux.

Dans cette cathédrale notre guide nous parle des icônes représentant la Mère de Dieu. Elle est presque toujours représentée avec son fils. En Russie, suivant la façon dont Marie porte son fils, on trouve essentiellement trois types d’icônes.

La Vierge de la tendresse : Les visages de la Mère et de l’enfant sont très proches. Jésus est sur les bras de sa mère. L’une des plus anciennes de ces icônes est celle de Notre Dame de Vladimir qui daterait de 1131.

La Vierge conductrice : elle porte son fils sur le bras gauche et elle tend vers lui sa main droite pour indiquer la route à suivre. L’Enfant a souvent l’aspect d’un jeune homme, signe de sagesse. Un exemple est Notre Dame de Smolensk conservée à Saint-Péterbourg.

La Vierge du Signe est représentée les bras levés dans un geste de prière et porte le plus souvent un médaillon représentant le Christ sur sa poitrine

A la sortie de la cathédrale, dans un recoin, la Cathédrale du Sauveur-d’en-haut dont on voit les bulbes.

Le Palais à facettes (11)

Son nom s’explique par le bossage en pointes qui hérisse sa façade. On peut admirer les superbes fenêtres encadrées de colonnes au décor de pampres à spirales. Ce palais construit entre 1487 et 1491, fait corps avec le grand palais du Kremlin que l’on voit derrière lui. Occupant le premier étage une grande salle d’apparat faisait office de salle du trône aux tsars résidant à Moscou.

La Cathédrale de l’Annonciation (5)

Elle a été construite de 1489 à 1494. Un incendie détruisit l’intérieur en 1547. Ivan IV la remania en 1562, portant le nombre de coupoles à neuf. C’est également lui qui fait construire en 1572 une galerie donnant accès à une chapelle privée. Après son quatrième mariage, l’Eglise russe manifestant une certaine mauvaise humeur, lui avait interdit d’assister aux services. Cette cathédrale était réservée aux tsars pour les cérémonies à caractère familial.

Sous la période soviétique, les offices sont suspendus et elle devient un musée. En 1993 elle est à nouveau ouverte au culte.

Les photos sont également interdites à l’intérieur. L’iconostase encore très riche comprend des images du XIV au XVII° siècle, réalisées par des peintres de renom.

De l’autre côté, la Cathédrale de l’Archange-Saint-Michel (4)

Cette cathédrale a été édifiée entre 1505 et 1508 par un architecte vénitien. C’est la nécropole des grands princes de Moscou et des premiers tsars. (A partir de Pierre le Grand, ils sont enterrés à Saint-Pétersbourg dans la cathédrale Pierre et Paul). Ici repose le tsarévitch Dimitri dont la mort à Ouglitch est restée une énigme. Nous ne visitons pas l’intérieur de l’édifice.

Avant de nous diriger vers le jardin qui surplombe la Moskova, un dernier coup d’œil à la cathédrale de l’annonciation, à celle de l’archange-Saint-Michel et au clocher d’Ivan le Grand

Après cette visite de la place des cathédrales, direction le jardin vers le mur du Kremlin qui longe la rivière Moskova d’où nous avons une belle vue sur la ville.

Une dernière image de la Tour de la Moskova (26) avec en arrière plan l’une des sept gratte-ciel de style stalinien. Celui que l’on voit est un immeuble résidentiel au bord de la rivière.

Pour terminer la visite, une petite anecdote. Dans les années 1830 les vétérans des campagnes napoléoniennes se faisaient soigner à l’hospice de Bicêtre. Ces militaires fréquentaient un estaminet voisin qui prit pour nom : « Au sergent du Kremlin ». Ce nom Kremlin désigna bientôt tout le quartier et apparait sur les cartes en 1832, avant d’être accolé à Bicêtre, lorsque l’endroit fut érigé en commune.

Chemin de retour vers la porte de la Trinité.

Une petite pause avant d’aller déjeuner.

Après le repas que nous prenons dans un restaurant de la ville, nous nous dirigeons vers l’une des rues typiques de Moscou : l’Arbat.

Au passage nous faisons un arrêt devant le ministère des affaires étrangères, un des sept gratte-ciel staliniens de la ville, terminé en 1951.

L’Arbat est une rue piétonne qui démarre du côté gauche du ministère.

Lorsque la noblesse décida de s’y installer, l’Arbat devint l’équivalent moscovite du quartier Saint-Germain à Paris. Les écrivains et artistes suivirent le mouvement.

A l’entrée dans la rue, la maison-musée Pouchkine où vécurent Alexandre Pouchkine et son épouse Natalia Gontcharova avant leur départ pour Saint-Pétersbourg en 1831. Face à ce musée, une statue de Pouchkine et de sa femme.

Un peu plus loin, dans une petite rue, l’Eglise de la transfiguration du Sauveur sur les sables. Elevée en 1698, elle n’a pas subi de modifications depuis lors.

Plus loin dans la rue, des échoppes où l’on peut acheter des dessins, des gravures et autres tableaux

Retour au point de ralliement, une pluie d’orage s’abat sur le quartier. Tout va bien, la suite de notre visite concerne le métro de Moscou … !

Nous prenons la station la plus proche : la station Smolenskaïa. L’entrée est déjà surprenante avec ses murs couverts de marbre.

Staline avait voulu faire du métro un palais souterrain pour le peuple. Le régime soviétique le conçut comme une vitrine des réussites du socialisme. Au terme d’un effort gigantesque, la première ligne fut inaugurée le 15 mai 1935. A la veille de la guerre le réseau comptait 22 stations, profondément enterrées pour servir d’abris en cas de conflit… !

Les thèmes décoratifs sont liés au nom de la station ou au paysage urbain de surface.

Place de la révolution Plochtchad Revolioutsii. Cette station a ouvert en 1938.

76 sculptures en bronze en décorent les arches. Elles représentent les archétypes de l’Union Soviétique : des soldats, des ouvriers, des mères de famille, des agriculteurs, des écoliers.

Un peu plus loin sur la ligne circulaire, la station Komsomolskaïa.

C’est l’une des plus fréquentées, ouverte en 1952.

Au plafond, huit grandes mosaïques expriment la lutte historique de la Russie pour la liberté et l’indépendance depuis Alexandre Nevski en 1242 jusqu’à la victoire sur les nazis en 1945 en passant par Minine et Pojarski.

Sur cette même ligne circulaire la station Novosloboskaïa.

Elle a été ouverte en 1952 et elle est connue pour ses vitraux placés chacun dans l’un des pylônes de la station et éclairés de l’intérieur.

Notre point d’arrivée, la station Bielorouskaia. Elle a été ouverte en 1952. Sur un plafond richement décoré, une douzaine de mosaïques octogonales dépeignent la vie quotidienne des biélorusses.

Entre deux stations nous prenons le métro sous l’œil vigilant d’Inna.

Ainsi se termine notre découverte du métro de Moscou.

Nous rentrons diner sur le bateau pour un dernier repas à bord mais notre journée n’est pas finie. Nous partons en bus à 22h pour une visite de Moscou by night. Le retour au bateau est prévu 0h30. Nous avons trouvé dans nos cabines un papier nous indiquant que le départ du bus pour l’aéroport est prévu à 3h demain matin. La nuit sera courte … !

Dans cette balade nocturne nous faisons quatre arrêts.

Le premier est au sud-ouest de Moscou, au Mont Poklonnaïa pour voir le mémorial de la seconde guerre mondiale. Cette colline, du haut de ses 180 m est l’une des plus élevées de Moscou. Elle abrite actuellement le parc de la victoire. C’est à cet endroit qu’arriva Napoléon en 1812 et qu’il attendit vainement qu’on lui remit les clés de la ville.

En 1980 la colline fut aménagée en mémorial de la victoire contre l’Allemagne nazie par la construction d’un musée et l’implantation d’un obélisque avec la statue de Nicé, la déesse grecque de la victoire et un monument dédié à Saint-Georges terrassant le dragon.

Sur l’obélisque on peut lire le nom des villes qui ont cotisé pour la réalisation du site. Non loin de là une église orthodoxe dédiée à Saint Georges et dans le lointain le centre d’affaires de Moscou avec ses gratte-ciel.

Notre deuxième arrêt sera pour le Couvent de Novodiévitchi que nous avons visité de jour hier après-midi. Ce soir nous allons l’admirer en contrebas d’un plan d’eau près duquel il a été construit. Le spectacle est de toute beauté avec les murailles et les constructions qui se reflètent dans l’eau.

On dit que Tchaïkovski, qui avait l’habitude de venir se promener autour de ce plan d’eau, y aurait trouvé l’inspiration pour son ballet « le lac des cygnes ».

En direction de la Place Rouge, but ultime de notre promenade nocturne, nous faisons un arrêt sur les quais de la Moskova en contrebas de la Cathédrale du Christ-Sauveur.

Sur la droite nous apercevons une gigantesque statue érigée sur le fleuve : le Monument à Pierre le Grand. Initialement, l’artiste Zourab Tsereteli voulait honorer Christophe Colomb à l’occasion du 500 ° anniversaire de la découverte des Amériques en 1492. L’œuvre d’art devait être offerte à la ville de Miami … Mais les édiles de la ville américaine ont refusé ce don embarrassant et Tsereteli a mis à profit ses excellentes relations avec le maire de Moscou pour changer son fusil d’épaule et donner à Pierre ce qui était à Christophe… ! Cette statue suscita une polémique parce qu’elle représente l’homme qui au début du 18ème siècle avait déchu la ville de son titre de capitale au profit de St-Pétersbourg… ! Un outrage pour certains moscovites.

Pour la petite histoire les habitants de Ploërmel passent tous les jours devant un monument de 7 m de haut dédié à Jean-Paul II et réalisé par le même artiste … !

Sur la gauche, le kremlin, avec ses tours, ses murailles et ses bulbes illuminés.

Derrière nous la Cathédrale du Saint-Sauveur que nous n’avons pas visitée.

A l’origine elle fut construite en mémoire de la victoire de la Russie sur les troupes napoléoniennes. Ses dimensions sont impressionnantes : hauteur : 103 m, surface totale 6800 m2. Les travaux durèrent 40 ans.

En 1931 la cathédrale fut rasée et ses fondations furent utilisées pour faire une immense piscine. Dans les années 1990 il fut décidé de la reconstruire et en janvier 2000 la cathédrale fut consacrée et ouverte au culte.

Dernière étape : la Place Rouge. Nous y accédons par la place du manège, du côté du Musée national d’Histoire. Tous les monuments vous sont maintenant connus, aussi je ne les nommerai pas, mais les illuminations leur donnent un charme supplémentaire.

Et retour au point zéro … !

Notre visite nocturne prend fin à 0h30, il est grand temps de regagner le bateau pour une petite heure de repos. La nuit sera courte mais qu’importe nous avons de magnifiques images plein la tête.

Jeudi 4 juin 2015

Jeudi 4 juin 2015

Ce matin nous arrivons dans les faubourgs de Moscou.

C’est en 1147 qu’apparait la première mention écrite du nom de Moscou dans un document où un prince de l’époque, Iouri Dolgorouki, invite un allié à une rencontre dans cette bourgade peuplée de pêcheurs, au bord de la Moskova. En 1156 il fait ériger sur les bords du fleuve une petite forteresse entourée d’une palissade en bois : c’est le premier kremlin. En 1238 les Tatars de la Horde d’Or envahissent la ville. Cette présence n’empêche pas la cité de se développer et d’acquérir peu à peu une certaine autonomie.

En 1263, le fils d’Alexandre Nevski fonde la principauté de Moscovie et en 1326 Moscou devient la capitale de l’Eglise Russe.

Ivan III se rebelle contre les Mongols et convoque à sa cour des architectes italiens qui édifient entre 1485 et 1495, les murailles de briques du Kremlin que nous connaissons aujourd’hui. Viendront s’ajouter 20 tours, toutes différentes.

Puis Ivan IV, le Terrible, succède à son père et règne jusqu’en 1584. Il ouvre la capitale au commerce international, agrandît le territoire russe par la prise de Kazan, chasse les derniers Tatars et fait construire la cathédrale de Basile-le-Bienheureux.

S’en suit une période de troubles et Moscou est envahie par les Polonais.

En 1612, Minine et Pojarski, après avoir levé une milice patriotique, marchent sur Moscou et font capituler la garnison polonaise. La Russie est sauvée et c’est en 1613 que Mikhaïl Fiodorovitch devient premier tsar de la dynastie des Romanov qui ne prendra fin qu’en 1917.

En 1712, la cité perd (et pour plus de deux siècles) son rôle de capitale, suite à la fondation de Saint-Pétersbourg par Pierre le Grand. La ville connait alors une vie plus paisible, sauf lors des cérémonies du couronnement qui ont toujours lieu au Kremlin.

En juin 1812, Moscou est rattrapée par l’histoire. Napoléon s’en empare, mais l’incendie de la ville le contraint à quitter les lieux. C’est alors que commence la reconstruction de la cité avec la ceinture des jardins, puis celle des boulevards. La ville se modernise. De 360 000 habitants en 1860, elle passe à un million en 1890 et près de 2 millions en octobre 1917. Les artères sont éclairées au gaz en 1867, la première ligne de tramway est inaugurée en 1895 et on construit, face au Kremlin, les galeries marchandes qui deviendront le magasin GOUM.

La révolution bolchevique commence à Saint-Pétersbourg en 1917 et s’étend très vite à Moscou. Le 12 mars 1918, les Bolcheviks transfèrent officiellement la capitale à Moscou. L’époque soviétique qui suit modifie encore la ville. La première ligne de métro est inaugurée en 1935. On élargit des rues au détriment de certaines églises qui sont détruites. A partir de 1947 on édifie des gratte-ciel

Nous accostons à la gare fluviale nord de Moscou. C’est un bâtiment de style stalinien qui a été construit en 1937.

Un bus nous conduit jusqu’au Kremlin en empruntant la chaussée Leningradskoïe (Saint-Pétersbourg) et la rue Tverskaïa. Cette rue est l’artère principale de la ville. Elle existe depuis le XIV° siècle, mais c’est au XVIII° siècle qu’elle a pris de l’importance comme route en direction de Saint-Pétersbourg devenue capitale de la Russie.

L’autobus nous dépose tout près de la Cathédrale Basile le Bienheureux. Pour mieux repérer les lieux et les bâtiments, je joins au compte-rendu un plan de la Place Rouge et du Kremlin que nous visiterons demain. Sur ce plan des numéros permettent d’identifier l’emplacement des monuments évoqués.

Nous découvrons l’un des joyaux de cette place : la Cathédrale Basile-le-Bienheureux (42). Ivan le Terrible fit élever cet édifice religieux entre 1551 et 1562 pour commémorer sa victoire décisive sur les Tatars. C’est à Moscou ce que la Tour Eiffel est à Paris. Il s’agit d’une magnifique envolée de bulbes aux formes et aux couleurs très variées. C’est une association de neuf églises dont huit se groupent autour de la principale et la plus haute : celle de l’Intercession-de-la-Vierge. Chacune est consacrée au saint du jour où la bataille s’était tenue. Une dixième église a été rajoutée en l’honneur de Basile, dit le Bienheureux, qui a bientôt donné son nom à l’ensemble.

En 1818 un monument a été érigé en l’honneur de Kouzma Minine et du prince Dimitri Pojarski (43)qui levèrent en 1612 une armée à Iaroslav pour libérer Moscou occupée par les Polonais.

Cette statue située au départ au centre de la Place Rouge a été déplacée par les communistes parce qu’elle gênait les défilés militaires. Le sculpteur représente le moment où Minine appelle le prince Pojarski à prendre la tête de l’armée russe pour chasser les Polonais. Il lui donne l’épée et l’incite à défendre la patrie.

Sur notre gauche nous voyons le mur de briques rouges du Kremlin.

Sur la photo, à gauche la Tour du Tsar (23),la plus petite du Kremlin et à droite la Tour du Sauveur (22). Elle doit son nom à une icône du Christ placée au dessus de sa porte en 1648. Cette tour était autrefois l’entrée d’apparat du Kremlin et chaque personne qui la franchissait, y compris le tsar, devait se découvrir, par respect pour l’icône. Elle fut enlevée au moment de la révolution russe. Elle a aujourd’hui retrouvé sa place.

Cette tour a été construite en deux étapes. La partie inférieure date de 1491 et la partie supérieure de 1625.A l’origine le carillon de la tour jouait l’hymne tsariste, qui fut remplacé en 1917 par un air révolutionnaire. Aujourd’hui l’horloge joue l’hymne national russe.

Puis nous pénétrons sur la Place Rouge. Immense esplanade de 52 000 m² interdite aux voitures, elle longe le mur est du Kremlin. Elle est déjà au XVème siècle le centre de la vie publique où sont organisées les cérémonies les plus solennelles. On y fait lecture des oukases (édits du tsar) et l’on y rend la justice. Au XVIIème siècle, elle est définitivement devenue la place Rouge (Krasnaïa), autrement dit la belle place (“rouge” et “beau” sont des mots presque identiques en russe).

Le long de ce mur se trouve le Mausolée de Lénine (49). Construit par A. Chtchoussev en 1930, en face de la Tour du Sénat (41), cet édifice en granit de Carélie remplit la double fonction de tribune officielle et de tombeau pour la dépouille momifiée du chef de la révolution d’Octobre, mort en 1924.

Derrière le mausolée, dans le mur même du Kremlin, à l’abri d’une haie de sapins bleus, une rangée funéraire où reposent les cendres des hautes personnalités de l’Etat soviétique dont Staline et Brejnev et des héros nationaux tel le cosmonaute Youri Gagarine.

En remontant la place, une autre tour importante du mur : la Tour Saint-Nicolas (40). Elle a été construite en 1491 par l’architecte italien Pietro Antonio Solari. Il s’agit de la tour par laquelle Minine et Pojarski pénétrèrent dans le Kremlin. Plusieurs fois restaurée, au gré des guerres, les autorités soviétiques la firent surmonter d’une étoile rouge, symbole du communisme. Sa hauteur totale actuelle est de 70,4 m.

Sa voisine, la Tour d’angle de l’arsenal (39) est en travaux.

Au nord de la place rouge, un bâtiment, le Musée national d’Histoire (45). Il est consacré à l’histoire russe des origines jusqu’à la fin du XVIII° siècle.

A droite du musée, on remarque un autre édifice, la Cathédrale Notre-Dame-de-Kazan (52), sur l’emplacement d’une ancienne église du XVIIème siècle. L’église précédente abrita jusqu’au XVIII° siècle la célèbre icône de la Vierge de Kazan, qui, selon la légende assura la victoire des Russes sur les envahisseurs polonais en 1612, ce qui allait permettre au premier Romanov Mikhaïl Fiodorovitch d’accéder au trône. Depuis lors, l’icône fut considérée comme la protectrice de la dynastie et transférée ensuite à Saint-Pétersbourg dans la cathédrale du même nom. Lors de la visite nous avons pu nous rendre compte de la vénération des russes pour cette icône, devant laquelle un groupe important attendait pour l’embrasser.

Comme pour d’autres églises, en 1936, Staline avait ordonné sa démolition pour permettre les manœuvres lors des défilés militaires. Elle a été reconstruite à l’identique en 1993.

A l’est de la place, Goum (53). Ce bâtiment en granit et marbre, long de 250m, fut construit en 1894. Après avoir abrité quelques temps des bureaux, il devint en 1953, un prestigieux magasin d’Etat, vitrine de l’URSS où les expatriés et les plus privilégiés des Soviétiques pouvaient trouver …. tout ce qui était introuvable ailleurs.

Depuis sa privatisation en 1993, on y trouve désormais les boutiques les plus diverses proposant un grand choix de vêtements de mode, produits de beauté, articles de luxe et souvenirs.

Nous quittons la Place Rouge par la Porte de la Résurrection.

La porte d’origine fut construite en 1534 et remodelée en 1680, de façon à inclure entre les deux arches une toute petite chapelle vouée à Notre Dame où les tsars s’arrêtaient pour prier lorsqu’ils se rendaient au Kremlin. Elle fut détruite en 1931 sur ordre de Staline afin de laisser la place aux chars et autres engins militaires qui participaient aux parades. C’est en 1994 qu’elle fut reconstruite à l’identique, en briques rouges, ainsi que la petite chapelle (côté place du manège) où nombre de Moscovites, renouant avec la tradition, s’arrêtent.

Face à la chapelle, sur le sol, est apposé un cercle de métal doré : c’est le point de départ des mesures de distances du pays. Animaux et plantes y symbolisent les points cardinaux.

Pour rejoindre notre bus nous nous dirigeons vers la Place des Révolutionnaires qui fait face à la place des théâtres.

Sur cette place, la statue de Karl Marx, imposante, taillée dans le granit

Au fond de la place des théâtres, le Bolchoï.

Un premier théâtre se dressait à cet emplacement. Construit en 1759, il disparut dans l’incendie de 1812. Le théâtre actuel est l’œuvre d’un architecte italien qui construisit le bâtiment nouveau en utilisant les vestiges du précédent, en particulier la colonnade que coiffe un fronton triangulaire, lui-même surmonté du Quadrige d’Apollon, sculpture de Piotr Klodt, celui-là même qui fit les statues du dressage des chevaux sur le pont Anitchkov et la statue équestre de Nicolas 1er place Saint Isaac à Saint-Pétersbourg.

C’est l’un des plus grands théâtres d’Europe (2000 places), dévolu à la danse et à l’opéra où se sont produits de grands musiciens et danseurs.

En bus nous nous dirigeons ensuite au sud de Moscou, vers le Mont des Moineaux d’où nous aurons une belle vue sur la ville.

De l’autocar, une photo furtive de la coupole du stade Loujiki qui peut accueillir 78 300 spectateurs et qui verra se jouer la finale de la coupe du monde de football en 2018 … avec en arrière-plan l’une des tours les plus hautes de Moscou : la Tour Mosfilm tower.

Implantée sur la colline, l’université de Moscou.

Cette construction, achevée en 1953, est l’un des sept gratte-ciel construits à Moscou sous l’ère stalinienne. Les dimensions sont impressionnantes : 240 m de haut, 33 km de couloirs, 36 étages, 5000 pièces, 47 000 étudiants

De l’autre côté, vers la Moskova, une vue panoramique sur le centre des affaires de Moscou, avec ses buildings de dernière génération et un quartier plus verdoyant.

Avant de quitter les lieux, un coup d’œil sur l’Eglise de la Trinité-du-Mont-des-Moineaux.

Le bus nous conduit ensuite au Monastère Novodiévitchi, chargé d’art et d’histoire.

On dit qu’en ces lieux on regroupait les jeunes filles dont les Tatars exigeaient la livraison pour leurs menus plaisirs. Ce monastère de femmes, fondé en 1524 par Vassili III afin de célébrer la prise de Smolensk, eut au cours de l’histoire des pensionnaires involontaires de renom.

Son rempart, hérissé de douze tours, protège un intérieur riche en églises et un cimetière où reposent de nombreuses personnalités.

L’entrée se fait par un porche au-dessus duquel on a construit une petite chapelle : c’est l’Eglise-porche de la Transfiguration, avec ses cinq coupoles dorées.

Dans l’enceinte du couvent, la Cathédrale Notre-Dame-de-Smolensk qui serait contemporaine de la fondation du monastère. La sobriété de la couleur blanche de ses murs extérieurs tranche avec la richesse de la décoration intérieure.

L’iconostase en bois sculpté, avec ses cinq registres est de toute beauté.

Des fresques d’époque recouvrent les murs du sol au plafond.

A l’intérieur, les sépultures d’ Eudoxie Loupoukhine, la première femme de Pierre le Grand et de Sophie, sa demi-sœur qui toutes deux finirent leurs jours en cet endroit, après y avoir été enfermées par le tsar.

Autour de la cathédrale reposent quelques personnalités : poètes, soldats, représentants de grandes familles.

Une extension du cimetière a été ouverte à la fin du XIX° siècle à l’extérieur du monastère. On peut y voir les tombes d’écrivains, de musiciens et d’hommes politiques comme Nikita Khrouchtchev qui n’a pas eu lui les honneurs de la place rouge … !

Non loin de là, la tour clocher dont nous ne verrons que les échafaudages qui indiquent qu’elle est en travaux. Un incendie en mars dernier a retardé les travaux de réfection.

Dans la partie centrale du monastère, l’église de la Dormition datant de 1688.

Puis l’Eglise –Porche de l’Intercession de la Vierge et à suivre les remparts qui protègent le site

Plus loin, une tour d’angle circulaire qui servit de prison à la princesse Sophie.

Ainsi se termine notre visite. En contrebas du monastère nous découvrirons lors de notre visite de Moscou by night un étang dans lequel les reflets du monastère illuminé sont du plus bel effet.

Avant de regagner le bateau nous prenons la direction du cirque de Moscou, dans le nord de la ville. Un jardin public nous permet d’attendre, comme beaucoup de Moscovites, l’ouverture des portes.

A l’intérieur, seules les photos avant spectacle sont autorisées.

Le cirque peut accueillir 3400 spectateurs. Aujourd’hui nous arrivons parmi les premiers, comme à notre habitude… !

Au lever du rideau, la salle sera comble.

Le spectacle est à mi-chemin entre le cirque et ses numéros de clown, ses dompteurs, ses acrobates et le music-hall avec ses danseurs et chanteurs. Un beau mélange de numéros qui nous font passer une bonne soirée.

Retour au bateau pour un diner tardif, d’autant plus que demain nous repartons aux aurores pour découvrir un endroit emblématique de Moscou : le Kremlin

Mercredi 3 juin 2015

Mercredi 3 juin 2015

Ce matin, réveil matinal. Après le petit déjeuner, nous débarquons sur les quais d’Ouglitch à 8h du matin. Dès l’arrivée nous voyons, près des rives de la Volga, ces bâtiments que nous allons visiter, en particulier l’Eglise de Saint-Dimitri-sur-le-Sang.

C’est une des plus anciennes cités situées sur la Volga. Son nom est mentionné dès la fin du X° siècle ; il viendrait du mot ougol, « angle » ou « coude » en russe, la Volga changeant de direction à cet endroit.

Au XIV et XV° siècle, les princes de Moscou s’installent à Ouglitch et commencent l’édification du kremlin de la ville.

Au XVI° siècle, à Ouglitch eut lieu un événement qui bouleversa toute la Russie. A sa mort en 1584, Ivan le Terrible ne laisse que deux héritiers : Fiodor, simple de corps et d’esprit, fils de sa première femme et le petit tsarévitch Dimitri, âgé de deux ans et fils de sa septième et dernière femme. Les Boyards se disputent le pouvoir avec à leur tête Boris Godounov, dont la sœur Irène a épousé Fiodor. Le 15 mai 1591, à dix ans, Dimitri, exilé avec sa mère à Ouglitch, est retrouvé la gorge tranchée dans les jardins du palais. D’après la version officielle, il est tombé sur un poignard au cours d’une crise d’épilepsie, pour les autres, il est mort de la main d’un tueur à la solde de Boris Godounov. Le poète Pouchkine dans son roman et Moussorgski dans son opéra, font porter à Boris Godounov la responsabilité de cette mort. Mais pour les historiens, cela reste une énigme.

Exhumé, transporté à Moscou, canonisé, sa dépouille est enterrée dans la Cathédrale de l’Archange-Saint-Michel au kremlin de Moscou.

Brulée par les Polonais en 1613, la ville fut reconstruite sous le règne de Catherine la Grande.

Notre visite commence par la Cathédrale de la Transfiguration du Sauveur et son clocher.

Une première cathédrale en pierres fut construite en 1483 puis démolie à la fin du XVII° siècle. L’église actuelle fut érigée en 1713, juste avant l’interdiction de Pierre le Grand d’utiliser la pierre ailleurs que dans sa nouvelle capitale Saint-Pétersbourg.

A proximité se dresse le clocher haut de 37 m et surmonté d’un petit bulbe doré. Il fut construit en 1730.

A l’intérieur de la cathédrale, l’iconostase, cloison qui sépare la nef de l’autel est ici impressionnante avec ses 6 registres. Elle abrite des icônes des 17° au 19° siècle. Au-dessus de la porte royale figurent la Déisis et les apôtres

La troisième rangée abrite des icônes illustrant les fêtes de l’année liturgique.

La quatrième rassemble les prophètes de Moïse au Christ

Sur la cinquième sont rassemblés les patriarches d’Adam à Moïse.

Cette cloison est une incitation, par la contemplation et la vénération des icônes, à passer du monde terrestre au monde divin. Les portes royales restent fermées sauf lors des offices.

L’iconostase est percée de trois portes. Seul le prêtre en habits sacerdotaux peut pénétrer dans l’autel par la porte centrale ou porte royale qui symbolise l’entrée vers le Royaume de Dieu.

Elle est illustrée par l’Annonciation et les quatre évangélistes. A gauche de la porte royale, la Mère de Dieu et à droite le Christ

Sur les murs des fresques, représentant des épisodes du Nouveau Testament, sont inspirées des travaux exécutés en Europe à la Renaissance.

En quittant la cathédrale nous sommes invités à écouter un ensemble vocal qui nous interprète des chants russes, religieux et profanes.

Près de là, l’Eglise du tsarévitch Dimitri et son palais.

La visite guidée terminée, un temps libre nous est proposé. Au hasard des rues nous arrivons au monastère de l’Epiphanie avec l’Eglise Notre-Dame Féodorovskaïa et l’Eglise Notre-Dame de Smolensk.

Après cette découverte de la ville nous retrouvons notre bateau et appareillons pour Moscou, but ultime de notre croisière que nous découvrirons demain.

Après le déjeuner, nous passons devant le clocher submergé de Kaliazine. C’est tout ce qui reste de la cathédrale Saint Nicolas qui se trouvait sur la plus grande place de la ville.

En 1939 les deux tiers de l’agglomération ont été inondés afin de construire un barrage et la centrale hydroélectrique d’Ouglitch. Beaucoup de bâtiments ont été déplacés ou détruits. Le clocher a été conservé parce qu’il servait de phare.

Cet après-midi Elisabeth nous réunit pour terminer l’histoire de son pays.

Elle nous a laissés hier à la mort de Lénine en 1924, remplacé par Staline, fils d’un cordonnier, originaire de Géorgie. Arrivé au pouvoir il lance le premier plan quinquennal avec l’objectif d’industrialiser l’Union soviétique pour en faire une puissance moderne. L’agriculture est collectivisée et les paysans qui refusent son plan sont envoyés dans les premiers goulags. Des millions d’entre eux y mourront de faim.

En 1941 Hitler envahit l’Union Soviétique et les Russes se battent avec courage. Saint-Pétersbourg, devenue Leningrad a résisté à un siège de 900 jours. Cette guerre fait 20 millions de morts en Russie.

Après la mort de Staline en 1953, Khrouchtchev arrive au pouvoir. Il dénonce les crimes de son prédécesseur, développe l’agriculture et lance un programme de construction immobilière, avec ces petits immeubles à 4 étages qui sont construits partout dans les banlieues.

En 1964 il est remplacé par Leonid Brejnev qui restera au pouvoir 18 ans. La course aux armements contre l’Amérique épuise l’économie soviétique.

En 1985, Mikhaïl Gorbatchev hérite cette situation. Il lance une restructuration économique – la pérestroïka – et prône la transparence -la glasnost-. Le débat s’élargit en une discussion sur la légitimité du régime et les pays d’Europe de l’est se rebiffent contre leurs dirigeants russes. C’est la réunification de l’Allemagne et les pays satellites qui se débarrassent du joug communiste. Boris Eltsine lui succède en août 1991. Il ouvre grand les portes au capitalisme, ce qui s’accompagne de corruptions, de la naissance de très grandes fortunes et de la paupérisation d’une grande partie de la population.

Le 31 décembre 1999, à la surprise générale, il démissionne et nomme son premier ministre Vladimir Poutine, président en exercice. Depuis 2000 celui-ci cherche à rendre à la Russie sa grandeur passée. Grâce aux réformes engagées lors de son premier mandat, au regain de croissance économique et à un discours patriotique, cet ancien membre du KGB a permis à de nombreux Russes de pouvoir à nouveau se sentir fiers de leur pays. Ils l’ont d’ailleurs largement réélu en 2004. Devenu premier ministre de Medvedev en 2008, il revient de nouveau à la tête du pays en 2012.

Les Russes semblent plus heureux depuis l’arrivée de Poutine. Le niveau de vie a augmenté et depuis peu le taux de natalité a dépassé le taux de mortalité.

La Russie est un pays qui est 21 fois plus grand que la France en superficie et qui ne compte que 146 millions d’habitants en 2014.

Sur le territoire il y a 89 ethnies différentes qui ne se comprennent pas toujours.

Du point de vue de la religion, les chrétiens orthodoxes sont majoritaires mais l’islam progresse à cause d’une population à plus forte natalité. Après la période soviétique l’église fait son retour sur la scène publique, encouragée par le Kremlin. Une petite révolution après des décennies de vie religieuse vécue dans la clandestinité.

Les communautés musulmanes et boudhistes ont du mal à se faire une place.

Les catholiques sont regroupés près de la Pologne, le chamanisme est majoritaire en Sibérie profonde.

Elle nous parle aussi de la liberté de la presse qui n’existe pas. A la télévision on ne dit que du bien de Poutine. Poutine lui-même sait parler à son peuple qui se trouve plus heureux que du temps de Staline.

Certains redoutent quand même son caractère d’ancien kagébiste, brusque, sauvage.

Les conflits en Ukraine et en Crimée ont accentué les embargos vis-à-vis des autres pays, en particuliers pour les produits laitiers, la viande, etc …

Des oligarques sont apparus à l’époque soviétique et à la fin de celle-ci, une partie des richesses de l’état ont été partagées entre les habitants. Dans les villages, certains ont vendu leurs biens et d’autres les ont achetés, ce qui a permis l’émergence de fortunes colossales.

Elisabeth nous parle de sa grand-mère, née en 1924, dont les parents étaient d’origines sociales différentes. Son père était noble et donc considéré comme ennemi du peuple. Sa mère était communiste. Le mariage a quand même eut lieu. Sa grand-mère est née et en 2015, à quatre-vingt onze ans elle cultive toujours son petit jardin. … !

Aujourd’hui l’état est propriétaire des terres, ce qui n’est pas une bonne chose

Les salaires sont très disparates selon les régions.

Le salaire mensuel moyen pour toute la Russie est de 300 € par mois. A Saint-Pétersbourg il est de 700 € par mois et à Moscou de 1000 € par mois.

La retraite moyenne est de 300 € mensuels

La médecine est gratuite pour tous, mais elle n’est pas de bonne qualité. Il y a de longues files d’attente. Les médecins sont peu payés et demandent souvent des pots de vin.

L’éducation est bonne, mais les élèves n’ont pas toujours le choix de leur formation. L’école est obligatoire et les études universitaires sont gratuites pour les plus motivés.

Elle conclue avec un peu d’amertume : en 2015 quand on demande à un petit garçon russe quel est son souhait pour l’avenir, la majorité d’entre eux répondent qu’ils souhaitent être mafieux, quant aux petites filles elles souhaitent être mannequins pour vivre avec un mafieux… !

Et pour fêter notre arrivée prochaine à Moscou, nous buvons une vodka-orange sur les coursives du bateau.

Ce soir c’est le dîner du commandant.

Pour finir la journée, dans la salle de conférences, nous assistons à un concert donné par les « talents du bord ». Certains groupes nous interprètent des chants de leur pays d’origine et un chant russe qu’ils ont fait l’effort d’apprendre.

Cette nuit nous continuons notre croisière sur la Volga.

Mardi 2 juin 2015

Mardi 2 juin 2015

Cette nuit nous avons encore progressé en direction de Iaroslav que nous devons atteindre cet après-midi vers 15h.

L’attraction de la matinée après le petit déjeuner sera le passage de l’écluse de Rybinsk à l’entrée de la Volga.

A l’approche de l’écluse, la statue de la Mère Volga et sur un mur une figuration des bateliers du fleuve.

L’écluse de Rybinsk est double avec deux sas parallèles. Le changement de niveau d’eau est de 14 m. Pour la première fois nous empruntons une écluse descendante pour rejoindre la ville de Iaroslav

Après le passage de l’écluse, Elisabeth nous a invités à sa deuxième conférence sur l’histoire de la Russie. La dernière fois nous en étions restés à l’arrivée de Catherine II, la Grande Catherine.

Catherine II, la jeune épouse d’origine allemande de Pierre III, se charge de détrôner son mari qui sera assassiné probablement par Orlov. Elle révèle tout de suite les traits qui vont la caractériser pendant son règne : un instinct politique très sûr, une totale absence de scrupules, une soif de gloire personnelle et une propension à faire de ses amants ses plus proches conseillers et ses alliés politiques. L’un des premiers sur la liste est Stanislas Poniatowski, un comte polonais. Quand elle finit par s’en lasser, elle le laisse partir non sans lui offrir la couronne de Pologne. Suit Grégory Orlov, le cerveau du coup d’état qui l’installe sur le trône et l’assassin de Pierre III, le mari dément. Mais le grand amour de Catherine s’appelle Gregory Potemkine. Il reconquiert pour elle la Crimée. Il ne sera pas sa dernière liaison, mais il reste celui auprès duquel elle reviendra toujours. Elle s’efforce aussi de donner une image d’impératrice éclairée : amie des encyclopédistes français, elle correspond avec Voltaire et accueille Diderot en Russie. Elle invite aussi les meilleurs architectes en Russie et c’est durant son règne que Saint-Pétersbourg acquiert, comme nous l’avons vu, sa beauté classique. Catherine se montre avec le temps moins réformiste que durant ses jeunes années. Elle abandonne l’idée d’abolir le servage et à la fin de son règne, la condition des serfs, plus nombreux que jamais, a empiré.

Son fils Paul 1er lui succède en 1796. Fils d’un père dément et d’une mère qui ne l’a jamais aimé, et qu’il accuse d’avoir fait tuer son père, il n’a de cesse de critiquer et de détruire ce que la grande Catherine a mis en place. Il a lui-même trois fils : Alexandre, Nicolas et Constantin, adorés par leur grand-mère. Paul 1er règnera 5 ans. Il est assassiné en 1801, étranglé par les partisans de son fils Alexandre.

Le nouveau tsar, Alexandre 1er est connu pour ses idées libérales. Il choisit de faire la paix avec les Français en 1807 par le traité de Tilsit. Mais si cela freine un peu les ambitions de Napoléon, il ne s’arrête pas. La France envahit la Russie en 1812. Tous les russes s’unissent pour défendre la nation. Quand les troupes françaises entrent dans Moscou, ses habitants incendient la ville afin de la rendre impossible à occuper. Napoléon fait volte-face et son armée harcelée par les partisans et l’armée régulière retourne chez elle : seulement 100 000 soldats français retourneront chez eux sur 450 000. Certains soldats français sont restés au printemps pour faire des travaux agricoles, à l’automne des enfants sont nés … Ainsi des communautés, avec une langue empruntée au russe et au français, se sont formées dans la région.

A la mort d’Alexandre en 1825, son frère Nicolas 1er lui succède. En décembre au moment où une partie des soldats se préparaient à prêter serment au nouveau tsar, des officiers se soulèvent. Souvent issus de l’aristocratie, les Décembristes réclament l’abolition du servage et un régime constitutionnel. Les conspirateurs mènent leurs troupes sur la place du Sénat à Saint-Pétersbourg. La révolte des Décembristes est un échec. Nicolas 1er voulut faire pendre les révolutionnaires, mais les cordes cassèrent, ce qui était un signe que Dieu voulait les sauver. Leur vie fut épargnée mais ils furent déportés en Sibérie. Leurs femmes autorisées à rester à la Cour, décidèrent d’accompagner leurs maris. Depuis ce temps en Russie, une femme fidèle est appelée « femme de décembriste ». Nicolas 1er gardera de cet épisode violent une peur pathologique de la révolution et on l’appela le gendarme de l’Europe.

En 1855, son fils Alexandre II lui succède sur le trône. Convaincu de la nécessité des réformes, il libère les derniers décembristes en exil et s’attaque à l’émancipation des serfs, ce qui fut fait en 1861. Durant son règne, l’activité révolutionnaire, dont l’idée vient de la France, se fait plus intense. La cible principale des anarchistes est évidemment le tsar. Il échappe ainsi à plusieurs attentats, mais le 1er mars 1881, une bombe atteint son but à Saint-Pétersbourg. La cathédrale du Saint-Sauveur-sur-le sang-versé a été érigée sur le lieu même du drame par son fils.

Celui-ci Alexandre III développe l’industrie dans son pays. Les rangs de la classe ouvrière ne cessent de grandir. Des milliers de kilomètres de voies ferrées sont posés sur tout le territoire, permettant notamment la construction du Transsibérien qui est commencée en 1891 et une industrie du charbon se met en place. L’accroissement de la population ouvrière urbaine devient explosif et les révolutionnaires se montrent de plus en plus actifs. En 1894, Alexandre III meurt dans son lit, un exception pour un tsar.

Son fils Nicolas II lui succède à la tête de la Russie mais ses moyens intellectuels sont relativement limités pour affronter une époque difficile. Il semble plus fait pour mener une vie paisible de père de famille à Tsarskoïe Selo que pour diriger un empire en crise. Incapables de racheter des terres, les paysans s’enfuient vers les villes où ils vivent dans des conditions atroces. Les grèves éclatent dans le pays et l’échec de la guerre russo-japonaise pousse à son comble le mécontentement de la population. Les émeutes prennent de l’ampleur en janvier 1905 quand une manifestation non violente d’ouvriers est réprimée dans le sang. Ce jour-là l’empereur fuit à Tsarskoïe Selo en protègeant un moine débauché, Raspoutine, qui exerce une influence grandissante à la Cour. L’entrée dans la première guerre mondiale sonne le glas pour la Russie. A la fin de 1916 la nation compte 2 millions de morts et le double de blessés. En octobre 1917 les bolcheviks préparent la prise du pouvoir qui passe aux mains des commissaires du peuple présidés par Lénine. C’était une personne qui avait beaucoup de charisme. IL développait des idées selon lesquelles tout appartient à tous et chacun doit vivre dans les mêmes conditions que les autres. L’idée de partage se développe et chacun doit vivre pour quelqu’un d’autre. Le tsar Nicolas II est assassiné avec toute sa famille à Iekaterinbourg.

L’URSS est créée en 1922. Alors commencent 70 de socialisme. Lénine meurt en 1924 et Staline le remplace. Il reste au pouvoir jusqu’en 1953, année de sa mort.

Demain Elisabeth terminera son histoire de la Russie

Avant le déjeuner sur le bateau, Valentine nous propose un atelier de la poupée russe. Avec trois carrés de tissu et quatre bouts de fil, elle nous guide dans la confection d’une poupée en chiffons.

En début d’après-midi nous débarquons à Iaroslav. La ville doit son nom au grand-prince Iaroslav le Sage. C’est le fils de Vladimir le Grand qui décida en 988 de se convertir au christianisme et d’imposer la nouvelle religion au peuple russe. Iaroslav, en visite d’inspection sur ses terres en 1010, abat d’un coup de hache un ours sacré. Il y fait construire une forteresse. Ainsi nait la ville qui porte son nom. Il y édifie des monuments en pierre avant que la cité soit mise à sac par des hordes mongoles. En 1463 elle est rattachée à Moscou.

Notre première visite est pour l’Eglise du Prophète Elie qui occupe le centre de la place Sovetskaïa. On doit sa construction aux deux frères Skripine, négociants en fourrures, très influents, proches du tsar et du patriarche. Edifiée en trois ans, de 1647 à 1650, elle est bordée de bâtiments administratifs. Menacée de destruction par Staline pour faciliter le passage des chars, elle sera sauvée par le courage de ses habitants qui s’y sont réfugiés. Cinq coupoles rappellent les églises du 17° siècle. Deux clochers l’encadrent : le clocher octogonal de l’église et le toit pyramidal de la chapelle de la Déposition-de-la-Vierge.

Les fresques sont la principale richesse de l’église. En 1680, 15 peintres fresquistes illustrent en trois mois et en quatre-vingt fresques la vie du prophète Elie et de son disciple Elizée. Elles ont traversé les siècles dans cette église sans subir de dommages

L’iconostase baroque du 17° est de toute beauté avec ses six rangées d’icônes … !

A l’extérieur, les façades sont décorées de carreaux de faïence polychromes, incrustés dans les murs.

Sur cette même place, en vis-à-vis, la douma régionale

Nous allons ensuite vers le centre de Yaroslav, ville de 600 000 habitants. Sur la place centrale la petite église Alexandre Nevski.

Un temps libre nous permet de découvrir un petit marché couvert qui offre une grande variété de fruits et légumes, de miel, d’œufs,

Près de l’endroit, sur un trottoir, des paysannes essaient de vendre quelques maigres légumes ou fleurs de leur production. Nous sommes le 2 juin et le muguet vient de fleurir dans ce coin de Russie … !

Après ce temps libre, nous nous retrouvons près de l’Eglise Alexandre Nevski et prenons le bus pour la visite de la Cathédrale de la Dormition. Non loin de là, le monument aux morts de la ville évoque la guerre : la femme travaille à l’usine tandis que l’homme est au front. Dans le lointain, la cathédrale que nous allons visiter.

La flamme du souvenir est toujours allumée.

Entre la première construction de la Cathédrale en 1215 et sa destruction complète en 1937, elle fut restaurée et même reconstruite plusieurs fois. Depuis 2004, à l’emplacement de l’édifice primitif, s’élève la nouvelle église, plus grande que la première. Elle fut consacrée en 2010, pour fêter le millénaire de la ville.

A l’intérieur, une belle iconostase

A l’extérieur, une statue de la Trinité. Elle a été réalisée en 1995 pour célébrer le millénaire de l’évangélisation de la Russie. Un bloc de granit gravé rappelle la fondation de la ville. Le caresser porterait chance … !

Au confluent de la Volga et de la Kotorosl un jardin public a été aménagé. Du haut d’un promontoire, on découvre l’espace.

Au premier plan un parterre central avec un ours en fleurs portant une hache sur l’épaule. 1005 évoque l’âge de la ville, commencée en 1010 et nous voyons de l’autre côté de la rive, l’église Saint Jean Chrysostome.

La légende veut que Iaroslav vainquit un ours qui l’attaquait en utilisant cette arme. L’ours devint l’emblème de la ville et figure sur les armoiries. L’inscription en bas figure l’âge de la ville. Fondée en 1010, elle a donc 1005 ans en 2015.

Notre visite se poursuit vers le Monastère de la Transfiguration du Sauveur.

Le monastère actuel a été reconstruit en 1515 à la place d’un plus ancien qui datait du 12° siècle. Avec son enceinte de 3 m d’épaisseur et de 7 à 10 m de haut, il devient la forteresse la plus puissante de ce lieu de la Volga. La communauté compte 150 moines.

Nous y pénétrons par les Portes Saintes datant de 1516.

Devant nous, le clocher et plus loin, reconnaissable à ses coupoles dorées, la Cathédrale de la Transfiguration. Avec son dôme vert, l’église des Thaumaturges.

Le clocher actuel a été édifié au 19°siècle. Il comprend une horloge, restaurée en 1983 et dotée d’un mécanisme électronique.

L’Eglise des Thaumaturges a été construite en 1827.

La cathédrale du monastère date de 1516. Massive avec ses coupoles dorées en forme de casques de guerriers.

Un peu plus loin’ le corps des cellules du monastère.

En 1612, la ville sert de point de ralliement aux troupes de Minine et Pojarski qui libèrent Moscou de l’emprise des envahisseurs polonais. Dans les allées du monastère une sculpture rappelle l’événement. Sur l’autre face, une représentation de Saint Georges terrassant le dragon.

A la fin du circuit, une vue arrière de la Cathédrale de la Transfiguration du Sauveur, de l’église des Thaumaturges et du clocher.

Une petite pause avant de reprendre le bus.

Après le repas, beau coucher de soleil sur la Volga.

Lundi 1er juin 2015

Lundi 1er juin 2015

Après le petit déjeuner et une réunion sur notre programme à Moscou, bain de soleil sur le pont arrière du bateau en attendant une présentation de la cuisine russe, avec ses spécialités, en particulier son borchtch, sorte de soupe préparée avec des betteraves, du chou, des carottes, des oignons, des tomates, des pommes de terre. Nous en goûterons plusieurs variantes, servies à chaque repas entre l’entrée et le plat de résistance.

Nous arrivons à Goritsy en début d’après-midi. Après le débarquement nous partons à pied visiter un premier monastère qui se trouve dans ce petit village de 3000 habitants. Nous découvrons quelques unes de ses rues et ses habitations, tandis que notre guide nous parle un peu des conditions de vie des habitants. Ils tirent l’essentiel de leurs revenus des touristes venus voir le Monastère de la Résurrection vers lequel nous nous dirigeons.

La plupart des maisons n’ont pas d’eau courante : un puits pourvoit aux besoins. Ils n’ont pas non plus de chauffage central l’hiver, alors que la température descend jusqu’à – 20 °C. La réserve de bois est indispensable pour alimenter le poêle qui permet de chauffer les pièces et de cuire les aliments. Chaque famille cultive son petit jardin qui produit les légumes et certains possèdent même une serre.

Le Monastère de la Résurrection fut fondé en 1544 par Euphrosyne, épouse du fils cadet d’Ivan III. Exilée pour avoir comploté avec des Boyards contre Ivan le Terrible, pour mettre son fils sur le trône, elle fut contrainte à prendre le voile dans un monastère à Moscou, puis rejoignit, sous le nom de Mère Eudoxie, ce monastère fondé par elle.

Contemporain du monastère de Saint-Cyrille, dont il constitue le pendant féminin, cet ensemble religieux fut fermé par les Bolchevicks en 1920. En 1970 il fut mis sur la liste des bâtiments à protéger et à reconstruire, associé au grand monastère de Kirillo-Belozersky. En ruine, il reprend vie tout doucement depuis 1990, grâce au courage de quelques religieuses qui échangent les beaux légumes de leur jardin contre une aide bénévole des habitants du village.

Un homme coupe des herbes folles à la faux.

Des échafaudages sont fixés sur l’Eglise de la Résurrection qui est en voie de restauration

Hors de l’enceinte du monastère, une petite église a été édifiée au bord de l’eau.

Quelques maisons plus récentes, donnent des notes de couleurs dans le paysage.

Sur le chemin du retour pour prendre le bus qui nous mènera au monastère Saint Cyrille, notre guide nous parle aussi du problème de l’alcoolisme, un fléau pour la région. La vodka est très chère et les hommes distillent leur propre alcool à base de plantes. La moyenne d’âge est faible dans cette région. On vieillit vite à Goritsy… !

Le bus nous conduit à sept kilomètres de là au grand monastère de Kirillov-Biélozerski ou monastère de Saint-Cyrille du lac blanc. Immense avec ses onze églises, disséminées sur 13 hectares, derrière 2,3 km de hautes murailles avec de nombreuses tours.

Vers 1397, Cyrille Bielozerski, archimandrite (supérieur dans les églises chrétiennes orientales) du monastère Saint Simon de Moscou, a une vision de la Vierge qui lui demande de fonder un monastère vers le nord. A 60 ans il quitte Moscou en compagnie du moine Feraponte qui connait la région. Ayant choisi le lieu du futur monastère, les deux hommes bâtissent une hutte et vivent là un an.

En 1398, Feraponte se sépare de Cyrille et part à une quinzaine de kilomètres, plus au nord, où il fonde son propre monastère : le monastère de Feraponte.

Cyrille vivra jusqu’à l’âge de 90 ans, grâce aux vertus de la vie ascétique, des herbes médicinales et de celles de l’eau pure du lac Siverskoïé.

Le monastère porte le nom de son fondateur qui construisit deux églises en bois sur deux collines voisines des rives du lac . Toutes les constructions sont en bois jusqu’à la fin du XVe siècle. Du vivant de Cyrille, 53 moines adhèrent à sa dure vie d’ascète et le monastère est influent.

En 1653, devant la menace d’une invasion suédoise, le tsar Alexeï en double la surface. On construit des murailles de 2 km de long et de 11 m de haut, flanquées de tours impressionnantes. A l’intérieur du monastère 700 cellules sont aménagées. A cette période y vivent 200 moines et quelques 500 personnes de passage

Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, Catherine la Grande édicte un oukase qui réforme le statut des monastères en vertu duquel l’Etat confisque toutes les terres monastiques et leurs serfs. Cette « nationalisation » sonne le déclin des monastères. Au moment de la révolution, il n’y a plus qu’une vingtaine de moines dans couvent.

Nous entrons dans l’enceinte générale du site par la tour de Kazan qui est actuellement en travaux.

Une fois passée cette porte, nous voyons déjà l’étendue du domaine, avec son mur d’enceinte de taille impressionnante.

Sur cette pointe de terre au bord du lac Siverskoïé, ont été construits deux monastères : le Monastère de la Dormition, le plus ancien et le plus important, que nous visiterons, et le Monastère de Saint-Jean dans lequel nous n’entrerons pas.

L’entrée principale de la Dormition se fait par les Portes Saintes (1523) dans le mur interne nord. Sur les murs, des fresques qui datent de 1585. Notre guide nous dit que si on franchit cette porte sans parler, un de nos péchés nous est pardonné … !

De 1569 à 1572, l’Eglise Saint-Jean Climaque fut construite au-dessus des portes, suivant la tradition russe, et dédiée au théologien byzantin du même nom. La partie supérieure de l’église fut endommagée par le feu et reconstruite au XVIIIe siècle avec un toit à quatre versants et une coupole baroque. Pour entrer dans l’enceinte du monastère nous sommes passés par la porte sainte de gauche sur cette photo

De part et d’autre de l’église, des bâtiments qui abritaient les cellules des moines.

Notre visite commence par la salle du trésor, qui abrite une exposition sur l’art russe. Elle donne un bon aperçu des différents arts appliqués du pays. Dans les salles sont exposées des icônes des 17°-19° siècles, des broderies en fil d’or, des vêtements et objets sacerdotaux. A cet endroit les photos ne sont pas autorisées.

De l’autre côté de la place, la Cathédrale de la Dormition avec ses dômes verts et le clocher. La cathédrale édifiée en 1497 en cinq mois est le premier édifice en pierres du monastère. Elle ne se visite pas.

Sur cette même place, la maison de l’Archimandrite qui abrite une collection importante d’icônes provenant de la Cathédrale de la Dormition de Kirillo et de la cathédrale du monastère de Feraponte

Au sol quelques pierres tombales.

Dans le réfectoire nous traversons un musée où sont exposés des vêtements et des broderies de l’artisanat local.

A la sortie nous découvrons à nouveau une partie de l’ancienne muraille, avec en premier plan, des bâtiments qui servaient autrefois de prison.

En traversant l’une des portes de la muraille, nous accédons aux rives du lac dont les eaux ont le pouvoir de rajeunir ceux qui s’y trempent.

Michel a tenté un plongeon … ! Rajeunissement et longévité garantis … !

Retour dans l’enceinte du Monastère de la Dormition

Accolée à la grande muraille, l’Eglise de la Transfiguration, édifiée en 1595. Actuellement elle est en travaux.

Sur notre route l’arrière du clocher et la maison des négociants en vin.

Non loin de là, l’Eglise Saint-Euthymius et le bâtiment qui renfermait les chambres des moines autrefois. Un peu plus loin, le monastère actuel.

Nous entrons dans l’Eglise Saint Cyrille dont nous pouvons admirer l’iconostase.

En quittant le sanctuaire nous nous dirigeons vers la grande muraille, en direction de la sortie.

Nous retrouvons la porte de Kazan qui est en travaux comme nous l’avons vu en arrivant.

Avant de regagner le car, un dernier coup d’œil sur la tour la plus ancienne de la muraille, la tour de Vologda.

Le bus nous ramène à l’embarcadère de Goritsy et nous jetons un dernier regard sur le petit Monastère de la Résurrection que nous avons visité en premier.

A 17h nous appareillons pour Iaroslav, distante de 250 kms.

Avant le diner russe prévu ce soir au restaurant du le bateau, nous goûtons à un apéritif local.

Ce soir au diner nous fêtons deux anniversaires : Danièle et Jean-Paul.

Un coucher de soleil sur le réservoir de Rybinsk, avant d’aller dormir.

Dimanche 31 mai 2015

Dimanche 31 mai 2015

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Pendant la soirée d’hier et la nuit nous avons parcouru les 278 km qui séparent Mandrogui de Kiji, en traversant le lac Onega du sud au nord.

Kiji (ou « Kizhi », selon la translittération officielle) est connue pour son musée qui rassemble des exemples de l’architecture typique de la Russie du Nord.

Les monuments que l’on peut admirer ont été collectés dans toute la région et sont dispersés sur la pointe est de l’île. La visite se transforme alors en une agréable balade sur des sentiers battus.

Cette réserve historique est un des premiers musées à ciel ouvert de Russie. Il est célèbre pour son ensemble architectural, fait des églises de la Transfiguration et de l’Intercession de la Vierge, dont les coupoles en sont les éléments les plus marquants. Mais le plus impressionnant reste leur construction : toute en bois, elles ne comportent ni clou, ni vis, tous les éléments sont imbriqués les uns dans les autres.

Ce qui nous frappe en arrivant, ce sont les bulbes des deux églises : la cathédrale de la Transfiguration avec ses 22 bulbes recouverts de tremble et, plus modeste l’église de l’Intercession-de-la-Vierge qui n’en compte que 9.

La légende attribue au charpentier Nestor la réalisation de ce que les Caréliens appellent la huitième merveille du monde. Après avoir fixé le dernier aisseau (bardeau) de tremble, en jetant sa hache dans le lac, il aurait proféré : « Il n’y en a jamais eu, il n’y en a pas et il n’y en aura plus de pareil »

Le premier bâtiment que nous visitons est une maison typique : l’isba d’un paysan riche, la plus grande du musée, ayant appartenu à Ochenev, et qui date de 1876. La particularité du musée est d’avoir reconstitué les intérieurs traditionnels, de sorte que le visiteur comprenne aisément le mode de vie, souvent modeste, des paysans russes jusqu’au 20e siècle.

Le poêle qui servait à la cuisine et réchauffautles pièces de la maison.

La vaisselle et le samovar qui permettait de garder le thé à bonne température. L’icône qui protégeait la maison, la broderie

Un peu à l’écart de l’isba, un charpentier nous fait la démonstration de la confection d’un de ces aisseaux de tremble dont il aura fallu en fabriquer 32 000 pour recouvrir les bulbes de la cathédrale de la Transfiguration.

Près de la maison, une petite cabane au bord du lac : le sauna qui permettait aux gens de se laver et de se purifier.

Un peu plus loin, la chapelle de l’Archange-Saint-Michel. Elle vient d’un village voisin et date de la fin du XVIIIe siècle. Elle est constituée de trois parties. Elle a un joli bulbe recouvert d’aisseaux. Dans son petit clocher belvédère octogonal, un carillonneur nous interprète un air russe que nous écoutons avec attention.

A deux pas de là, la petite chapelle de la Résurrection de Lazare qui est le plus vieux lieu de culte que l’on puise voir à Kiji. Elle était à l’origine dans la région de Moscou où elle avait été construite en 1391.

Tout près un moulin à vent qui a la particularité d’avoir 8 ailes … !

Revenons à l’enclos des deux églises principales et du clocher. L’église de l’intercession, avec ses neuf bulbes est la plus petite des deux. Elle date de 1764 et elle est ouverte à la visite

Sa galerie d’entrée mène au chœur où nous découvrons des icônes peintes sur bois, très colorées. Trois popes nous interprètent un chant religieux russe de leur répertoire

Deuxième bâtiment de l’enclos, un clocher dans lequel sont exposées quelques cloches et au pied, un petit cimetière avec la croix orthodoxe

Le joyau de l’enclos, la cathédrale de la Transfiguration n’est pas ouverte au public parce qu’elle est en travaux. Elle a été édifiée en 1714, en remplacement d’une église précédente ravagée par la foudre.

Après cette incursion dans la partie la plus septentrionale de notre voyage, nous regagnons Le Leonid Krasin pour poursuivre notre croisière.

Cette région de forêts et de lacs est peuplée depuis l’Antiquité. Aujourd’hui, à Kiji, ils sont une cinquantaine, essentiellement occupés à sauvegarder l’ensemble architectural que nous venons de découvrir. Ces habitants restent coupés du monde pendant les sept mois d’hiver, ravitaillés par motoneige, vivant de la culture de leurs quelques arpents de terre pendant l’été.

Après cette visite à pied du musée de l’architecture en bois, retour au bateau et appareillage pour Goritsy. Nous y arriverons demain à 13h.

Pour occuper notre temps sur le bateau, Elisabeth, notre représentante du groupe Salaun à bord du Léonid Krasin nous propose une conférence sur l’histoire de la Russie.

Pour introduire son exposé, elle nous explique que si les russes ont une certaine facilité à apprendre les langues étrangères, cela est dû à leur histoire. Le pays s’est peuplé autrefois de tribus qui se sont installées, venant de tous les coins du continent. Les plus importantes se sont installées à Kiev, berceau de l’ancienne Russie en l’an 800.

En 957 la princesse Olga de Kiev accompagne un groupe de marchands jusqu’à Constantinople, capitale chrétienne de l’Orient. Elle est tellement impressionnée par la ville et le mode de vie des gens, qu’elle décide d’embrasser la foi chrétienne. En 988, son successeur, le prince de Kiev, Vladimir le Grand se pose à son tour la question de la foi, mais plusieurs choix s’offrent à lui et il ne se précipite pas pour prendre sa décision. Non seulement il veut connaitre l’Eglise de Constantinople et celle de Rome, mais en plus il souhaite étudier l’islam et le judaïsme. Il convoque à la Cour les représentants de ces quatre religions. Chacun est invité à exposer ses arguments. Le défilé commence par les juifs. Mais ceux-ci, comme les musulmans qui leur succèdent, ne font pas une bonne impression, quand ils évoquent devant leurs auditeurs la circoncision et l’interdiction de consommer de l’alcool et du porc. Quand vient leur tour, les émissaires de Rome se font fort de rassurer Vladimir en lui certifiant que la circoncision est inconnue dans l’Eglise chrétienne et que celle-ci n’interdit ni le porc ni l’alcool. Mais quand ils abordent le jeûne obligatoire, Vladimir leur ordonne de quitter les lieux sur le champ.

Egalement consultés, les Grecs de Constantinople se gardent bien d’évoquer de quelconques interdits et l’engagement de Vladimir aux côtés de Byzance est formalisé par son baptême en 990.

Ce choix aura une influence considérable sur la suite de l’histoire du peuple russe.

Sous Iaroslav le Sage, fils de Vladimir qui règne de 1019 à 1054, la Russie devient un grand état proche de ceux de l’Europe Occidentale. Mais des incursions mongoles viennent détruire cette belle organisation et la Russie passe sous le joug tatare jusqu’à la fin du XVe siècle.

Alexandre Nevski reconnait la suprématie militaire des Tatars et se soumet à eux. Une fois établie, la domination tatare se traduit principalement par la collecte des taxes. Les occupants ne cherchent pas à imposer leur culture et les habitants de Moscou comprennent qu’ils sont à même de conserver un véritable pouvoir à condition de verser régulièrement leur tribut à la Horde d’or.

Petit à petit Moscou prend de l’importance et se libère de la domination tatare. Sous le règne d’Ivan III, la Russie est réunifiée en un grand état. Il adopte comme emblème l’aigle bicéphale de Byzance qu’il ajoute à Saint Georges, emblème de Moscou. Il proclame sa volonté de faire de sa capitale « la troisième Rome ».

En 1613, Mikhaïl Fiodorovitch est déclaré premier tsar de la dynastie des Romanov qui ne prend fin qu’en 1917. Son petit-fils Pierre 1er prend les rênes du pays en 1682. Grand par la taille : 2m 03, il le fut aussi par le rôle qu’il joua, favorisant l’évolution du pays, l’ouvrant vers l’occident. Dans son adolescence il a été marqué par le meurtre de son oncle et de sa tante. Il s’est marié une première fois à Eudoxie Lopoukhine dont il aura trois enfants. Puis après avoir « cloîtré » cette première femme dans le couvent Novodievitchi à Moscou, il se marie avec celle qui deviendra Catherine 1re et qui lui succèdera à sa mort en 1725.

Pierre le Grand a beaucoup voyagé pour prendre des idées dans les autres pays. Comme nous l’avons déjà vu il a fondé Saint-Pétersbourg pour avoir une ouverture vers la mer et l’occident. Il a rencontré Louis XIV et a voulu marier sa fille Elisabeth avec lui.

Lui-même s’est remarié avec une allemande, Augusta, qui se convertit et pris le nom de Catherine. Elle lui succéda en 1725 à son décès. Viendront ensuite Pierre II son petit-fils (1727-1730) puis Anne sa nièce (1730-1740), puis sa fille Elisabeth (1741-1762). Enfin Catherine II, dite la Grande, épouse allemande de son petit-fils Pierre III, que sans doute elle fit tuer pour monter plus vite sur le trône. Elle s’efforce de donner une image d’une impératrice éclairée : amie des encyclopédistes français, elle correspond avec Voltaire et invite Diderot en Russie.

Sous son règne, le servage est établi en Russie. Elle a donné des terres à des vassaux et elle a signé une loi empêchant le déménagement : les serfs appartiennent aux vassaux. A l’époque le vassal décidait pour tous. Cela a donné aux russes une habitude de passivité.

Avec la Grande Catherine se termine notre conférence pour aujourd’hui.

Après le déjeuner nous sommes invités à visiter la passerelle du bateau. Nous sommes au milieu du lac Onega et le capitaine a mis le pilote automatique.

Michel et Inna préparent la visite

C’est avec beaucoup d’attention que nous écoutons le commandant bateau nous expliquer le rôle des différents instruments de la passerelle.

Il nous explique aussi dans le détail le fonctionnement des écluses.

A suivre un cours de langue russe et découverte des rudiments de l’alphabet … ! Ce n’est pas encore demain que nous lirons la Pravda dans le texte … !

Après le diner, un concert de musique instrumentale.

Samedi 30 mai 2015

Samedi 30 mai 2015

Hier soir nous avons quitté Saint-Pétersbourg et avant l’heure du coucher nous sommes arrivés à l’embouchure de la Neva, sur le lac Ladoga. Ce lac est le plus grand d’Europe avec une superficie de 17 900 km2.

293 km séparent Saint-Pétersbourg de Mandrogui. Pendant la nuit notre bateau a progressé sur le lac. A cette latitude, et à cette époque les nuits sont très courtes ; 4 h à peine… !A 3h de matin le jour se lève … !

Après le petit déjeuner, Elisabeth nous réunit à 9h 30 pour des informations générales concernant notre croisière.

A 10h30, alerte générale. Exercice d’enfilage de gilets de sauvetage, dans la bonne humeur comme toujours… !

Avant le repas de midi, nous passons la première des 17 écluses qui nous permettront de rejoindre Moscou à 162 m au dessus du niveau de la mer Baltique.

Pendant notre voyage nous effectuerons toujours une montée d’écluse, sauf une fois.

Pour gravir une dizaine de mètres à chaque fois, en passant du bief inférieur au bief supérieur, le processus est toujours le même.

La porte du sas en amont est fermée, le bateau entre dans l’écluse et s’amarre sur l’un des côtés de la chambre, pour éviter d’être déplacé et déséquilibré quand le sas se remplit d’eau une fois la porte aval refermée .

Quand la manœuvre d’accroche est faite on ferme la porte en aval et on introduit l’eau dans la chambre.

Le bateau se soulève et quand le niveau est atteint, on ouvre la porte amont. Au feu vert on fait entrer le bateau dans le bief supérieur.

Vers 13h30 nous arrivons à Mandrogui. Des lamaneurs sont à la manœuvre pour amarrer le bateau au quai.

Notre visite commence par une partie du site occupée par des maisons en bois dans lesquelles on nous présente des objets de l’artisanat fabriqués sur place.

Dans ce petit village de Carélie, incendié pendant la guerre 1939 – 1945 et complètement abandonné dans les années 1960, des artisans, en 1996, ont rebâti dans le style traditionnel russe, des maisons d’habitation en bois. Aujourd’hui le village compte 150 habitants, et plus de 200 personnes y travaillent et viennent tous les matins pour repartir le soir. Des maisons d’hôtes sont aussi proposées aux personnes en recherche de calme.

Les familles vivent dans leurs isbas au premier étage et au rez-de-chaussée, pendant la saison touristique, elles proposent des objets de leur fabrication : peintures sur bois, tissage, broderies, sculptures. Comme d’habitude à l’ARECMO, les femmes furètent et les hommes patientent … !

Notre déjeuner est servi sous une structure en bois qui nous donne l’impression de pique-niquer, tout en profitant d’un bon confort… !

Retour à bord vers 17h et appareillage pour Kiji.

Avant le diner nous avons une animation sur l’histoire de l’artisanat russe avec la possibilité d’acheter sur le bateau des objets présentés.

Sur le pont le spectacle est permanent au fil de l’eau.

En cette fin d’après-midi, nous naviguons en direction du lac Onega. Demain matin nous arrivons au nord du lac, dans le village de Kiji.

Vendredi 29 mai 2015.

Vendredi 29 mai 2015.

Aujourd’hui nous prenons la route de Tsarskoïe Selo, dans la ville de Pouchkino, à 25 kms au sud de Saint-Pétersbourg. Nous sommes accueillis par une fanfare qui interprète des airs du folklore russe.

Ce palais a été construit sur un terrain offert par Pierre Le Grand à sa femme Catherine 1re. En 1711 elle y fit élever un petit palais. A sa mort, le domaine passa à sa fille la grande duchesse Elisabeth 1re, qui devenue impératrice en 1741, décida de transformer les bâtiments en un palais fastueux. C’est l’architecte Bartolomeo Rastrelli qui réalisa le plus gros du travail. Le palais fut baptisé Catherine, en l’honneur de la mère d’Elisabeth 1re. Plus tard Catherine II (la Grande Catherine), prit une part active à l’embellissement du domaine en confiant à des architectes la décoration et l’aménagement intérieur du palais et la réalisation de certaines constructions dans le parc. C’est également sous son règne que fut construit, pour son petit-fils Alexandre 1er, le palais Alexandre. Ce fut la résidence officielle du dernier des Romanov Nicolas II et de sa famille et c’est là qu’il se réfugia avec sa famille après son abdication en 1917. C’est de là qu’avec son épouse et ses enfants, ils furent transférés à Tobolsk puis à Ekaterinbourg où ils furent tous massacrés.

La visite de Tsarskoïe Selo est aussi une rencontre avec Alexandre Pouchkine qui y passa six années lorsqu’il étudiait au Lycée Impérial de 1811 à 1817. Il y vécut également après son mariage et trouva l’inspiration au cours de ses promenades dans le parc. Du palais, on y accédait par une arche qui franchissait la rue.

Le palais Catherine frappe par ses dimensions : plus de 300 m de long. Rastrelli sut éviter la monotonie, grâce à des variations de couleurs et de formes : des murs bleu azur, des colonnes blanches

A l’origine, les sculptures qui semblent tenir l’édifice étaient recouvertes d’or. Aujourd’hui elles sont peintes d’une couleur ocre sans éclat. Seules les dorures des grilles et celles des bulbes couronnant la chapelle sont recouvertes d’une fine couche d’or.

Notre visite commence par l’escalier d’honneur qui occupe toute la largeur du bâtiment.

Les rideaux rouges se détachent sur le fond blanc de ses murs et de ses plafonds décorés par des tableaux de maîtres italiens.

Des porcelaines chinoises et japonaises sont installées sur les consoles des murs. Une belle pendule également

A suivre, la Grande Salle. Cette pièce de 846 m2 apparait encore plus grande grâce à ses multiples miroirs, à la profusion des éléments dorés et aussi à son plafond peint.

C’est l’une des plus vastes salles de tous les palais de Saint-Pétersbourg et de ses environs aménagés par l’architecte Rastrelli pendant les années 1750. Le volume est encore augmenté par 24 grandes fenêtres au premier niveau surmontées de 24 autres au deuxième niveau.

L’élément principal du décor de cette immense salle est l’abondance d’ornements sculptés et dorés. Lors de la restauration, une partie des sculptures a été réparée, l’autre reconstituée d’après des échantillons qui s’étaient conservés, selon des techniques anciennes.

Au plafond une peinture grandiose représentant le triomphe de la Russie.

Le parquet en marqueterie contribue à la splendeur de l’ensemble.

Il faut imaginer son éclat à la lumière de 700 bougies allumées au cours des réceptions et des bals … !

Les portes de la Grande Salle mènent dans trois antichambres décorées de motifs baroques en bois ciselé et doré selon des dessins de Rastrelli.

Dans la première antichambre, on peut admirer des poêles revêtu de carreaux en faïence bleue. Le plafond peint devait être splendide, éclairé par 300 bougies

Dans la deuxième antichambre, toujours un décor de motifs en bois ciselé et doré. Des glaces qui agrandissent la pièce. Dans celle-ci une table est dressée. Elle nous montre la richesse de la vaisselle d’époque.

La troisième antichambre est décorée de colonnes dorées

Les travaux de restauration dans les antichambres débutèrent par la reconstruction des plafonds peints qui avaient disparu durant la dernière guerre après l’effondrement des combles, sous les bombardements.

La Salle des Arabesques

L’architecte Charles Caméron a commencé ces travaux dans cette salle en 1781. Elle est très lumineuse avec sa gamme de couleurs blanc-bleu et or. A mi-hauteur des murs, une corniche moulée fait tout le tour de la pièce. Au sol un magnifique tapis recouvre presque toute la surface. La salle tire son nom des ornements du plafond et des arabesques largement utilisées dans le décor des murs.

La Salle à manger des Chevaliers.

Cette salle était destinée aux réceptions des chevaliers de différents ordres. Sur les tables sont exposés trois magnifiques services, fabriqués à la Manufacture Impériale de porcelaine, qui portent les armoiries des trois ordres russes les plus importants : au centre le service de Saint-André réservé à la noblesse ; à gauche celui de Saint-Georges réservé aux officiers supérieurs ; à droite celui de Saint-Vladimir pour les personnalités civiles. Les tables ne se trouvaient pas en permanence dans la salle à manger mais y étaient apportées en cas de nécessité.

Saint-André et sa vaisselle

Saint-Georges Saint-Vladimir

La Salle à manger Blanche

C’est la salle à manger d’apparat. Les repas que l’on donnait dans cette salle étaient particulièrement splendides. La table était recouverte d’une nappe blanche ornée d’une guirlande de fleurs. Il y avait un service spécial pour ces repas, fabriqué à la Manufacture de porcelaine Feodor Gardner dont la renommée égalait celle de la manufacture impériale.

A suivre deux salons : le Salon Framboise et le Salon Vert.

Ils sont décorés de pilastres en verre sous lesquels se trouvent des paillettes de couleurs framboise et verte, d’où le nom des deux salons. La structure fait penser aux pierres précieuses. Autrefois ces salles n’avaient pas de destination spéciale. Aujourd’hui, au centre du Salon Framboise on peut voir une table de jeux sur laquelle se trouve un jeu d’échecs en provenance de Chine : les figurines sont en ivoire, incrusté de nacre.

Les grands poêles sont revêtus de carreaux peints de cobalt (ce qui les rend semblables à des carreaux de faïence)

Vient ensuite le Cabinet d’Ambre qui est la salle la plus précieuse du palais Catherine. A l’origine ce chef-d’œuvre était constitué de 6 panneaux de chêne couvrant plus de 100 m2 et incrustés de 6 tonnes d’ambre, de miroirs et de mosaïques italiennes à base de pierres précieuses. Il avait été réalisé au début du XVIIIe siècle pour le palais du roi de Prusse Frédéric 1er à Berlin. Pierre le Grand l’admire lors d’une visite dans cette ville et le fils de Frédéric lui en fait cadeau. En 1754, la chambre d’ambre est montée dans le palais de Catherine. Des artisans allemands et russes élargissent le décor pour l’adapter au nouvel espace.

Après avoir émerveillé les visiteurs pendant près de deux siècles, il est démonté par les nazis lors de l’occupation allemande et rapatrié à Königsberg. Mais lorsque les soviétiques reprennent cette ville, ils n’en découvrent aucune trace

Après trente ans de vaines recherches, le gouvernement de l’URSS décide de reconstruire à l’identique la merveille disparue. Reconstitué centimètre par centimètre pendant une vingtaine d’années par les plus éminents spécialistes de Russie, le cabinet d’Ambre fut achevé grâce à une dotation faite par une société allemande.

Le nouveau cabinet d’Ambre fut inauguré en mai 2003 pour la fête du tricentenaire de Saint-Pétersbourg par le président Poutine et le chancelier Gerhardt Schroeder. L’espoir de retrouver la décoration d’origine est réapparu en 1997 avec la découverte en Allemagne d’une mosaïque d’origine. Pour le moment le mystère demeure … !

Nous n’avons pas l’autorisation de prendre des photos dans cette pièce. Sur internet je prends une photo de cette chambre qui rend compte du travail réalisé … !

La Salle des Tableaux

L’élément principal de cette salle est un ensemble de tableaux, accrochés les uns à côté des autres. Rastrelli recouvrit entièrement les murs de 130 toiles dues à des peintres d’Europe occidentale des XVIIe et XVIIIe siècles.

La Petite Salle à manger Blanche

Ses meubles et son plafond

Le Salon d’Alexandre 1er

La Salle à manger Verte

Elle fut décorée par Charles Cameron. Sur le fond vert clair des murs, des moulures sont mises en relief.

Avant de visiter le jardin nous passons devant des clichés qui font découvrir l’état du palais à la fin de la seconde guerre mondiale. En les visionnant, on mesure le travail fourni pour sa restauration … !

Le Parc Catherine.

C’est un vaste parc de près de 300 ha qui se compose de deux parties : le vieux jardin, face au palais Catherine et le parc paysager à l’anglaise, organisé autour d’un grand étang.

Traversé d’allées rectilignes, le vieux jardin est orné de statues. De part et d’autre de l’allée centrale, deux petits étangs. Près de l’un d’entre eux, le Pavillon des Bains Supérieurs qui se reflète dans les eaux de l’étang et qui était réservé à la famille impériale. Il abrite maintenant des expositions temporaires.

Le vieux jardin est délimité au sud par un ensemble de bâtiments, œuvre de Charles Cameron. Nous profitons des escaliers d’accès aux constructions pour faire une photo de groupe.

Le parc paysager s’organise autour d’un grand étang. En son milieu, une île qui abrite un pavillon que l’on devine entre les arbres. Construit par Rastrelli au milieu du XVIIIe siècle, elle servit de salle de repos et de refuge aux musiciens qui jouaient tandis que l’impératrice et ses invités faisaient une promenade en barque.

Toujours en bordure du grand étang, le Pavillon des Bains Turcs fut construit en 1852. Monument célébrant la victoire qui conclut la guerre russo-turque de 1828-1829, le bâtiment évoque une mosquée avec son minaret.

La Grotte qui fut construite sur un projet de Rastrelli en 1749.

Elle servait de lieu de repos lors des promenades en bateau.

Catherine II aimait y passer très tôt le matin. Nous y entendons un groupe de chanteurs russes.

Dans l’axe des bains turcs , émergeant des eaux, la Colonne de Tchesmé, érigée en 1776, en l’honneur de la victoire navale remportée par la Russie sur les Turcs en 1770, dans la baie de Tchesmé, en mer Egée.

Haute de 25 m, elle est ornée de rostres et couronnée de l’aigle bicéphale dominant le croissant turc.

En quittant le parc, nous passons devant l’Amirauté. Construite en 1777, elle était destinée à abriter les barques et les petits bateaux de plaisance d’où le nom de l’ensemble.

A l‘étage supérieur se trouvait une salle de repos.

Ici se termine notre visite de ce palais, impressionnés par son histoire et admiratifs devant le travail de restauration entrepris pour lui redonner tout le lustre qu’il a aujourd’hui.

Après le déjeuner sur le bateau, nous partons pour une visite libre dans la ville de Saint-Pétersbourg. Notre car nous dépose sur la Place des Arts, non loin de l’Avenue Nevski et c’est cet axe qui traverse une grande partie de la ville que certains d’entre nous décident d’aller explorer. Nous l’avons déjà parcouru en bus lors de notre visite panoramique de la ville, mais cette fois nous allons à pied à la découverte de certains monuments ou de certaines curiosités.

Nous remontons l’avenue jusqu’au Pont Anitchkov. Il porte le nom de l’ingénieur militaire Mikhaïl Anitchkov qui dirigea les travaux du premier pont en bois sur la Fontanka, l’un des bras de la Neva. Il fut ensuite remplacé par le pont actuel et aux quatre coins du pont on peut voir des sculptures représentant les quatre phases du dressage d’un cheval sauvage. La petite histoire raconte aussi que le sculpteur Piotr Klodt, pour se venger de l’amant de sa femme, sculpta le portrait de celui-ci à la place du sexe de l’un des chevaux… !

Au pont nous rebroussons chemin en direction de la Neva.

Une construction dotée d’une énorme verrière, abrite la plus célèbre épicerie fine de la rue.

Elle appartint jadis aux riches marchands Elisseïev, propriétaires de nombreux magasins d’alimentation, maisons et auberges.

Conçu en 1903, l’édifice est très particulier avec son revêtement en granit et ses grandes sculptures représentant le Commerce, l’Art, la Science et l’industrie.

A l’intérieur on y vend des charcuteries, fromages, boissons, confiseries.

En face, sur la place Ostrovski, une grande statue de Catherine II, réalisée en 1873 par Mikhaïl Mikechine, avec en arrière plan le théâtre Alexandra que nous avons vu sous la pluie lors de notre balade nocturne à Saint-Pétersbourg. Elle a été conçue et réalisée par Carlo Rossi, l’un des architectes les plus brillants de Russie. Ce qui n’était qu’un terrain vague fut transformé par l’architecte en une des places les plus belles de la ville. Appelée jadis place Alexandra, elle porte depuis 1923 le nom du grand dramaturge russe Alexandre Ostrovski.

Légèrement en retrait de la perspective Nevski, l’église Sainte-Catherine. Construite entre 1763 et 1782 par les architectes Vallin de La Mothe et Rinaldi, elle possédait avant la révolution une belle décoration intérieure et une belle bibliothèque. Théophile Gauthier, Honoré de Balzac et Alexandre Dumas vinrent s’y recueillir. On y célébra la messe funéraire pour Auguste de Montferrand, l’architecte de la cathédrale Saint-Isaac.

Transformée en entrepôt sous le régime soviétique, elle a été rendue à la communauté catholique en 1992.

Du même côté de la rue Nevski, la Maison de la société Singer construite pour la firme des machines à coudre du même nom. A des fins publicitaires, cette compagnie voulait posséder un immeuble de dix étages sur l’artère principale de la ville. La municipalité s’y opposa en vertu de la loi en vigueur à l’époque, qui fixait comme hauteur maximale de tous les édifices, celle du palais d’hiver. La société dut se contenter d’un bâtiment plus modeste, mais contourna l’interdiction en faisant couronner l’édifice d’un dôme surmonté d’un globe de verre. Bâti entre 1902 et 1904, cet immeuble abrite sur deux étages la plus grande librairie de la ville.

Lui faisant face, la Cathédrale Notre Dame de Kazan

Elle fut édifiée entre 1801 et 1811 pour abriter l’icône miraculeuse de la ville de Kazan, qui selon la légende assura la victoire des Russes sur les envahisseurs polonais en 1612, ce qui allait permettre au premier Romanov, Mikhaïl Fiodorovitch, d’accéder au trône.

Depuis lors, l’icône fut considérée comme la protectrice de la famille. C’est Pierre le Grand qui la fit transférer de Kazan à Saint-Pétersbourg en 1710. Elle fut alors placée dans l’église de la nativité de la Vierge, principale église de la nouvelle capitale, que Paul 1er décida de remplacer par une cathédrale. Sur les conseils du comte Stroganov, celui-là même qui fit construire un palais tout près dans la même rue, Paul 1er confia son édification à des artistes exclusivement russes. Ce fut Andreï Voronikhine qui fut choisi pour diriger les travaux.

Inspirée de Saint-Pierre de Rome, elle est caractérisée par son dôme de 76m de haut et ses 96 colonnes en hémicycle.

A l’intérieur, on peut observer des colonnes monolithes en granit rose de Finlande. Il y a une queue impressionnante de personnes venues en cet après-midi de mai, vénérer l’icône.

Après la victoire des Russes sur Napoléon en 1812, la cathédrale devint un monument à la gloire de la Russie. On y exposa les étendards des régiments vaincus, les clés des forteresses prises par les Russes, ainsi que le bâton du maréchal Davout, saisi sur le champ de bataille.

Devant la cathédrale deux monuments en bronze. Le premier à la gloire du feld-maréchal Mikhaïl Koutouzov, commandant en chef de l’armée russe pendant la guerre avec Napoléon et le deuxième, à la gloire de Barclay de Tolly, autre héros de la guerre de 1812. D’origine française, mais émigré à la révolution, après avoir vu guillotiner une partie de sa famille, il combattit du côté des Russes.

Avec l’alphabet russe que nous avons reçu, vous pouvez traduire les deux plaques.

En 1932 la cathédrale fut transformée en un musée de l’Athéisme qui exposa de nombreux objets saisis au clergé. Elle fut rendue au culte au début des années 1990.

Légèrement en retrait se dresse l’une des églises non orthodoxes de Saint-Pétersbourg : le Temple luthérien Saint-Pierre. Conçue par l’architecte Alexandre Brioullov, elle fut édifiée entre 1833 et 1838.

L’église accueillait une importante communauté évangélique jusqu’en 1936. Elle fut alors transformée en entrepôt pour légumes. A partir des années 1950 elle fut réaménagée en piscine pour une société de sport amateur. Gravement endommagée par ces affectations incongrues, elle fut rendue au culte dans les années 1990.

Le palais Stroganov.

A l’angle de la rue Nevski et de la Moïka sur laquelle nous avons navigué, ce palais rose et blanc est un exemple de baroque russe. Il fut construit en 1753-1754 par l’architecte Bartolomeo Rastrelli pour le comte Stroganov, richissime propriétaire des usines et des salines de l’Oural.

Nous passons ensuite sur le pont vert avec de part et d’autre une perspective sur le canal que nous avons emprunté en bateau.

En continuant de remonter l’avenue Nevski, nous arrivons, non loin de la Volga, sur la place du palais de l’Ermitage. Nous l’avons déjà découverte rapidement en bus, mais aujourd’hui nous avons le temps de nous y arrêter et d’admirer cet espace.

La vaste place d’une superficie de 8 ha, avec au milieu la colonne Alexandre et à gauche la façade du palais d’hiver, l’Ermitage, dont nous avons déjà visité une partie du musée.

Dressée au centre de la place du Palais en l’honneur de la victoire remportée en 1812, cette colonne érigée entre 1830 et 1834 porte le nom d’Alexandre 1er, le vainqueur de Napoléon. C’est la plus haute colonne du monde puisque, avec son pièdestal et l’ange doré à son sommet, elle atteint 47,50 m de haut.

Une des particularités de ce monolithe de granit pesant près de 600 tonnes, est qu’il tient sur son piédestal, sans fixation aucune, comme un verre sur une table. Pas d’inquiétude pourtant. Ni les bombes allemandes, ni les défilés soviétiques n’ont réussi jusqu’à présent à l’ébranler. Un paradoxe : ce monument à la gloire de la Russie fut construit par un français, Auguste de Montferrand, ancien soldat de Napoléon, décoré de l’ordre de la Légion d’Honneur.

Sur cette même place, faisant face au palais de l’Ermitage, le monument de l’Etat-major général. Sa façade courbe atteint 580 m de longueur. Bâti entre 1819 et 1829, les deux ailes en hémicycle sont reliées par un majestueux arc de triomphe. L’arc est surmonté d’une Gloire Ailée dressée sur son char et évoque la victoire russe sur l’armée de Napoléon.

Nous rejoignons l’avenue Nevski en passant sous l’arc de triomphe. Avant de rejoindre le lieu de rendez-vous, un petit détour par la cathédrale Saint-Sauveur sur le sang versé. On ne se lasse pas de regarder cet édifice avec ses décorations multiformes et multicolores.

Le but ultime de notre promenade, la place des Arts, cœur de la vie artistique. Ce quartier rassemble de nombreux théâtres, salles de concerts et de nombreux musées.

L’un d’entre eux, le Musée Russe possède l’une des plus riches collections de l’art russe du pays. On y découvre les trésors de la peinture, de la sculpture et de l’art populaire russe, rassemblés en ce lieu. C’est pourquoi on en voit peu dans les autres musées.

Il a été construit entre 1818 et 1825 par Carlo Rossi pour le grand-duc Michel, un fils de Paul 1er.

Sur cette place des Arts, la statue de Poutchkine.

Cet écrivain est né à Moscou en 1799. Il fit des études au lycée impérial dont nous avons vu les bâtiments ce matin. Auteur d’innombrables poèmes, drames et œuvres en prose. Epris de liberté, proche des décembristes, ce groupe d’officiers qui en 1825 réclamaient l’abolition du servage, il a souvent connu l’exil.

Il fut tué en duel à l’âge de 38 ans, à Saint-Pétersbourg, en 1837. Il est considéré comme le véritable fondateur de la littérature russe.

C’est au pied de sa statue, colonisée par les pigeons en cette fin d’après-midi, que nous attendons notre ange-gardien Inna. Elle doit nous reconduire au bateau pour une heure précise : aujourd’hui nous quittons Saint-Pétersbourg pour suivre le cours de la Neva en direction de Moscou, but ultime de notre voyage.

Retour au bateau avec un dernier aperçu du pont à haubans près duquel nous sommes restés amarrés pendant notre séjour dans la ville.

Ainsi se termine notre visite de Saint-Pétersbourg et de ses environs.

Notre bateau est amarré sur la Neva, à l’est de la ville. Nous ne sommes donc pas tributaires de la levée des ponts et pouvons appareiller à 19h précises. Un dernier au-revoir aux quais et au pont à haubans, la croisière peut commencer … !

Dans la salle de conférences nous avons une présentation du commandant et de son équipage, avec un cocktail de bienvenue.

Après le diner, dans la même salle, un concert est donné par les animateurs de la croisière : Alexeï à l’accordéon, Victor au piano et Catherine t ? aux chants russes.

A la tombée de la nuit, nous passons près de la Forteresse Chlisselbourg.

Elle est inscrite au patrimoine Mondial de l’UNESCO.

Située sur l’embouchure de la Neva sur le lac Ladoga, à 35 km à l’est de Saint-Pétersbourg, elle a d’abord été construite en bois en 1323. Puis entre 1330 et 1353, elle fut reconstruite en pierres. Les Suédois s’en emparent en 1611. Les Russes, sous Pierre le Grand, la reprennent en 1702. Elle reçut alors son nom actuel.

A l’époque de la Russie Impériale, elle fut une prison politique. Ivan VI y fut assassiné en 1764 et le frère de Lénine pendu en 1887. Actuellement c’est un musée.

Avant d’aller dormir, un dernier coup d’œil sur le lac Ladoga où des pêcheurs tentent leur chance aux derniers rayons du soleil.

Jeudi 28 mai 2015

Jeudi 28 mai 2015

Ce matin notre journée commence par la visite du Château de Peterhof, l’un des premiers palais construits dans les environs de Saint-Pétersbourg. Il est situé à 30 kms de la ville, sur le Golfe de Finlande au bord de la mer Baltique.

Nous sommes accueillis au son de la Marseillaise, sous un crachin, digne de la Bretagne… ! Pendant le voyage en car notre guide nous a raconté l’histoire de ce palais.

Il est né d’une petite demeure en bois, édifiée en 1705, qui permettait à Pierre 1er de faire une halte lors de quelques voyages. En 1709, il décide d’élever une résidence digne d’un grand souverain. Il en dessine lui-même les plans, y compris ceux du canal maritime, du jardin et des fontaines. . En 1717, lors de son voyage en France, il est impressionné par sa visite à Versailles et il confie à Jean-Baptiste Leblond, lui-même élève de Le Nôtre, le soin de créer son propre Versailles sur la côte de la Baltique

L’inauguration a lieu le 15 août 1723. Il fut par la suite agrandi sous le règne de Catherine II, sous la direction de l’architecte italien Bartolomeo Rastrelli.

Durant deux siècles il fut la résidence officielle d’été des empereurs de Russie.

Après la révolution d’octobre 1917, il fut transformé en musée. Presque entièrement détruit pendant la seconde guerre mondiale, il fut reconstruit et à nouveau ouvert au public.

Nous accédons au palais par le jardin supérieur. A l’époque de Pierre le Grand, ce terrain était occupé par un potager et au milieu du XVIIIe siècle, il devint un parc servant de cour d’honneur à la résidence des tsars.

Pour visiter l’intérieur du palais, le port des chaussons s’impose pour éviter d’abimer le plancher. A l’intérieur, les photos sont interdites.

Dans cette construction de 238 m de long, se succèdent des salles d’apparat comme la salle de danse de 270 m2 dont l’immensité est soulignée par l’abondance des glaces. Puis des salles de réception, d’audience, salle à manger, appartements impériaux, le tout décoré de moulures, de dorures, de draperies, de tapisseries. Des collections d’objets d’art de diverses provenance : porcelaines chinoises, meubles incrustés de laques. Les parquets sont en bois précieux et dans plusieurs pièces, des poêles en céramique sont du plus bel effet.

Après l’intérieur, visite du Parc inférieur. Pendant la visite, la pluie s’est arrêtée et nous pouvons profiter pleinement de la visite du jardin.

C’est un parc à la mode française avec une symétrie parfaite.

La terrasse devant le palais offre une superbe vue sur la Grande Cascade, prolongée par le canal qui s’élance vers la mer Baltique. Trente-sept statues en bronze doré en composent le décor.

Au milieu de la vasque centrale la statue de Samson déchirant la gueule du lion représente le héros biblique, en lutte contre un fauve enragé, crachant un jet d’eau de 20 m de haut. Cela symbolise la victoire de la Russie sur la Suède dont les armoiries sont ornées d’un lion.

Autour, différentes statues célébrant la victoire, jettent et soufflent de l’eau qui tombe dans le canal pour rejoindre la Baltique

Du pont jeté à travers le canal s’ouvre une magnifique vue : en face le Grand Palais et la Grande Cascade, derrière le golfe de Finlande et de part et d’autre l’allée de Marly qui mène vers d’autres beautés à découvrir mais que nous n’empruntons pas, faute de temps.

Dans le parc, des photos qui nous montrent l’état du palais après la deuxième guerre mondiale. A la vue de ces clichés, on mesure mieux le travail accompli pour remettre en état les monuments et les jardins.

Après le déjeuner pris sur le bateau, nous poursuivons nos visites par celle de la Cathédrale Saint Isaac. De dimensions colossales, c’est l’une des plus grandes cathédrales du monde et la troisième d’Europe, après Saint Pierre de Rome et Saint Paul de Londres. 111 m de long, 97,60 m de large surmontée d’une coupole culminant à 101,50 m. Elle a été construite en l’honneur de l’apôtre byzantin du IVe siècle qui était fêté le jour de l’anniversaire de Pierre Le Grand. La cathédrale actuelle est la quatrième construite sur ce lieu.

A l’intérieur des maquettes en bois nous montrent les différentes constructions qui se sont succédées. Les deux premières églises, bâties au bord de la Neva tombèrent vite en ruine à cause de l’instabilité du sol. Le troisième édifice s’avéra trop petit.

Il fut alors organisé un concours pour le meilleur projet de reconstruction. C’est le français Auguste de Montferrand qui l’emporta. Parfaitement inconnu jusqu’alors, il fut nommé architecte en chef de la reconstruction de la cathédrale. Né en 1755 dans le Puy de Dôme, il entreprit des études d’architecture qu’il alterna avec le service armé dans les troupes napoléoniennes. En 1816 il fait un voyage à Saint-Pétersbourg et présente un projet au tsar Alexandre 1er. Son projet est accepté et il est nommé architecte de la Cour.

La première pierre est posée le 26 juillet 1819. Les travaux pour les fondations commencent juste après et durent 5 années. Il fallut enfoncer 24 000 pilotis dans le sol marécageux de la Neva. La terre se tassa si fortement qu’elle put supporter le poids de la cathédrale.

A l’extérieur et à l’intérieur il fallut dresser des colonnes monolithiques, dont certaines en granit provenant de Finlande. L’érection de ces colonnes nécessita toutes sortes d’appareils ingénieux. Notre guide nous montre la maquette du dispositif qui permit à l’époque de lever, en 45 mn, ces colonnes, dont plusieurs atteignaient 15 m de hauteur… !

La première fut mise en place le 20 mars 1828. Les murs et les piliers intérieurs sont terminés en 1836 et en 1840 on finit de dorer la coupole du dôme. Il faudra encore 10 ans pour terminer l’ensemble. Elle a été inaugurée le 30 mai 1858, en présence de la famille impériale et des plus hauts dignitaires de l’empire. Jusqu’en 1917, ce fut l’église principale de la capitale … avant de devenir un musée de l’Athéisme

Ce fut le dernier chantier important de l’époque du servage : on y employa presque exclusivement des serfs et des paysans affectés sur les terres de l’Etat. Sur les 400 000 ouvriers qui participèrent à la reconstruction de la cathédrale, près d’un quart moururent de maladie ou d’accident.

Auguste de Montferrand mourut le 10 juillet 1858. Il voulait être enterré dans la cathédrale Saint Isaac, mais comme il était catholique, ce n’était pas envisageable dans une église orthodoxe. La cérémonie eut lieu dans la cathédrale Saint Catherine, puis le cortège fit trois fois le tour de Saint Isaac en hommage à son constructeur. Son inhumation eut lieu au cimetière de Montmartre à Paris le 9 novembre 1858. Dans la cathédrale on peut voir son buste.

Les travaux de décoration intérieure durèrent 7 ans.

On peut admirer la polychromie du revêtement des murs, le pavement du sol, les sculptures dorées, les mosaïques. Pour cette décoration on utilisa 400 kg d’or, 1000 tonnes de bronze, 16 000 kg de malachite. Pour le revêtement des murs et des piliers et le pavement des sols, on employa du marbre de toutes les couleurs : jaune, gris, rose, vert, rouge ….

L’iconostase principale.

Ses colonnes, aux allures de monolithes, sont en fait creuses. Placées sur des bases en bronze, elles sont recouvertes de fines plaquettes de pierres précieuses, soigneusement combinées entre elles suivant leur dessin et leur couleur. Le maître-autel est décoré d’un vitrail qui représente la Résurrection du Christ. De part et d’autres de la porte sacrée, les icones principales : la Vierge , le Christ, Saint Isaac

La coupole est décorée d’une vaste composition de 800 m2 rappelant le triomphe de la Vierge et fut exécutée par le peintre Karl Brioullov.

Deux chapelles latérales aux iconostases moins grandes et pour terminer la visite, un arrêt devant l’une des grandes portes intérieures en bronze exécutées par un artiste qui s’inspira des portes d’or du baptistère de Florence

En sortant, un dernier coup d’œil à ces colonnes monolithes de granit dont la levée se faisait en 45 mn … !

Notre visite de la ville se termine aujourd’hui par la Forteresse Pierre-et-Paul.

Au début du XVIIe siècle, le royaume de Suède s’empare du delta de la Neva. Après la guerre du nord, la Russie reprend ces terres qui lui assurent le débouché sur la mer. Sous la menace d’une nouvelle invasion, Pierre 1er entreprend d’ériger une citadelle sur l’une des îles du delta, afin de protéger les terres nouvellement reconquises. C’est sur la petite Île aux Lièvres qu’il choisit d’établir sa forteresse pour protéger le delta de la Neva contre les Suédois. Cette île semblait spécialement destinée à l’édification d’une citadelle : de dimensions réduites (moins de 700 m de long et 400 m de large), elle était protégée au sud et à l’ouest par le fleuve. Au nord et à l’est par des marécages

Le 16 mai 1703, jour où fut posée la première pierre de la Forteresse Pierre-et-Paul est considéré comme la date officielle de la fondation de la ville. Les travaux avancent très vite. Au prix d’un effort qui entraina des dizaines de milliers de morts parmi les paysans, artisans et soldats transplantés en ces lieux, le delta est asséché, les rives consolidées. On commence par construire des bâtiments en bois, mais très vite on les refait en pierre. Pour accélérer les travaux, le tsar interdit pendant plusieurs années la construction d’édifices en pierre dans le reste du pays. Un impôt spécial est même instauré : chaque péniche descendant le cours de la Neva, chaque chariot entrant dans la ville doit apporter une quantité déterminée de pierres.

Dès l’origine la forteresse répondait aux plus grandes exigences de l’art des fortifications. Suivant les contours de l’île, elle a la forme d’un hexagone étiré, avec six bastions aux angles, reliés par des courtines.

Nous entrons dans la citadelle par la porte Saint Nicolas.

Cette forteresse n’a jamais eu à soutenir de siège et dix ans après sa fondation, elle était déjà utilisée comme prison. Le premier détenu fut le tsarévitch Alexis, propre fils de Pierre 1er, accusé d’avoir participé à un complot contre son père. Condamné à mort, le jeune homme mourut avant l’exécution de la sentence. Après lui de nombreux écrivains comme Dostoïevski, des décembristes (ces officiers souvent issus de l’aristocratie qui réclamaient l’abolition du servage en décembre 1825), des anarchistes, des révolutionnaires démocrates y furent détenus.

Quelques membres de la famille Romanov jetés dans ses cachots avant d’être fusillés, font partie des derniers prisonniers, ainsi que nombre d’anonymes incarcérés entre 1917 et 1924, date où la prison fut définitivement fermée.

Edifiée entre 1714 et 1733 la Cathédrale Pierre-et-Paul remplaça l’église de bois construite au cœur de la forteresse. On procéda en premier lieu à la construction du clocher. D’une hauteur de 122,5 m, il fut longtemps l’édifice le plus haut du pays. Il reste aujourd’hui le point architectural le plus élevé de la ville.

Cette cathédrale est le lieu de sépulture des tsars. Jusqu’au XVIIIe siècle ils étaient enterrés dans la cathédrale de l’Archange Saint-Michel à Moscou. La dernière volonté de Pierre 1er était d’être inhumé au cœur de sa capitale.

Quand il mourut en 1725, la construction de l’église n’était pas achevée. Sa dernière volonté fut néanmoins respectée : son corps fut embaumé et enterré dans la cathédrale six ans plus tard. Depuis tous les empereurs et membres de leurs familles, à quelques exceptions près, y ont été enterrés, y compris le dernier souverain Nicolas II.

Le nom de Nicolas II évoque une page tragique de la famille Romanov. Dans la nuit du 17 juillet 1918, Nicolas II, sa femme Alexandra Fiodorovna et leurs cinq enfants furent assassinés à Iekaterinbourg, en compagnie de leurs trois serviteurs et de leur médecin. La fille ainée Olga avait 23 ans et le fils cadet Alexis en avait 14. Les restes furent retrouvés en 1979 et identifiés en 1991. Après des tests génétiques, les dépouilles furent inhumées dans la cathédrale. Les descendants des Romanov, le président Elsine et des représentants des autorités étrangères assistèrent à la cérémonie, le 17 juillet 1998, jour du 80e anniversaire de l’assassinat.

L’intérieur lumineux de la cathédrale contraste avec l’atmosphère sombre des églises orthodoxes. Des colonnes roses et vertes, des dorures, des lustres étincelants lui donnent un air de fête. Autre trait inhabituel, l’abondance de tableaux, la tradition n’autorisant que les fresques et les icones.

L’influence occidentale est confirmée par la présence insolite pour une église orthodoxe, d’une chaire. Elle est décorée de peintures des apôtres Pierre et Paul et des quatre évangélistes.

Le sanctuaire est séparé du reste de la cathédrale par une magnifique iconostase réalisée en bois doré.

La nef de la cathédrale est le panthéon des Romanov. De Pierre le Grand à Nicolas II, tous les souverains reposent ici, à l’exception de Pierre II et Ivan VI. Les tombeaux, des sarcophages d’une extrême simplicité sont exécutés en marbre blanc de Carrare, ornés d’une croix en bronze doré et pour ceux des Romanov qui ont régné, de quatre aigles bicéphales.

Les tombeaux des empereurs du XVIIIe siècle se trouvent devant la partie droite de l’iconostase.

Dans la deuxième rangée, directement devant l’iconostase, reposent de droite à gauche, Anna Ivanovna, Pierre III et sa femme Catherine II (la Grande Catherine)

Dans la première rangée de droite à gauche : Pierre 1er avec un buste de l’empereur, son épouse Catherine 1re et leur fille Elisabeth 1re. Ces tombes ont été fleuries la veille de notre visite par le premier ministre venu à Saint-Pétersbourg pour une commémoration.

De l’autre côté de la porte sainte se trouvent les sépultures des empereurs du XIXe siècle.

Dans la deuxième rangée, directement devant l’iconostase, de gauche à droite : l’empereur Paul 1er, (une gerbe de fleurs blanches sur son tombeau), son épouse Maria Fiodorovna, leur fils Alexandre 1er et son épouse Elisabeth Fiodorovna.

Dans la première rangée, de gauche à droite le tombeau de Nicolas 1er, le troisième fils de Paul 1er, côtoyant celui de son épouse Alexandra Fiodorovna.

Le dernier tombeau est celui de la fille ainée de Pierre 1er, la grande duchesse Anne, qui n’a pas régné, mais qui fut la mère de Pierre III. Vous pouvez remarquer que sur son tombeau on voit la croix orthodoxe, mais pas les quatre aigles bicéphales.

Dans la nef nord on peut voir deux tombeaux qui diffèrent des autres : il s’agit de la sépulture d’Alexandre II et de celle de son épouse Maria Alexandrovna. Le sarcophage d’Alexandre est taillé dans du jaspe vert d’Altaï et celui de Maria dans de la rhodonite rose de l’Oural. Les deux sarcophages ont été installés en 1906, à l’occasion du 25e anniversaire du tsar Alexandre II, le tsar « libérateur », célèbre pour avoir aboli le servage.

Dans la même rangée se trouvent les tombeaux d’Alexandre III et de son épouse Maria, mère de Nicolas II. Cette princesse danoise réussit à échapper aux massacres de la révolution en émigrant au Danemark. En 2006 sa dépouille fut ramenée en Russie et inhumée aux côtés de son époux.

Dans la chapelle Sainte Catherine, le 17 juillet 1998 a eu lieu la cérémonie funéraire des obsèques de Nicolas II, avec sa famille et ses serviteurs assassinés à Iekaterinbourg en 1918.

Après la visite des bâtiments, nous faisons une promenade sur l’esplanade.

Lui faisant face, l’hôtel de la monnaie. Cet édifice néoclassique fut construit en 1805 et servit depuis lors à frapper la monnaie. Il ne cessa jamais de fonctionner et aujourd’hui encore on y frappe des pièces commémoratives, des médailles et des décorations.

La statue de Pierre 1er.

Inaugurée en 1991, cette statue en bronze est l’œuvre de Mikhaïl Chemiakine. Elle va à l’encontre des représentations habituelles : assis dans un fauteuil, le tsar semble las de porter l’immense fardeau de ses réformes. La disproportion du corps ajoute à la controverse provoquée par l’œuvre : les mains et les pieds énormes du personnage contrastent avec sa petite tête, inspirée du masque mortuaire de Pierre 1er réalisé par Bartolomeo Rastrelli.

Nous terminons notre visite en écoutant des chants russes, religieux et profanes, chantés par un groupe de musiciens qui nous proposent ensuite leurs CD.

A 20h nous nous retrouvons dans une salle pour assister à un spectacle folklorique. Pendant près de deux heures une troupe de musiciens, musiciennes, chanteurs, chanteuses, danseurs, danseuses, nous fera vivre au son des chants et des danses cosaques. Un vrai bonheur… !

Après ce spectacle, diner sur le bateau et repos. Demain matin nous allons visiter le Palais de Catherine la Grande à Pouchkino.

Mercredi 27 mars 2015

Mercredi 27 mai 2015

Ce matin le départ pour une visite de la ville est prévu à 8h00. Après un réveil musical en douceur et un petit déjeuner pris à bord, nous partons en bus avec Julia qui sera la guide locale pour Saint-Pétersbourg.

Cette ville appelée la « Venise du Nord » est née au milieu des marécages, de la volonté du tsar Pierre le Grand. Elle est située en partie sur de nombreuses îles, à l’embouchure de la Neva dans le golfe de Finlande, en mer Baltique. Au fur et à mesure qu’elle s’est développée, des cours d’eau et des canaux furent comblés et des îles réunies. Il en reste aujourd’hui une quarantaine.

Au début du XVIIe siècle, le royaume de Suède s’empare du delta de la Neva. C’est après la guerre du Nord qui éclate en 1700 que la Russie reprend ces terres qui lui assuraient le débouché sur la mer. Sous la menace d’une nouvelle invasion, Pierre 1er entreprend d’ériger une forteresse sur l’une des îles du delta, afin de protéger les terres nouvellement conquises.

Le 16 mai 1703, jour où fut posée la première pierre de la forteresse Pierre et Paul, est considéré comme la date officielle de la fondation de la ville. Pierre 1er décide d’élever ici la nouvelle capitale de la Russie, baptisée Saint-Pétersbourg en l’honneur du saint patron du souverain. Il concrétise son rêve d’ouvrir une fenêtre sur l’Occident en construisant un port. Sa volonté de « moderniser » la Russie médiévale aura un coût très élevé : on estime à 100 000 le nombre de serfs et d’ouvriers qui mourront de maladie ou dans des accidents lors de l’édification de la nouvelle capitale.

Tour à tour, chacun des tsars a cherché à imprimer sa marque sur la cité impériale, démolissant, reconstruisant et transformant les bâtiments, mais à la fin du XIXe siècle Saint-Pétersbourg est devenue celle qu’avait rêvée son fondateur : un centre culturel et scientifique de premier ordre.

En 1914, le tsar Nicolas II rebaptise la capitale du nom russe de Petrograd. En 1918, les bolchéviks au pouvoir déplacent la capitale à Moscou et en 1924, les communistes remplacent le nom de Petrograd par celui de Leningrad, rendant ainsi hommage au père de la révolution. Pendant la deuxième guerre mondiale la ville fut assiégée pendant près de 3 ans et vit mourir près d’un million de civils sous les bombardements nazis.

Mais avant de commencer la visite de la ville dont la construction et le développement sont très liés à la dynastie des Romanov, un petit aperçu sur l’arbre généalogique de cette famille qui régna sur la Russie depuis Pierre le Grand fondateur de la ville en 1703 jusqu’à Nicolas II qui disparût tragiquement en 1918.

Dynastie des ROMANOV

Alexis 1er

Nicolas II

14 : (1894-1918)

Alexandre III

13 : (1881-1894)

Alexandre II

12 : (1855-1881)

Nicolas 1er

11 : (1825-1855)

Alexandre 1er

10 : (1801-1825)

Paul 1er

9 : (1796-1801)

Pierre III

7 : (1762-1762)

Catherine II

(la grande)

8 : (1762-1796)

Elisabeth 1re

6 : (1741-1762)

Ivan VI

5 : (1740-1741)

Anne 1re

4 :(1730-1740)

Pierre II

3 : (1727-1730)

Alexis Petrovich

Catherine 1re

2 : (1725-1727)

Anna Pétrovna

Ivan V

Eudoxie

Lopoukhine

Pierre 1er(le Grand)

: (1682- 1725)

Notre visite panoramique en bus fait une première étape au monastère Smolny et sa cathédrale de la Résurrection. A l’origine, ce quartier abritait de vastes entrepôts de goudron (smola en russe) destiné au calfatage des navires de la flotte russe alors en plein essor. En 1723 les entrepôts furent déplacés pour laisser place à la résidence d’été d’Elisabeth 1re, fille de Pierre le Grand. Devenue impératrice, elle ordonna de construire à cet endroit un couvent pour veuves de la noblesse, où elle pensait elle-même se retirer à la fin de sa vie. En 1748 elle confia les travaux à Bartolomeo Rastrelli.

La cathédrale a des clochers à bulbes traditionnels et des murs bleus soulignés par des colonnes blanches. Mais la tsarine mourût avant la fin de la construction et la Grande Catherine qui lui succéda fit arrêter les travaux dès son accession au trône en 1762. Elle décida de créer un pensionnat pour les jeunes filles de la noblesse.

Au moment de notre visite un pope est venu faire tinter la grande cloche installée sur le parvis de la cathédrale

Nous nous dirigeons ensuite vers l’Eglise du Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé. Egalement appelée Eglise de la Résurrection-du-Christ cet édifice est un exemple de style néorusse avec ses coupoles torsadées et ses bulbes multicolores.

Pittoresque avec ses colonnettes et ses tuiles polychromes, l’église produit une impression de gaieté et de fête. Sa construction est pourtant liée à un événement tragique : l’assassinat du tsar Alexandre II en 1881. Ce tsar, surnommé le « libérateur » pour avoir aboli le servage fut tué par une bombe lancée par un membre d’un groupe terroriste dont ce fut le huitième attentat contre le souverain.

Pour immortaliser la mémoire de son père, Alexandre III décréta la construction d’une église sur le lieu même de l’attentat.

Commencés en 1883, les travaux durèrent 24 ans. L’architecte procéda au rétrécissement du canal, afin que l’autel soit situé à l’endroit exact où le tsar fut tué.

L’église est un chef-d’œuvre de l’art des mosaïstes russes. En effet des mosaïques magnifiques couvrent une grande partie des façades.

Sur les plaques de granit brun, en bas de l’édifice, sont gravés les événements mémorables du règne d’Alexandre II. Les 144 blasons en mosaïque dans les niches carrées du clocher représentent les villes et les provinces russes qui firent des offrandes pour sa construction.

Fermée en 1930, l’église servit d’entrepôt pour stocker des pommes de terre jusqu’en 1970, lorsqu’elle devint l’annexe de la cathédrale Saint Isaac. Après 30 ans de restauration, elle a rouvert ses portes en 1997.

Nous prenons ensuite la direction de la Cathédrale Saint-Nicolas-des-Marins.

Elle fut jadis élevée dans ce quartier peuplé de marins et consacrée à leur patron saint Nicolas. Avec ses cinq dômes, représentant le Christ et les quatre évangélistes, son fronton d’où partent des rayons du soleil, ses fenêtres cintrées, ses murs bleus et ses colonnades blanches, elle est du style baroque russe.

Elle fut construite entre 1752 et 1762 par un élève de Rastrelli, sur commande de l’impératrice Elisabeth 1re.

Selon la tradition russe, la cathédrale se compose de deux églises. L’inférieure, basse de plafond, éclairée par la lueur des veilleuses et des cierges, est destinée aux services quotidiens.

C’est ici également que se déroulent les baptêmes et les enterrements. Nous ne visiterons que cette église

L’église du premier étage est réservée aux offices du samedi et du dimanche, ainsi qu’à la célébration des mariages et des fêtes.

Un clocher à quatre niveaux se dresse face à la porte d’entrée principale.

Cette cathédrale est la seule qui soit restée ouverte au culte pendant toute la période soviétique.

Nous aurons l’occasion ultérieurement de voir cet ensemble lors d’une balade nocturne dans la ville de Saint-Pétersbourg.

Ensuite nous nous dirigeons vers la Neva et l’île Vassilievski.

A la pointe de l’île, deux colonnes de granit rouges, hautes de 32 m. Ce sont les colonnes rostrales qui servaient autrefois de phares pour guider les bateaux qui arrivaient au port.

Erigées à la gloire de l’Empire, elles sont décorées selon la tradition romaine de « rostres » (éperons de navires), symboles de victoires navales.

Les figures sculptées sur les piédestaux symbolisent quatre grands fleuves russes : la Neva, la Volga, le Volkhov et le Dniepr

Devenues des points de repère de la ville, elles sont allumées lors des grandes fêtes nationales, ce qui est le cas aujourd’hui.

Après cette matinée bien remplie, nous allons déjeuner dans un restaurant le long de la Neva. Puis direction le musée de l’Ermitage.

Ce musée doit sa renommée à plusieurs titres. D’un côté l’ensemble architectural dans lequel sont réparties ses collections, de l’autre les collections elles-mêmes et enfin son passé historique étroitement lié à la naissance, l’épanouissement et le déclin de la résidence impériale de Saint-Pétersbourg.

Pierre le Grand fut le premier à avoir choisi le quai de la Neva pour la construction d’un premier palais d’hiver. Sa fille Elisabeth continua l’œuvre, puis Catherine II, montée sur le trône en 1762 fit ajouter le Petit et le Vieil Ermitage, ainsi que le Théâtre. C’est ainsi que se constitua à l’époque de Catherine II, l’ensemble architectural que nous visitons (en partie) aujourd’hui. Le dernier bâtiment de cet ensemble fût initié par Nicolas 1er et s’appelle le Nouvel Ermitage.

Certains bâtiments furent endommagés par un incendie en 1837, et les salles furent restaurées. La seconde guerre mondiale apporta à l’Ermitage de nouvelles épreuves. L’été 1941, avant le blocus de la ville par les allemands, la majeure partie des collections furent évacuées par train vers l’Oural. Cependant une partie des collections resta dans les salles du rez-de-chaussée et le caves de l’Ermitage, où pendant les 900 jours que dura le blocus, malgré le froid, la famine et les bombardements, elle fut gardée par les collaborateurs du musée.

La visite commence par l’escalier d’honneur. On l’appelait encore l’escalier des Ambassadeurs ou l’escalier du Jourdain. La famille impériale l’empruntait tous les ans le jour du baptême du Christ pour assister à la bénédiction des eaux de la Neva. Créé par Bartolomeo Rastrelli, il fut restauré par Vassili Stassov qui lui rendit, après l’incendie de 1837, son aspect baroque.

Impressionnant par l’abondance de son décor – sculptures, peintures, moulures, dorures -, il occupe un espace de 22 m de haut, encore agrandi par la peinture du plafond représentant les dieux de l’Olympe

Les portes du palier supérieur donnent sur l’enfilade de cinq salles destinées aux grandes cérémonies de la Cour

Salle Pierre le Grand, petite salle du trône. Elle fut aménagée en 1833 par Auguste de Montferrand en l’honneur de l’Empereur Pierre 1er, fondateur de l’empire russe. Après l’incendie de 1837, elle fut restaurée d’après d’anciens dessins. L’espace s’organise autour d’une niche semi-circulaire au fond de laquelle se trouve un tableau : Pierre le Grand conduit par la déesse Minerve à de nouveaux exploits

Salle des armoiries, due à Vassili Stassov, symbolisait l’organisation administrative de l’état russe.

Les principaux éléments de son décor sont des écussons avec les armes des gouvernements de la Russie qui décorent les lustres et autrefois ornaient les étendards des chevaliers sculptés dans la salle.

D’une superficie de 1000 m2 elle est l’une des plus vastes du palais.

De chaque côté, une colonnade corinthienne, entièrement dorée, contribue à la beauté de ce lieu destiné aux grandes cérémonies

La galerie militaire de 1812 est la plus célèbre parmi les salles commémoratives. Elle est consacrée à la gloire de l’armée russe. Inaugurée le 25 décembre 1826, jour anniversaire de la libération de la Russie de l’invasion française, ses murs sont décorés de 332 portraits de généraux qui ont pris part à la guerre. Ces portraits ont été peints par un peintre anglais George Dawe.

La Salle Saint-Georges ou la Grande Salle du Trône. Aménagée à l’époque de Catherine II, après l’incendie de 1837, les colonnes furent revêtues de marbre blanc de Carrare provenant d’Italie.

Le trône est surélevé et décoré d’aigles bicéphales.

Le plafond est constitué de feuilles de cuivre et de fer maintenues par un système spécial.

Il est décoré de motifs en cuivre doré qui se répètent dans le dessin du parquet, pour lequel on a utilisé 16 bois précieux différents.

Après le palais d’hiver nous passons dans les salles du Petit Ermitage. C’est à un architecte français Jean-Baptiste Vallin de La Mothe et à un architecte russe Iouri Velten que le Petit Ermitage doit sa conception.

La salle du pavillon

Cette salle luxueuse associe motifs classiques et mauresques, arcades ouvragées, colonnes de marbre, reliefs moulures dorées, galeries à balustrades ajourées lui confèrent un aspect romantique.

Au sol, la reproduction d’une mosaïque découverte en 1780 dans les environs de Rome

Dans cette salle on peut voir également la fameuse horloge Le Paon

Cette horloge est l’œuvre d’un horloger anglais James Coxe. Achetée en 1780 par le Prince Potemkine, l’un des favoris de Catherine II, l’horloge fut rachetée par la même Catherine à la mort du prince.

Elle est dotée de figures mécaniques qui se mettent en mouvement toutes les heures. Malheureusement elle n’est remontée que très rarement et nous devons nous contenter d’un petit film pour la voir en action.

La nativité du Christ en majolique, Vierge à la fleur

Faïence italienne du XV° siècle Léonard de Vinci (1478)

Salle Léonard de Vinci La Vierge à l’Enfant

Léonard de Vinci (1480)

Réception de l’ambassadeur de France à Venise

Le Carnaletto (1740)


Nous faisons une halte au palier supérieur de l’escalier d’honneur du Nouvel Ermitage. Une plaque commémorative nous indique que le tsar Nicolas 1er a été à l’origine de la construction de cette partie du musée.

Nous poursuivons notre visite vers des salles où sont exposées des peintures des maîtres espagnols.

Le déjeuner Portrait de l’actrice Antonia Sarate

Diego Vélasquez (1617) Francisco Goya (1811)

Puis la salle des peintres hollandais avec Rembrandt

Un premier tableau, un portrait de sa femme Saskia. (1634). Il représente la jeune femme de Rembrandt sous les traits de la déesse des plantes et des jardins. Le peintre la revêt d’une splendide robe de fête et lui ceint la tête d’une couronne de fleurs. Pour Rembrandt c’était la meilleure époque de sa vie : riche et célèbre, il était aimé de Saskia. Pour le malheur du peintre, elle mourut très tôt. Après sa mort, il perdit la célébrité et ce qui était plus grave, les commandes.

Plongé dans la misère et le désespoir, Rembrandt crée cependant un autre chef d’œuvre, Danaé. (1636) Ce tableau a connu une histoire dramatique : le 15 juin 1985 il fut aspergé d’acide sulfurique et abimé de deux coups de couteaux. Le travail de restauration dura 12 ans et aujourd’hui il a repris sa place dans l’exposition

Son dernier tableau, le Retour de l’enfant prodigue (1669) semble dresser le bilan de la vie de Rembrandt : seul, pauvre et malade, il ne lui restait qu’une seule joie, celle de créer.

On peut observer sa curieuse paire de mains : une féminine et une masculine. Il y consacra les douze dernières années de sa vie. Cette toile est considérée comme le sommet de son art et le testament spirituel du peintre, incarnant ses idées de la charité et de la miséricorde.

Dans une autre salle, des œuvres françaises.

Céramiques de Bernard Palissy Paysage avec Polyphème

(1550) Nicolas Poussin (1649)

L’hiver (1771) Voltaire La Grande Catherine

Etienne Maurice Falconnet Houdon (1781)

La salle blanche

Le salon doré qui renferme une collection importante de camées et de pierres fines. Elle remonte à Catherine II qui acquit des collections entières de camées et de bijoux en pierres fines.

Le Boudoir

La petite salle à manger blanche. Sur la cheminée une horloge s’est arrêtée à 14h10, heure à laquelle le palais a été attaqué lors de la révolution d’octobre 1917.

Pour terminer, le salon de Malachite, orné de cette pierre venant de l’Oural et dont des petites plaques étaient collées sur du bois ou du cuivre. Les jonctions étaient remplies de poudre de malachite, puis toute la surface était polie.

C’est ici que se termine notre visite de l’Ermitage. Ce musée, riche de 3 millions d’œuvres dont nous avons vu une infime partie. Cependant elle nous a permis de mieux comprendre l’histoire de cette dynastie des Romanov dont chaque membre aura voulu laisser son empreinte dans ces murs, avec quand même une volonté particulière de la Grande Catherine qui œuvra beaucoup pour enrichir les collections au cours de son règne.

Un dernier coup d’œil à l’escalier d’honneur du palais d’hiver et nous quittons les lieux.

Notre journée n’est pas terminée. Après la découverte de Saint-Pétersbourg en car, nous allons découvrir la ville par bateau. Pour rejoindre le lieu d’embarquement, notre car passe par la place des Décembristes ou place du Sénat. En son milieu une statue de bronze, représentant un cavalier dont la monture foule aux pieds un serpent. C’est une œuvre du sculpteur français Etienne Falconnet, sur une commande de Catherine la Grande.

L’édification de ce monument répondait au désir de Catherine II de marquer le lien spirituel avec son illustre prédécesseur, lien dont témoigne l’inscription gravée sur le piédestal en latin d’un côté et en russe de l’autre : « PETRO primo CATHARINA seconda

MDCCLXXXII ». Le tsar ne tient pas de sceptre et il étend son bras protecteur sur son pays.

Le serpent qui se tord sous les sabots du cheval figure sur les armoiries de la Suède que Pierre 1er a chassé de son pays. Le rocher qui sert de socle à la statue fut trouvé dans les environs de la ville. Des centaines d’hommes se relayèrent pendant 9 mois pour tirer cet énorme bloc de 1600 tonnes.

Nous embarquons sur un canal, non loin de la Cathédrale Saint Isaac que nous visiterons plus tard, mais dont nous avons un aperçu, avec sur la place la statue équestre de Nicolas 1er.

Embarquement sur un petit bateau et découverte de bâtiments au fil de l’eau.

Près du pont rouge, un premier magasin qui fleure bon la France avec ses noms bien de chez nous.

Puis à l’angle du canal et de l’avenue Nevski, le Palais Stroganov. Il fut construit en 1753-1754 par l’architecte Bartolomeo Rastrelli pour le comte Stroganov, richissime propriétaire des usines et des salines de l’Oural. Près de lui, le pont vert qui enjambe l’avenue Nevski sur laquelle nous déambulerons plus tard.

Après le canal, le bateau navigue sur la Volga et nous permet d’admirer quelques bâtiments. La Forteresse Pierre et Paul, construite sur l’île aux Lièvres dont nous pouvons admirer le clocher de la cathédrale qui culmine à 122 m. Percée dans la courtine, la porte de la Neva, donne un accès direct au fleuve. Elle est surmontée d’un fronton et d’un portique à colonnes. Cette porte fut surnommée « porte de la mort » : c’est par elle que les condamnés accédaient au débarcadère d’où on les transportait vers leur lieu d’exécution ou d’emprisonnement à vie.

Le pont de la Trinité. Long de 532 m, il fut réalisé lors du rapprochement politique entre la Russie et la France et le président français Félix Faure assista à la pose de la première pierre le 12 août 1897. Construit par la compagnie française Batignolles, la même qui réalisa le pont Alexandre III à Paris. Avec ses 6 arches métalliques, ses lampadaires, il est l’un des plus beaux ponts de la ville.

Après la Neva, à nouveau un canal avec le château Michel

Construit entre 1797 et 1801 pour Paul 1er, fils de la Grande Catherine, ce château est l’un des édifices les plus mystérieux de la ville. Obsédé par la peur d’être assassiné, le tsar le conçut comme une forteresse entourée de douves, truffée de cachettes et de passages secrets. Mais ces précautions furent vaines : le malheureux ne vécut que 40 jours dans son château où il fut

assassiné le 11 mars 1801. Après sa mort, la demeure abandonnée fut rachetée par l’école du génie militaire. C’est maintenant le château des Ingénieurs.

Non loin de là, près du pont des Ingénieurs, on peut apercevoir la minuscule statue du petit oiseau appelé Tchijik-Pyjik, héros d’une chanson populaire, qui, depuis son installation ici, est devenu une star dans la ville.

Les gens aiment lui jeter des pièces pour se porter bonheur. Le jeu consiste à parvenir à mettre la pièce sur le petit socle où repose l’oiseau, mais celui-ci étant étroit, la plupart des pièces tombent à l’eau … !

Nous revenons au point de départ.

Après le diner pris sur le Leonid Krasin , nous allons faire un petit tour de Saint-Pétersbourg by night. La pluie s’est invitée ce soir, mais elle donne un charme supplémentaire à notre visite.

Le théâtre Alexandra, ainsi nommé en l’honneur de l’épouse de Nicolas 1er.

Rebaptisé théâtre Pouchkine à l’époque soviétique, il a récemment retrouvé son nom d’origine. Construit par Carlo Rossi en 1830 dans le style néo classique, l’édifice possède un portique de six colonnes, surmonté du char d’Apollon.

Il abrite la plus ancienne compagnie théâtrale de Russie et on y joue des pièces du répertoire classique.

Eglise du Sauveur sur le Sang Versé Le musée russe sur la place des Arts

Statue de Pouchkine Saint Nicolas des Marins Saint Isaac

Nous terminons notre balade nocturne par l’une des particularités de la ville de Saint-Pétersbourg : la levée des ponts qui enjambent la Neva pour permettre le passage des bateaux. Ces ponts levants ou basculants sont relevés tous les soirs d’avril à novembre, entre 1h et 4h du matin pour permettre le passage des navires dans les deux sens. C’est d’ailleurs une contrainte pour certains habitants qui doivent prévoir leurs déplacements pour ne pas être dans l’obligation d’attendre l’abaissement du pont pour regagner leur domicile. Avec un peu d’humour, notre guide nous raconte que cette contrainte a été l’alibi de certains maris volages pour regagner tardivement leur foyer … !

Le premier, le pont de la Trinité, réplique de notre pont Alexandre III.

Ce qui nous étonne, en plus de la magie de ces ponts illuminés qui libèrent le passage pour les bateaux, c’est le nombre de spectateurs. Nous sommes un jour de semaine, la pluie aurait pu en dissuader plus d’un et les quais de la Neva sont encombrés de spectateurs … !

Le pont Bolsheohtinsky, avec la cathédrale Smolny en arrière plan.

Ainsi se termine notre première journée à Saint-Pétersbourg, avec une idée plus précise de cette ville, riche en histoire et en architecture, bâtie au bord de la Neva.