Vendredi 5 juin 2015

Vendredi 5 juin 2015

Ce matin nous nous rendons en bus au Kremlin. C’est le cœur et le centre de Moscou et de l’Empire russe. D’Ivan le Terrible à Staline, c’est à l’ombre de ces hautes murailles que s’est joué le destin de millions de personnes. Mais ce lieu de pouvoir est aussi le centre spirituel de la Russie orthodoxe.

Le Kremlin a la forme approximative d’un triangle et recouvre une superficie de 27 hectares. Ceint par 2235 m de murailles en briques rouges, ponctuées de vingt tours, aux murs d’une épaisseur allant parfois jusqu’à 6 m. Le côté le plus long est bordé par le Jardin Alexandre, à droite sur le schéma, qui a pris la place d’une petite rivière, comblée au XVIII° siècle. Le deuxième côté domine la place rouge et le troisième longe la Moskova.

Nous entrons dans le Kremlin par une porte située au niveau du jardin d’Alexandre.

La Tour Koutafia (37) est la porte d’accès des visiteurs du Kremlin. Coiffée d’une couronne décorative, cette tour haute de 13 m faisait partie des fortifications extérieures de la citadelle dont le rôle était de protéger le pont construit sur la rivière

Une rampe, aux parapets crénelés et hérissés de merlons à double pointe, en queue d’hirondelle, identique à ceux que l’on voit sur toute la muraille, nous conduit à la Tour de la Trinité (36)

Construite en 1499, puis coiffée d’une flèche au XVII° siècle, haute de plus de 65 m, cette tour nous donne accès à la forteresse.

En entrant dans l’enceinte, sur notre gauche, un premier bâtiment : l’Arsenal (18). Edifié entre 1701 et 1736 sur ordre du tsar Pierre le Grand il servait de dépôt d’armes et de munitions. Il fut détruit par Napoléon dans sa retraite. Les Russes entreprirent sa restauration immédiatement (1816-1828) et y exhibèrent une multitude de pièces d’artillerie prises à la Grande Armée napoléonienne.

Face à l’arsenal, le Palais national du Kremlin. (ancien palais des congrès) (16)

C’est en 1959 et 1961 que fut édifié ce gigantesque parallélépipède de marbre blanc et de verre : il s’agissait alors d’accueillir les congrès du PCUS et c’est pourquoi on y aménagea une salle de réunion à la mesure des événements. 6000 personnes pouvaient y prendre place. Y étaient aussi aménagés 800 bureaux. Plus personne n’étant en mesure de réunir tant de congressistes, le Palais des Congrès a pris son nom actuel de Palais national du Kremlin et les membres du Soviet suprême ont laissé la place aux vedettes internationales ainsi qu’à la troupe du Bolchoï.

Sur la gauche, après l’arsenal, le Sénat (17)

Ce bâtiment fut édifié entre 1776 et 1787, à la demande de Catherine II. Il dissimule en son sein une salle circulaire, coiffée d’une coupole que l’on voit bien de la place rouge. Si aucun sénateur n’y a siégé depuis le milieu du XIX° siècle, le palais a gardé son nom tout en changeant de fonction : en 1918 Lénine s’y installa, puis il abrita les travaux du conseil des ministres de l’URSS.

Poutine y travaille dans des bureaux qu’il a fait aménager.

En continuant sur la gauche, un autre bâtiment en travaux.

C’est l’ancien Présidium du Soviet Suprême. Ce bâtiment élevé en 1935, fut au départ destiné à une école militaire. Pour la construire on a abattu quelques églises. Aujourd’hui il abrite les services administratifs de la présidence de la fédération de Russie.

En continuant, sur notre droite, le Roi des canons (21).

Il fut réalisé par le fondeur Andreï Tchokhov en 1586 et installé sur la place rouge avec pour mission de protéger le Kremlin de toute agression. Pesant 40 tonnes et mesurant 5,34 m, ce canon aux décorations finement ciselées, n’a jamais servi… Au pied du canon, des boulets pesant chacun plus d’une tonne et dont le diamètre est supérieur à celui du tube du canon … !

Non loin de là, la Reine des cloches (20). Ce gros bourdon a été fondu dans l’enceinte même du Kremlin en 1734. Il est haut de 6,14 m et pèse de plus de 200 tonnes. Lors d’un incendie en 1737 un choc thermique l’ébrécha, d’où cet éclat de 11,5 tonnes qui repose aujourd’hui à ses pieds. Il ne fut donc jamais installé. Déterré en 1836 par Auguste de Montferrand, l’architecte de la Cathédrale Saint Isaac à Saint-Pétersbourg, il a été déposé à son emplacement actuel.

En continuant sur la droite, on pénètre sur la Place des Cathédrales (2)

Dans cet espace sont rassemblés de nombreux chefs-d’œuvre architecturaux. En balayant cette place d’un coup d’œil circulaire, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre :

Le clocher d’Ivan le Grand (19)

A droite sur la photo, le clocher d’Ivan le Grand, érigé entre 1505 et 1508, fut surélevé un siècle plus tard sur ordre de Boris Godounov. Surmonté d’un bulbe doré, il culmine à une hauteur de 81 m, ce qui en fit longtemps la plus haute construction de Moscou.

Sur la gauche du clocher, un beffroi surmonté d’une coupole dorée. Encore plus à gauche, un édifice annexe, coiffé quant à lui d’un toit pyramidal. L’ensemble de ces bâtiments est une reconstruction plus ou moins identique à l’original

La Cathédrale des Douze Apôtres (6)

Cette église, un peu en retrait de la place des cathédrales, a été construite cinquante ans après les autres.

Plusieurs fois reconstruite, couronnée de cinq dômes et percée de deux arches, elle fait corps avec le Palais des Patriarches. Aujourd’hui le tout abrite un musée.

La Cathédrale de la Dormition (5)

Du temps de l’Ancienne Russie, c’est ici que se situait le centre de la vie politique et spirituelle de l’Empire. Lors de processions solennelles et de cérémonies fastueuses, les grands princes de Moscou puis les tsars à partir d’Ivan le Terrible, furent couronnés en ces lieux.

Au XII° siècle une église en bois se dressait à cet endroit. Entre 1475 et 1479, la cathédrale actuelle est bâtie par un architecte russe.

En 1547, Ivan IV est le premier tsar sacré ici.

En 1612 elle est dévastée par les envahisseurs polonais.

En 1613, Michel 1er, le premier tsar de la dynastie Romanov y est également sacré.

La cathédrale est saccagée pendant l’invasion française en 1812. Le dernier des Romanov Nicolas II y est couronné empereur de Russie en 1896.

La révolution bolchévique de 1918 met un terme aux offices et la cathédrale est transformée en musée en 1955.

En 1990 elle est rendue au culte.

Donnant sur la place, la façade principale de l’édifice est décorée parce que c’est de ce côté qu’entraient les cortèges officiels. Au dessus de la porte, des peintures murales représentant la Vierge à l’enfant et des figures de saints.

On entre dans le sanctuaire par une porte latérale. A l’intérieur les photos sont interdites. Sur internet j’en ai trouvé deux qui permettent de se rendre compte de la beauté du lieu.

Quatre piliers ronds, les murs et la voûte sont recouverts de fresques très colorées. Ces peintures murales, réalisées entre 1642 et 1644 représentent différentes scènes de la bible comme le jugement dernier. Les piliers portent les images de saints et de patriarches.

Le long de certains murs s’alignent les sépultures de dignitaires religieux.

Dans cette cathédrale notre guide nous parle des icônes représentant la Mère de Dieu. Elle est presque toujours représentée avec son fils. En Russie, suivant la façon dont Marie porte son fils, on trouve essentiellement trois types d’icônes.

La Vierge de la tendresse : Les visages de la Mère et de l’enfant sont très proches. Jésus est sur les bras de sa mère. L’une des plus anciennes de ces icônes est celle de Notre Dame de Vladimir qui daterait de 1131.

La Vierge conductrice : elle porte son fils sur le bras gauche et elle tend vers lui sa main droite pour indiquer la route à suivre. L’Enfant a souvent l’aspect d’un jeune homme, signe de sagesse. Un exemple est Notre Dame de Smolensk conservée à Saint-Péterbourg.

La Vierge du Signe est représentée les bras levés dans un geste de prière et porte le plus souvent un médaillon représentant le Christ sur sa poitrine

A la sortie de la cathédrale, dans un recoin, la Cathédrale du Sauveur-d’en-haut dont on voit les bulbes.

Le Palais à facettes (11)

Son nom s’explique par le bossage en pointes qui hérisse sa façade. On peut admirer les superbes fenêtres encadrées de colonnes au décor de pampres à spirales. Ce palais construit entre 1487 et 1491, fait corps avec le grand palais du Kremlin que l’on voit derrière lui. Occupant le premier étage une grande salle d’apparat faisait office de salle du trône aux tsars résidant à Moscou.

La Cathédrale de l’Annonciation (5)

Elle a été construite de 1489 à 1494. Un incendie détruisit l’intérieur en 1547. Ivan IV la remania en 1562, portant le nombre de coupoles à neuf. C’est également lui qui fait construire en 1572 une galerie donnant accès à une chapelle privée. Après son quatrième mariage, l’Eglise russe manifestant une certaine mauvaise humeur, lui avait interdit d’assister aux services. Cette cathédrale était réservée aux tsars pour les cérémonies à caractère familial.

Sous la période soviétique, les offices sont suspendus et elle devient un musée. En 1993 elle est à nouveau ouverte au culte.

Les photos sont également interdites à l’intérieur. L’iconostase encore très riche comprend des images du XIV au XVII° siècle, réalisées par des peintres de renom.

De l’autre côté, la Cathédrale de l’Archange-Saint-Michel (4)

Cette cathédrale a été édifiée entre 1505 et 1508 par un architecte vénitien. C’est la nécropole des grands princes de Moscou et des premiers tsars. (A partir de Pierre le Grand, ils sont enterrés à Saint-Pétersbourg dans la cathédrale Pierre et Paul). Ici repose le tsarévitch Dimitri dont la mort à Ouglitch est restée une énigme. Nous ne visitons pas l’intérieur de l’édifice.

Avant de nous diriger vers le jardin qui surplombe la Moskova, un dernier coup d’œil à la cathédrale de l’annonciation, à celle de l’archange-Saint-Michel et au clocher d’Ivan le Grand

Après cette visite de la place des cathédrales, direction le jardin vers le mur du Kremlin qui longe la rivière Moskova d’où nous avons une belle vue sur la ville.

Une dernière image de la Tour de la Moskova (26) avec en arrière plan l’une des sept gratte-ciel de style stalinien. Celui que l’on voit est un immeuble résidentiel au bord de la rivière.

Pour terminer la visite, une petite anecdote. Dans les années 1830 les vétérans des campagnes napoléoniennes se faisaient soigner à l’hospice de Bicêtre. Ces militaires fréquentaient un estaminet voisin qui prit pour nom : « Au sergent du Kremlin ». Ce nom Kremlin désigna bientôt tout le quartier et apparait sur les cartes en 1832, avant d’être accolé à Bicêtre, lorsque l’endroit fut érigé en commune.

Chemin de retour vers la porte de la Trinité.

Une petite pause avant d’aller déjeuner.

Après le repas que nous prenons dans un restaurant de la ville, nous nous dirigeons vers l’une des rues typiques de Moscou : l’Arbat.

Au passage nous faisons un arrêt devant le ministère des affaires étrangères, un des sept gratte-ciel staliniens de la ville, terminé en 1951.

L’Arbat est une rue piétonne qui démarre du côté gauche du ministère.

Lorsque la noblesse décida de s’y installer, l’Arbat devint l’équivalent moscovite du quartier Saint-Germain à Paris. Les écrivains et artistes suivirent le mouvement.

A l’entrée dans la rue, la maison-musée Pouchkine où vécurent Alexandre Pouchkine et son épouse Natalia Gontcharova avant leur départ pour Saint-Pétersbourg en 1831. Face à ce musée, une statue de Pouchkine et de sa femme.

Un peu plus loin, dans une petite rue, l’Eglise de la transfiguration du Sauveur sur les sables. Elevée en 1698, elle n’a pas subi de modifications depuis lors.

Plus loin dans la rue, des échoppes où l’on peut acheter des dessins, des gravures et autres tableaux

Retour au point de ralliement, une pluie d’orage s’abat sur le quartier. Tout va bien, la suite de notre visite concerne le métro de Moscou … !

Nous prenons la station la plus proche : la station Smolenskaïa. L’entrée est déjà surprenante avec ses murs couverts de marbre.

Staline avait voulu faire du métro un palais souterrain pour le peuple. Le régime soviétique le conçut comme une vitrine des réussites du socialisme. Au terme d’un effort gigantesque, la première ligne fut inaugurée le 15 mai 1935. A la veille de la guerre le réseau comptait 22 stations, profondément enterrées pour servir d’abris en cas de conflit… !

Les thèmes décoratifs sont liés au nom de la station ou au paysage urbain de surface.

Place de la révolution Plochtchad Revolioutsii. Cette station a ouvert en 1938.

76 sculptures en bronze en décorent les arches. Elles représentent les archétypes de l’Union Soviétique : des soldats, des ouvriers, des mères de famille, des agriculteurs, des écoliers.

Un peu plus loin sur la ligne circulaire, la station Komsomolskaïa.

C’est l’une des plus fréquentées, ouverte en 1952.

Au plafond, huit grandes mosaïques expriment la lutte historique de la Russie pour la liberté et l’indépendance depuis Alexandre Nevski en 1242 jusqu’à la victoire sur les nazis en 1945 en passant par Minine et Pojarski.

Sur cette même ligne circulaire la station Novosloboskaïa.

Elle a été ouverte en 1952 et elle est connue pour ses vitraux placés chacun dans l’un des pylônes de la station et éclairés de l’intérieur.

Notre point d’arrivée, la station Bielorouskaia. Elle a été ouverte en 1952. Sur un plafond richement décoré, une douzaine de mosaïques octogonales dépeignent la vie quotidienne des biélorusses.

Entre deux stations nous prenons le métro sous l’œil vigilant d’Inna.

Ainsi se termine notre découverte du métro de Moscou.

Nous rentrons diner sur le bateau pour un dernier repas à bord mais notre journée n’est pas finie. Nous partons en bus à 22h pour une visite de Moscou by night. Le retour au bateau est prévu 0h30. Nous avons trouvé dans nos cabines un papier nous indiquant que le départ du bus pour l’aéroport est prévu à 3h demain matin. La nuit sera courte … !

Dans cette balade nocturne nous faisons quatre arrêts.

Le premier est au sud-ouest de Moscou, au Mont Poklonnaïa pour voir le mémorial de la seconde guerre mondiale. Cette colline, du haut de ses 180 m est l’une des plus élevées de Moscou. Elle abrite actuellement le parc de la victoire. C’est à cet endroit qu’arriva Napoléon en 1812 et qu’il attendit vainement qu’on lui remit les clés de la ville.

En 1980 la colline fut aménagée en mémorial de la victoire contre l’Allemagne nazie par la construction d’un musée et l’implantation d’un obélisque avec la statue de Nicé, la déesse grecque de la victoire et un monument dédié à Saint-Georges terrassant le dragon.

Sur l’obélisque on peut lire le nom des villes qui ont cotisé pour la réalisation du site. Non loin de là une église orthodoxe dédiée à Saint Georges et dans le lointain le centre d’affaires de Moscou avec ses gratte-ciel.

Notre deuxième arrêt sera pour le Couvent de Novodiévitchi que nous avons visité de jour hier après-midi. Ce soir nous allons l’admirer en contrebas d’un plan d’eau près duquel il a été construit. Le spectacle est de toute beauté avec les murailles et les constructions qui se reflètent dans l’eau.

On dit que Tchaïkovski, qui avait l’habitude de venir se promener autour de ce plan d’eau, y aurait trouvé l’inspiration pour son ballet « le lac des cygnes ».

En direction de la Place Rouge, but ultime de notre promenade nocturne, nous faisons un arrêt sur les quais de la Moskova en contrebas de la Cathédrale du Christ-Sauveur.

Sur la droite nous apercevons une gigantesque statue érigée sur le fleuve : le Monument à Pierre le Grand. Initialement, l’artiste Zourab Tsereteli voulait honorer Christophe Colomb à l’occasion du 500 ° anniversaire de la découverte des Amériques en 1492. L’œuvre d’art devait être offerte à la ville de Miami … Mais les édiles de la ville américaine ont refusé ce don embarrassant et Tsereteli a mis à profit ses excellentes relations avec le maire de Moscou pour changer son fusil d’épaule et donner à Pierre ce qui était à Christophe… ! Cette statue suscita une polémique parce qu’elle représente l’homme qui au début du 18ème siècle avait déchu la ville de son titre de capitale au profit de St-Pétersbourg… ! Un outrage pour certains moscovites.

Pour la petite histoire les habitants de Ploërmel passent tous les jours devant un monument de 7 m de haut dédié à Jean-Paul II et réalisé par le même artiste … !

Sur la gauche, le kremlin, avec ses tours, ses murailles et ses bulbes illuminés.

Derrière nous la Cathédrale du Saint-Sauveur que nous n’avons pas visitée.

A l’origine elle fut construite en mémoire de la victoire de la Russie sur les troupes napoléoniennes. Ses dimensions sont impressionnantes : hauteur : 103 m, surface totale 6800 m2. Les travaux durèrent 40 ans.

En 1931 la cathédrale fut rasée et ses fondations furent utilisées pour faire une immense piscine. Dans les années 1990 il fut décidé de la reconstruire et en janvier 2000 la cathédrale fut consacrée et ouverte au culte.

Dernière étape : la Place Rouge. Nous y accédons par la place du manège, du côté du Musée national d’Histoire. Tous les monuments vous sont maintenant connus, aussi je ne les nommerai pas, mais les illuminations leur donnent un charme supplémentaire.

Et retour au point zéro … !

Notre visite nocturne prend fin à 0h30, il est grand temps de regagner le bateau pour une petite heure de repos. La nuit sera courte mais qu’importe nous avons de magnifiques images plein la tête.

Jeudi 4 juin 2015

Jeudi 4 juin 2015

Ce matin nous arrivons dans les faubourgs de Moscou.

C’est en 1147 qu’apparait la première mention écrite du nom de Moscou dans un document où un prince de l’époque, Iouri Dolgorouki, invite un allié à une rencontre dans cette bourgade peuplée de pêcheurs, au bord de la Moskova. En 1156 il fait ériger sur les bords du fleuve une petite forteresse entourée d’une palissade en bois : c’est le premier kremlin. En 1238 les Tatars de la Horde d’Or envahissent la ville. Cette présence n’empêche pas la cité de se développer et d’acquérir peu à peu une certaine autonomie.

En 1263, le fils d’Alexandre Nevski fonde la principauté de Moscovie et en 1326 Moscou devient la capitale de l’Eglise Russe.

Ivan III se rebelle contre les Mongols et convoque à sa cour des architectes italiens qui édifient entre 1485 et 1495, les murailles de briques du Kremlin que nous connaissons aujourd’hui. Viendront s’ajouter 20 tours, toutes différentes.

Puis Ivan IV, le Terrible, succède à son père et règne jusqu’en 1584. Il ouvre la capitale au commerce international, agrandît le territoire russe par la prise de Kazan, chasse les derniers Tatars et fait construire la cathédrale de Basile-le-Bienheureux.

S’en suit une période de troubles et Moscou est envahie par les Polonais.

En 1612, Minine et Pojarski, après avoir levé une milice patriotique, marchent sur Moscou et font capituler la garnison polonaise. La Russie est sauvée et c’est en 1613 que Mikhaïl Fiodorovitch devient premier tsar de la dynastie des Romanov qui ne prendra fin qu’en 1917.

En 1712, la cité perd (et pour plus de deux siècles) son rôle de capitale, suite à la fondation de Saint-Pétersbourg par Pierre le Grand. La ville connait alors une vie plus paisible, sauf lors des cérémonies du couronnement qui ont toujours lieu au Kremlin.

En juin 1812, Moscou est rattrapée par l’histoire. Napoléon s’en empare, mais l’incendie de la ville le contraint à quitter les lieux. C’est alors que commence la reconstruction de la cité avec la ceinture des jardins, puis celle des boulevards. La ville se modernise. De 360 000 habitants en 1860, elle passe à un million en 1890 et près de 2 millions en octobre 1917. Les artères sont éclairées au gaz en 1867, la première ligne de tramway est inaugurée en 1895 et on construit, face au Kremlin, les galeries marchandes qui deviendront le magasin GOUM.

La révolution bolchevique commence à Saint-Pétersbourg en 1917 et s’étend très vite à Moscou. Le 12 mars 1918, les Bolcheviks transfèrent officiellement la capitale à Moscou. L’époque soviétique qui suit modifie encore la ville. La première ligne de métro est inaugurée en 1935. On élargit des rues au détriment de certaines églises qui sont détruites. A partir de 1947 on édifie des gratte-ciel

Nous accostons à la gare fluviale nord de Moscou. C’est un bâtiment de style stalinien qui a été construit en 1937.

Un bus nous conduit jusqu’au Kremlin en empruntant la chaussée Leningradskoïe (Saint-Pétersbourg) et la rue Tverskaïa. Cette rue est l’artère principale de la ville. Elle existe depuis le XIV° siècle, mais c’est au XVIII° siècle qu’elle a pris de l’importance comme route en direction de Saint-Pétersbourg devenue capitale de la Russie.

L’autobus nous dépose tout près de la Cathédrale Basile le Bienheureux. Pour mieux repérer les lieux et les bâtiments, je joins au compte-rendu un plan de la Place Rouge et du Kremlin que nous visiterons demain. Sur ce plan des numéros permettent d’identifier l’emplacement des monuments évoqués.

Nous découvrons l’un des joyaux de cette place : la Cathédrale Basile-le-Bienheureux (42). Ivan le Terrible fit élever cet édifice religieux entre 1551 et 1562 pour commémorer sa victoire décisive sur les Tatars. C’est à Moscou ce que la Tour Eiffel est à Paris. Il s’agit d’une magnifique envolée de bulbes aux formes et aux couleurs très variées. C’est une association de neuf églises dont huit se groupent autour de la principale et la plus haute : celle de l’Intercession-de-la-Vierge. Chacune est consacrée au saint du jour où la bataille s’était tenue. Une dixième église a été rajoutée en l’honneur de Basile, dit le Bienheureux, qui a bientôt donné son nom à l’ensemble.

En 1818 un monument a été érigé en l’honneur de Kouzma Minine et du prince Dimitri Pojarski (43)qui levèrent en 1612 une armée à Iaroslav pour libérer Moscou occupée par les Polonais.

Cette statue située au départ au centre de la Place Rouge a été déplacée par les communistes parce qu’elle gênait les défilés militaires. Le sculpteur représente le moment où Minine appelle le prince Pojarski à prendre la tête de l’armée russe pour chasser les Polonais. Il lui donne l’épée et l’incite à défendre la patrie.

Sur notre gauche nous voyons le mur de briques rouges du Kremlin.

Sur la photo, à gauche la Tour du Tsar (23),la plus petite du Kremlin et à droite la Tour du Sauveur (22). Elle doit son nom à une icône du Christ placée au dessus de sa porte en 1648. Cette tour était autrefois l’entrée d’apparat du Kremlin et chaque personne qui la franchissait, y compris le tsar, devait se découvrir, par respect pour l’icône. Elle fut enlevée au moment de la révolution russe. Elle a aujourd’hui retrouvé sa place.

Cette tour a été construite en deux étapes. La partie inférieure date de 1491 et la partie supérieure de 1625.A l’origine le carillon de la tour jouait l’hymne tsariste, qui fut remplacé en 1917 par un air révolutionnaire. Aujourd’hui l’horloge joue l’hymne national russe.

Puis nous pénétrons sur la Place Rouge. Immense esplanade de 52 000 m² interdite aux voitures, elle longe le mur est du Kremlin. Elle est déjà au XVème siècle le centre de la vie publique où sont organisées les cérémonies les plus solennelles. On y fait lecture des oukases (édits du tsar) et l’on y rend la justice. Au XVIIème siècle, elle est définitivement devenue la place Rouge (Krasnaïa), autrement dit la belle place (“rouge” et “beau” sont des mots presque identiques en russe).

Le long de ce mur se trouve le Mausolée de Lénine (49). Construit par A. Chtchoussev en 1930, en face de la Tour du Sénat (41), cet édifice en granit de Carélie remplit la double fonction de tribune officielle et de tombeau pour la dépouille momifiée du chef de la révolution d’Octobre, mort en 1924.

Derrière le mausolée, dans le mur même du Kremlin, à l’abri d’une haie de sapins bleus, une rangée funéraire où reposent les cendres des hautes personnalités de l’Etat soviétique dont Staline et Brejnev et des héros nationaux tel le cosmonaute Youri Gagarine.

En remontant la place, une autre tour importante du mur : la Tour Saint-Nicolas (40). Elle a été construite en 1491 par l’architecte italien Pietro Antonio Solari. Il s’agit de la tour par laquelle Minine et Pojarski pénétrèrent dans le Kremlin. Plusieurs fois restaurée, au gré des guerres, les autorités soviétiques la firent surmonter d’une étoile rouge, symbole du communisme. Sa hauteur totale actuelle est de 70,4 m.

Sa voisine, la Tour d’angle de l’arsenal (39) est en travaux.

Au nord de la place rouge, un bâtiment, le Musée national d’Histoire (45). Il est consacré à l’histoire russe des origines jusqu’à la fin du XVIII° siècle.

A droite du musée, on remarque un autre édifice, la Cathédrale Notre-Dame-de-Kazan (52), sur l’emplacement d’une ancienne église du XVIIème siècle. L’église précédente abrita jusqu’au XVIII° siècle la célèbre icône de la Vierge de Kazan, qui, selon la légende assura la victoire des Russes sur les envahisseurs polonais en 1612, ce qui allait permettre au premier Romanov Mikhaïl Fiodorovitch d’accéder au trône. Depuis lors, l’icône fut considérée comme la protectrice de la dynastie et transférée ensuite à Saint-Pétersbourg dans la cathédrale du même nom. Lors de la visite nous avons pu nous rendre compte de la vénération des russes pour cette icône, devant laquelle un groupe important attendait pour l’embrasser.

Comme pour d’autres églises, en 1936, Staline avait ordonné sa démolition pour permettre les manœuvres lors des défilés militaires. Elle a été reconstruite à l’identique en 1993.

A l’est de la place, Goum (53). Ce bâtiment en granit et marbre, long de 250m, fut construit en 1894. Après avoir abrité quelques temps des bureaux, il devint en 1953, un prestigieux magasin d’Etat, vitrine de l’URSS où les expatriés et les plus privilégiés des Soviétiques pouvaient trouver …. tout ce qui était introuvable ailleurs.

Depuis sa privatisation en 1993, on y trouve désormais les boutiques les plus diverses proposant un grand choix de vêtements de mode, produits de beauté, articles de luxe et souvenirs.

Nous quittons la Place Rouge par la Porte de la Résurrection.

La porte d’origine fut construite en 1534 et remodelée en 1680, de façon à inclure entre les deux arches une toute petite chapelle vouée à Notre Dame où les tsars s’arrêtaient pour prier lorsqu’ils se rendaient au Kremlin. Elle fut détruite en 1931 sur ordre de Staline afin de laisser la place aux chars et autres engins militaires qui participaient aux parades. C’est en 1994 qu’elle fut reconstruite à l’identique, en briques rouges, ainsi que la petite chapelle (côté place du manège) où nombre de Moscovites, renouant avec la tradition, s’arrêtent.

Face à la chapelle, sur le sol, est apposé un cercle de métal doré : c’est le point de départ des mesures de distances du pays. Animaux et plantes y symbolisent les points cardinaux.

Pour rejoindre notre bus nous nous dirigeons vers la Place des Révolutionnaires qui fait face à la place des théâtres.

Sur cette place, la statue de Karl Marx, imposante, taillée dans le granit

Au fond de la place des théâtres, le Bolchoï.

Un premier théâtre se dressait à cet emplacement. Construit en 1759, il disparut dans l’incendie de 1812. Le théâtre actuel est l’œuvre d’un architecte italien qui construisit le bâtiment nouveau en utilisant les vestiges du précédent, en particulier la colonnade que coiffe un fronton triangulaire, lui-même surmonté du Quadrige d’Apollon, sculpture de Piotr Klodt, celui-là même qui fit les statues du dressage des chevaux sur le pont Anitchkov et la statue équestre de Nicolas 1er place Saint Isaac à Saint-Pétersbourg.

C’est l’un des plus grands théâtres d’Europe (2000 places), dévolu à la danse et à l’opéra où se sont produits de grands musiciens et danseurs.

En bus nous nous dirigeons ensuite au sud de Moscou, vers le Mont des Moineaux d’où nous aurons une belle vue sur la ville.

De l’autocar, une photo furtive de la coupole du stade Loujiki qui peut accueillir 78 300 spectateurs et qui verra se jouer la finale de la coupe du monde de football en 2018 … avec en arrière-plan l’une des tours les plus hautes de Moscou : la Tour Mosfilm tower.

Implantée sur la colline, l’université de Moscou.

Cette construction, achevée en 1953, est l’un des sept gratte-ciel construits à Moscou sous l’ère stalinienne. Les dimensions sont impressionnantes : 240 m de haut, 33 km de couloirs, 36 étages, 5000 pièces, 47 000 étudiants

De l’autre côté, vers la Moskova, une vue panoramique sur le centre des affaires de Moscou, avec ses buildings de dernière génération et un quartier plus verdoyant.

Avant de quitter les lieux, un coup d’œil sur l’Eglise de la Trinité-du-Mont-des-Moineaux.

Le bus nous conduit ensuite au Monastère Novodiévitchi, chargé d’art et d’histoire.

On dit qu’en ces lieux on regroupait les jeunes filles dont les Tatars exigeaient la livraison pour leurs menus plaisirs. Ce monastère de femmes, fondé en 1524 par Vassili III afin de célébrer la prise de Smolensk, eut au cours de l’histoire des pensionnaires involontaires de renom.

Son rempart, hérissé de douze tours, protège un intérieur riche en églises et un cimetière où reposent de nombreuses personnalités.

L’entrée se fait par un porche au-dessus duquel on a construit une petite chapelle : c’est l’Eglise-porche de la Transfiguration, avec ses cinq coupoles dorées.

Dans l’enceinte du couvent, la Cathédrale Notre-Dame-de-Smolensk qui serait contemporaine de la fondation du monastère. La sobriété de la couleur blanche de ses murs extérieurs tranche avec la richesse de la décoration intérieure.

L’iconostase en bois sculpté, avec ses cinq registres est de toute beauté.

Des fresques d’époque recouvrent les murs du sol au plafond.

A l’intérieur, les sépultures d’ Eudoxie Loupoukhine, la première femme de Pierre le Grand et de Sophie, sa demi-sœur qui toutes deux finirent leurs jours en cet endroit, après y avoir été enfermées par le tsar.

Autour de la cathédrale reposent quelques personnalités : poètes, soldats, représentants de grandes familles.

Une extension du cimetière a été ouverte à la fin du XIX° siècle à l’extérieur du monastère. On peut y voir les tombes d’écrivains, de musiciens et d’hommes politiques comme Nikita Khrouchtchev qui n’a pas eu lui les honneurs de la place rouge … !

Non loin de là, la tour clocher dont nous ne verrons que les échafaudages qui indiquent qu’elle est en travaux. Un incendie en mars dernier a retardé les travaux de réfection.

Dans la partie centrale du monastère, l’église de la Dormition datant de 1688.

Puis l’Eglise –Porche de l’Intercession de la Vierge et à suivre les remparts qui protègent le site

Plus loin, une tour d’angle circulaire qui servit de prison à la princesse Sophie.

Ainsi se termine notre visite. En contrebas du monastère nous découvrirons lors de notre visite de Moscou by night un étang dans lequel les reflets du monastère illuminé sont du plus bel effet.

Avant de regagner le bateau nous prenons la direction du cirque de Moscou, dans le nord de la ville. Un jardin public nous permet d’attendre, comme beaucoup de Moscovites, l’ouverture des portes.

A l’intérieur, seules les photos avant spectacle sont autorisées.

Le cirque peut accueillir 3400 spectateurs. Aujourd’hui nous arrivons parmi les premiers, comme à notre habitude… !

Au lever du rideau, la salle sera comble.

Le spectacle est à mi-chemin entre le cirque et ses numéros de clown, ses dompteurs, ses acrobates et le music-hall avec ses danseurs et chanteurs. Un beau mélange de numéros qui nous font passer une bonne soirée.

Retour au bateau pour un diner tardif, d’autant plus que demain nous repartons aux aurores pour découvrir un endroit emblématique de Moscou : le Kremlin

Mercredi 3 juin 2015

Mercredi 3 juin 2015

Ce matin, réveil matinal. Après le petit déjeuner, nous débarquons sur les quais d’Ouglitch à 8h du matin. Dès l’arrivée nous voyons, près des rives de la Volga, ces bâtiments que nous allons visiter, en particulier l’Eglise de Saint-Dimitri-sur-le-Sang.

C’est une des plus anciennes cités situées sur la Volga. Son nom est mentionné dès la fin du X° siècle ; il viendrait du mot ougol, « angle » ou « coude » en russe, la Volga changeant de direction à cet endroit.

Au XIV et XV° siècle, les princes de Moscou s’installent à Ouglitch et commencent l’édification du kremlin de la ville.

Au XVI° siècle, à Ouglitch eut lieu un événement qui bouleversa toute la Russie. A sa mort en 1584, Ivan le Terrible ne laisse que deux héritiers : Fiodor, simple de corps et d’esprit, fils de sa première femme et le petit tsarévitch Dimitri, âgé de deux ans et fils de sa septième et dernière femme. Les Boyards se disputent le pouvoir avec à leur tête Boris Godounov, dont la sœur Irène a épousé Fiodor. Le 15 mai 1591, à dix ans, Dimitri, exilé avec sa mère à Ouglitch, est retrouvé la gorge tranchée dans les jardins du palais. D’après la version officielle, il est tombé sur un poignard au cours d’une crise d’épilepsie, pour les autres, il est mort de la main d’un tueur à la solde de Boris Godounov. Le poète Pouchkine dans son roman et Moussorgski dans son opéra, font porter à Boris Godounov la responsabilité de cette mort. Mais pour les historiens, cela reste une énigme.

Exhumé, transporté à Moscou, canonisé, sa dépouille est enterrée dans la Cathédrale de l’Archange-Saint-Michel au kremlin de Moscou.

Brulée par les Polonais en 1613, la ville fut reconstruite sous le règne de Catherine la Grande.

Notre visite commence par la Cathédrale de la Transfiguration du Sauveur et son clocher.

Une première cathédrale en pierres fut construite en 1483 puis démolie à la fin du XVII° siècle. L’église actuelle fut érigée en 1713, juste avant l’interdiction de Pierre le Grand d’utiliser la pierre ailleurs que dans sa nouvelle capitale Saint-Pétersbourg.

A proximité se dresse le clocher haut de 37 m et surmonté d’un petit bulbe doré. Il fut construit en 1730.

A l’intérieur de la cathédrale, l’iconostase, cloison qui sépare la nef de l’autel est ici impressionnante avec ses 6 registres. Elle abrite des icônes des 17° au 19° siècle. Au-dessus de la porte royale figurent la Déisis et les apôtres

La troisième rangée abrite des icônes illustrant les fêtes de l’année liturgique.

La quatrième rassemble les prophètes de Moïse au Christ

Sur la cinquième sont rassemblés les patriarches d’Adam à Moïse.

Cette cloison est une incitation, par la contemplation et la vénération des icônes, à passer du monde terrestre au monde divin. Les portes royales restent fermées sauf lors des offices.

L’iconostase est percée de trois portes. Seul le prêtre en habits sacerdotaux peut pénétrer dans l’autel par la porte centrale ou porte royale qui symbolise l’entrée vers le Royaume de Dieu.

Elle est illustrée par l’Annonciation et les quatre évangélistes. A gauche de la porte royale, la Mère de Dieu et à droite le Christ

Sur les murs des fresques, représentant des épisodes du Nouveau Testament, sont inspirées des travaux exécutés en Europe à la Renaissance.

En quittant la cathédrale nous sommes invités à écouter un ensemble vocal qui nous interprète des chants russes, religieux et profanes.

Près de là, l’Eglise du tsarévitch Dimitri et son palais.

La visite guidée terminée, un temps libre nous est proposé. Au hasard des rues nous arrivons au monastère de l’Epiphanie avec l’Eglise Notre-Dame Féodorovskaïa et l’Eglise Notre-Dame de Smolensk.

Après cette découverte de la ville nous retrouvons notre bateau et appareillons pour Moscou, but ultime de notre croisière que nous découvrirons demain.

Après le déjeuner, nous passons devant le clocher submergé de Kaliazine. C’est tout ce qui reste de la cathédrale Saint Nicolas qui se trouvait sur la plus grande place de la ville.

En 1939 les deux tiers de l’agglomération ont été inondés afin de construire un barrage et la centrale hydroélectrique d’Ouglitch. Beaucoup de bâtiments ont été déplacés ou détruits. Le clocher a été conservé parce qu’il servait de phare.

Cet après-midi Elisabeth nous réunit pour terminer l’histoire de son pays.

Elle nous a laissés hier à la mort de Lénine en 1924, remplacé par Staline, fils d’un cordonnier, originaire de Géorgie. Arrivé au pouvoir il lance le premier plan quinquennal avec l’objectif d’industrialiser l’Union soviétique pour en faire une puissance moderne. L’agriculture est collectivisée et les paysans qui refusent son plan sont envoyés dans les premiers goulags. Des millions d’entre eux y mourront de faim.

En 1941 Hitler envahit l’Union Soviétique et les Russes se battent avec courage. Saint-Pétersbourg, devenue Leningrad a résisté à un siège de 900 jours. Cette guerre fait 20 millions de morts en Russie.

Après la mort de Staline en 1953, Khrouchtchev arrive au pouvoir. Il dénonce les crimes de son prédécesseur, développe l’agriculture et lance un programme de construction immobilière, avec ces petits immeubles à 4 étages qui sont construits partout dans les banlieues.

En 1964 il est remplacé par Leonid Brejnev qui restera au pouvoir 18 ans. La course aux armements contre l’Amérique épuise l’économie soviétique.

En 1985, Mikhaïl Gorbatchev hérite cette situation. Il lance une restructuration économique – la pérestroïka – et prône la transparence -la glasnost-. Le débat s’élargit en une discussion sur la légitimité du régime et les pays d’Europe de l’est se rebiffent contre leurs dirigeants russes. C’est la réunification de l’Allemagne et les pays satellites qui se débarrassent du joug communiste. Boris Eltsine lui succède en août 1991. Il ouvre grand les portes au capitalisme, ce qui s’accompagne de corruptions, de la naissance de très grandes fortunes et de la paupérisation d’une grande partie de la population.

Le 31 décembre 1999, à la surprise générale, il démissionne et nomme son premier ministre Vladimir Poutine, président en exercice. Depuis 2000 celui-ci cherche à rendre à la Russie sa grandeur passée. Grâce aux réformes engagées lors de son premier mandat, au regain de croissance économique et à un discours patriotique, cet ancien membre du KGB a permis à de nombreux Russes de pouvoir à nouveau se sentir fiers de leur pays. Ils l’ont d’ailleurs largement réélu en 2004. Devenu premier ministre de Medvedev en 2008, il revient de nouveau à la tête du pays en 2012.

Les Russes semblent plus heureux depuis l’arrivée de Poutine. Le niveau de vie a augmenté et depuis peu le taux de natalité a dépassé le taux de mortalité.

La Russie est un pays qui est 21 fois plus grand que la France en superficie et qui ne compte que 146 millions d’habitants en 2014.

Sur le territoire il y a 89 ethnies différentes qui ne se comprennent pas toujours.

Du point de vue de la religion, les chrétiens orthodoxes sont majoritaires mais l’islam progresse à cause d’une population à plus forte natalité. Après la période soviétique l’église fait son retour sur la scène publique, encouragée par le Kremlin. Une petite révolution après des décennies de vie religieuse vécue dans la clandestinité.

Les communautés musulmanes et boudhistes ont du mal à se faire une place.

Les catholiques sont regroupés près de la Pologne, le chamanisme est majoritaire en Sibérie profonde.

Elle nous parle aussi de la liberté de la presse qui n’existe pas. A la télévision on ne dit que du bien de Poutine. Poutine lui-même sait parler à son peuple qui se trouve plus heureux que du temps de Staline.

Certains redoutent quand même son caractère d’ancien kagébiste, brusque, sauvage.

Les conflits en Ukraine et en Crimée ont accentué les embargos vis-à-vis des autres pays, en particuliers pour les produits laitiers, la viande, etc …

Des oligarques sont apparus à l’époque soviétique et à la fin de celle-ci, une partie des richesses de l’état ont été partagées entre les habitants. Dans les villages, certains ont vendu leurs biens et d’autres les ont achetés, ce qui a permis l’émergence de fortunes colossales.

Elisabeth nous parle de sa grand-mère, née en 1924, dont les parents étaient d’origines sociales différentes. Son père était noble et donc considéré comme ennemi du peuple. Sa mère était communiste. Le mariage a quand même eut lieu. Sa grand-mère est née et en 2015, à quatre-vingt onze ans elle cultive toujours son petit jardin. … !

Aujourd’hui l’état est propriétaire des terres, ce qui n’est pas une bonne chose

Les salaires sont très disparates selon les régions.

Le salaire mensuel moyen pour toute la Russie est de 300 € par mois. A Saint-Pétersbourg il est de 700 € par mois et à Moscou de 1000 € par mois.

La retraite moyenne est de 300 € mensuels

La médecine est gratuite pour tous, mais elle n’est pas de bonne qualité. Il y a de longues files d’attente. Les médecins sont peu payés et demandent souvent des pots de vin.

L’éducation est bonne, mais les élèves n’ont pas toujours le choix de leur formation. L’école est obligatoire et les études universitaires sont gratuites pour les plus motivés.

Elle conclue avec un peu d’amertume : en 2015 quand on demande à un petit garçon russe quel est son souhait pour l’avenir, la majorité d’entre eux répondent qu’ils souhaitent être mafieux, quant aux petites filles elles souhaitent être mannequins pour vivre avec un mafieux… !

Et pour fêter notre arrivée prochaine à Moscou, nous buvons une vodka-orange sur les coursives du bateau.

Ce soir c’est le dîner du commandant.

Pour finir la journée, dans la salle de conférences, nous assistons à un concert donné par les « talents du bord ». Certains groupes nous interprètent des chants de leur pays d’origine et un chant russe qu’ils ont fait l’effort d’apprendre.

Cette nuit nous continuons notre croisière sur la Volga.

Mardi 2 juin 2015

Mardi 2 juin 2015

Cette nuit nous avons encore progressé en direction de Iaroslav que nous devons atteindre cet après-midi vers 15h.

L’attraction de la matinée après le petit déjeuner sera le passage de l’écluse de Rybinsk à l’entrée de la Volga.

A l’approche de l’écluse, la statue de la Mère Volga et sur un mur une figuration des bateliers du fleuve.

L’écluse de Rybinsk est double avec deux sas parallèles. Le changement de niveau d’eau est de 14 m. Pour la première fois nous empruntons une écluse descendante pour rejoindre la ville de Iaroslav

Après le passage de l’écluse, Elisabeth nous a invités à sa deuxième conférence sur l’histoire de la Russie. La dernière fois nous en étions restés à l’arrivée de Catherine II, la Grande Catherine.

Catherine II, la jeune épouse d’origine allemande de Pierre III, se charge de détrôner son mari qui sera assassiné probablement par Orlov. Elle révèle tout de suite les traits qui vont la caractériser pendant son règne : un instinct politique très sûr, une totale absence de scrupules, une soif de gloire personnelle et une propension à faire de ses amants ses plus proches conseillers et ses alliés politiques. L’un des premiers sur la liste est Stanislas Poniatowski, un comte polonais. Quand elle finit par s’en lasser, elle le laisse partir non sans lui offrir la couronne de Pologne. Suit Grégory Orlov, le cerveau du coup d’état qui l’installe sur le trône et l’assassin de Pierre III, le mari dément. Mais le grand amour de Catherine s’appelle Gregory Potemkine. Il reconquiert pour elle la Crimée. Il ne sera pas sa dernière liaison, mais il reste celui auprès duquel elle reviendra toujours. Elle s’efforce aussi de donner une image d’impératrice éclairée : amie des encyclopédistes français, elle correspond avec Voltaire et accueille Diderot en Russie. Elle invite aussi les meilleurs architectes en Russie et c’est durant son règne que Saint-Pétersbourg acquiert, comme nous l’avons vu, sa beauté classique. Catherine se montre avec le temps moins réformiste que durant ses jeunes années. Elle abandonne l’idée d’abolir le servage et à la fin de son règne, la condition des serfs, plus nombreux que jamais, a empiré.

Son fils Paul 1er lui succède en 1796. Fils d’un père dément et d’une mère qui ne l’a jamais aimé, et qu’il accuse d’avoir fait tuer son père, il n’a de cesse de critiquer et de détruire ce que la grande Catherine a mis en place. Il a lui-même trois fils : Alexandre, Nicolas et Constantin, adorés par leur grand-mère. Paul 1er règnera 5 ans. Il est assassiné en 1801, étranglé par les partisans de son fils Alexandre.

Le nouveau tsar, Alexandre 1er est connu pour ses idées libérales. Il choisit de faire la paix avec les Français en 1807 par le traité de Tilsit. Mais si cela freine un peu les ambitions de Napoléon, il ne s’arrête pas. La France envahit la Russie en 1812. Tous les russes s’unissent pour défendre la nation. Quand les troupes françaises entrent dans Moscou, ses habitants incendient la ville afin de la rendre impossible à occuper. Napoléon fait volte-face et son armée harcelée par les partisans et l’armée régulière retourne chez elle : seulement 100 000 soldats français retourneront chez eux sur 450 000. Certains soldats français sont restés au printemps pour faire des travaux agricoles, à l’automne des enfants sont nés … Ainsi des communautés, avec une langue empruntée au russe et au français, se sont formées dans la région.

A la mort d’Alexandre en 1825, son frère Nicolas 1er lui succède. En décembre au moment où une partie des soldats se préparaient à prêter serment au nouveau tsar, des officiers se soulèvent. Souvent issus de l’aristocratie, les Décembristes réclament l’abolition du servage et un régime constitutionnel. Les conspirateurs mènent leurs troupes sur la place du Sénat à Saint-Pétersbourg. La révolte des Décembristes est un échec. Nicolas 1er voulut faire pendre les révolutionnaires, mais les cordes cassèrent, ce qui était un signe que Dieu voulait les sauver. Leur vie fut épargnée mais ils furent déportés en Sibérie. Leurs femmes autorisées à rester à la Cour, décidèrent d’accompagner leurs maris. Depuis ce temps en Russie, une femme fidèle est appelée « femme de décembriste ». Nicolas 1er gardera de cet épisode violent une peur pathologique de la révolution et on l’appela le gendarme de l’Europe.

En 1855, son fils Alexandre II lui succède sur le trône. Convaincu de la nécessité des réformes, il libère les derniers décembristes en exil et s’attaque à l’émancipation des serfs, ce qui fut fait en 1861. Durant son règne, l’activité révolutionnaire, dont l’idée vient de la France, se fait plus intense. La cible principale des anarchistes est évidemment le tsar. Il échappe ainsi à plusieurs attentats, mais le 1er mars 1881, une bombe atteint son but à Saint-Pétersbourg. La cathédrale du Saint-Sauveur-sur-le sang-versé a été érigée sur le lieu même du drame par son fils.

Celui-ci Alexandre III développe l’industrie dans son pays. Les rangs de la classe ouvrière ne cessent de grandir. Des milliers de kilomètres de voies ferrées sont posés sur tout le territoire, permettant notamment la construction du Transsibérien qui est commencée en 1891 et une industrie du charbon se met en place. L’accroissement de la population ouvrière urbaine devient explosif et les révolutionnaires se montrent de plus en plus actifs. En 1894, Alexandre III meurt dans son lit, un exception pour un tsar.

Son fils Nicolas II lui succède à la tête de la Russie mais ses moyens intellectuels sont relativement limités pour affronter une époque difficile. Il semble plus fait pour mener une vie paisible de père de famille à Tsarskoïe Selo que pour diriger un empire en crise. Incapables de racheter des terres, les paysans s’enfuient vers les villes où ils vivent dans des conditions atroces. Les grèves éclatent dans le pays et l’échec de la guerre russo-japonaise pousse à son comble le mécontentement de la population. Les émeutes prennent de l’ampleur en janvier 1905 quand une manifestation non violente d’ouvriers est réprimée dans le sang. Ce jour-là l’empereur fuit à Tsarskoïe Selo en protègeant un moine débauché, Raspoutine, qui exerce une influence grandissante à la Cour. L’entrée dans la première guerre mondiale sonne le glas pour la Russie. A la fin de 1916 la nation compte 2 millions de morts et le double de blessés. En octobre 1917 les bolcheviks préparent la prise du pouvoir qui passe aux mains des commissaires du peuple présidés par Lénine. C’était une personne qui avait beaucoup de charisme. IL développait des idées selon lesquelles tout appartient à tous et chacun doit vivre dans les mêmes conditions que les autres. L’idée de partage se développe et chacun doit vivre pour quelqu’un d’autre. Le tsar Nicolas II est assassiné avec toute sa famille à Iekaterinbourg.

L’URSS est créée en 1922. Alors commencent 70 de socialisme. Lénine meurt en 1924 et Staline le remplace. Il reste au pouvoir jusqu’en 1953, année de sa mort.

Demain Elisabeth terminera son histoire de la Russie

Avant le déjeuner sur le bateau, Valentine nous propose un atelier de la poupée russe. Avec trois carrés de tissu et quatre bouts de fil, elle nous guide dans la confection d’une poupée en chiffons.

En début d’après-midi nous débarquons à Iaroslav. La ville doit son nom au grand-prince Iaroslav le Sage. C’est le fils de Vladimir le Grand qui décida en 988 de se convertir au christianisme et d’imposer la nouvelle religion au peuple russe. Iaroslav, en visite d’inspection sur ses terres en 1010, abat d’un coup de hache un ours sacré. Il y fait construire une forteresse. Ainsi nait la ville qui porte son nom. Il y édifie des monuments en pierre avant que la cité soit mise à sac par des hordes mongoles. En 1463 elle est rattachée à Moscou.

Notre première visite est pour l’Eglise du Prophète Elie qui occupe le centre de la place Sovetskaïa. On doit sa construction aux deux frères Skripine, négociants en fourrures, très influents, proches du tsar et du patriarche. Edifiée en trois ans, de 1647 à 1650, elle est bordée de bâtiments administratifs. Menacée de destruction par Staline pour faciliter le passage des chars, elle sera sauvée par le courage de ses habitants qui s’y sont réfugiés. Cinq coupoles rappellent les églises du 17° siècle. Deux clochers l’encadrent : le clocher octogonal de l’église et le toit pyramidal de la chapelle de la Déposition-de-la-Vierge.

Les fresques sont la principale richesse de l’église. En 1680, 15 peintres fresquistes illustrent en trois mois et en quatre-vingt fresques la vie du prophète Elie et de son disciple Elizée. Elles ont traversé les siècles dans cette église sans subir de dommages

L’iconostase baroque du 17° est de toute beauté avec ses six rangées d’icônes … !

A l’extérieur, les façades sont décorées de carreaux de faïence polychromes, incrustés dans les murs.

Sur cette même place, en vis-à-vis, la douma régionale

Nous allons ensuite vers le centre de Yaroslav, ville de 600 000 habitants. Sur la place centrale la petite église Alexandre Nevski.

Un temps libre nous permet de découvrir un petit marché couvert qui offre une grande variété de fruits et légumes, de miel, d’œufs,

Près de l’endroit, sur un trottoir, des paysannes essaient de vendre quelques maigres légumes ou fleurs de leur production. Nous sommes le 2 juin et le muguet vient de fleurir dans ce coin de Russie … !

Après ce temps libre, nous nous retrouvons près de l’Eglise Alexandre Nevski et prenons le bus pour la visite de la Cathédrale de la Dormition. Non loin de là, le monument aux morts de la ville évoque la guerre : la femme travaille à l’usine tandis que l’homme est au front. Dans le lointain, la cathédrale que nous allons visiter.

La flamme du souvenir est toujours allumée.

Entre la première construction de la Cathédrale en 1215 et sa destruction complète en 1937, elle fut restaurée et même reconstruite plusieurs fois. Depuis 2004, à l’emplacement de l’édifice primitif, s’élève la nouvelle église, plus grande que la première. Elle fut consacrée en 2010, pour fêter le millénaire de la ville.

A l’intérieur, une belle iconostase

A l’extérieur, une statue de la Trinité. Elle a été réalisée en 1995 pour célébrer le millénaire de l’évangélisation de la Russie. Un bloc de granit gravé rappelle la fondation de la ville. Le caresser porterait chance … !

Au confluent de la Volga et de la Kotorosl un jardin public a été aménagé. Du haut d’un promontoire, on découvre l’espace.

Au premier plan un parterre central avec un ours en fleurs portant une hache sur l’épaule. 1005 évoque l’âge de la ville, commencée en 1010 et nous voyons de l’autre côté de la rive, l’église Saint Jean Chrysostome.

La légende veut que Iaroslav vainquit un ours qui l’attaquait en utilisant cette arme. L’ours devint l’emblème de la ville et figure sur les armoiries. L’inscription en bas figure l’âge de la ville. Fondée en 1010, elle a donc 1005 ans en 2015.

Notre visite se poursuit vers le Monastère de la Transfiguration du Sauveur.

Le monastère actuel a été reconstruit en 1515 à la place d’un plus ancien qui datait du 12° siècle. Avec son enceinte de 3 m d’épaisseur et de 7 à 10 m de haut, il devient la forteresse la plus puissante de ce lieu de la Volga. La communauté compte 150 moines.

Nous y pénétrons par les Portes Saintes datant de 1516.

Devant nous, le clocher et plus loin, reconnaissable à ses coupoles dorées, la Cathédrale de la Transfiguration. Avec son dôme vert, l’église des Thaumaturges.

Le clocher actuel a été édifié au 19°siècle. Il comprend une horloge, restaurée en 1983 et dotée d’un mécanisme électronique.

L’Eglise des Thaumaturges a été construite en 1827.

La cathédrale du monastère date de 1516. Massive avec ses coupoles dorées en forme de casques de guerriers.

Un peu plus loin’ le corps des cellules du monastère.

En 1612, la ville sert de point de ralliement aux troupes de Minine et Pojarski qui libèrent Moscou de l’emprise des envahisseurs polonais. Dans les allées du monastère une sculpture rappelle l’événement. Sur l’autre face, une représentation de Saint Georges terrassant le dragon.

A la fin du circuit, une vue arrière de la Cathédrale de la Transfiguration du Sauveur, de l’église des Thaumaturges et du clocher.

Une petite pause avant de reprendre le bus.

Après le repas, beau coucher de soleil sur la Volga.

Lundi 1er juin 2015

Lundi 1er juin 2015

Après le petit déjeuner et une réunion sur notre programme à Moscou, bain de soleil sur le pont arrière du bateau en attendant une présentation de la cuisine russe, avec ses spécialités, en particulier son borchtch, sorte de soupe préparée avec des betteraves, du chou, des carottes, des oignons, des tomates, des pommes de terre. Nous en goûterons plusieurs variantes, servies à chaque repas entre l’entrée et le plat de résistance.

Nous arrivons à Goritsy en début d’après-midi. Après le débarquement nous partons à pied visiter un premier monastère qui se trouve dans ce petit village de 3000 habitants. Nous découvrons quelques unes de ses rues et ses habitations, tandis que notre guide nous parle un peu des conditions de vie des habitants. Ils tirent l’essentiel de leurs revenus des touristes venus voir le Monastère de la Résurrection vers lequel nous nous dirigeons.

La plupart des maisons n’ont pas d’eau courante : un puits pourvoit aux besoins. Ils n’ont pas non plus de chauffage central l’hiver, alors que la température descend jusqu’à – 20 °C. La réserve de bois est indispensable pour alimenter le poêle qui permet de chauffer les pièces et de cuire les aliments. Chaque famille cultive son petit jardin qui produit les légumes et certains possèdent même une serre.

Le Monastère de la Résurrection fut fondé en 1544 par Euphrosyne, épouse du fils cadet d’Ivan III. Exilée pour avoir comploté avec des Boyards contre Ivan le Terrible, pour mettre son fils sur le trône, elle fut contrainte à prendre le voile dans un monastère à Moscou, puis rejoignit, sous le nom de Mère Eudoxie, ce monastère fondé par elle.

Contemporain du monastère de Saint-Cyrille, dont il constitue le pendant féminin, cet ensemble religieux fut fermé par les Bolchevicks en 1920. En 1970 il fut mis sur la liste des bâtiments à protéger et à reconstruire, associé au grand monastère de Kirillo-Belozersky. En ruine, il reprend vie tout doucement depuis 1990, grâce au courage de quelques religieuses qui échangent les beaux légumes de leur jardin contre une aide bénévole des habitants du village.

Un homme coupe des herbes folles à la faux.

Des échafaudages sont fixés sur l’Eglise de la Résurrection qui est en voie de restauration

Hors de l’enceinte du monastère, une petite église a été édifiée au bord de l’eau.

Quelques maisons plus récentes, donnent des notes de couleurs dans le paysage.

Sur le chemin du retour pour prendre le bus qui nous mènera au monastère Saint Cyrille, notre guide nous parle aussi du problème de l’alcoolisme, un fléau pour la région. La vodka est très chère et les hommes distillent leur propre alcool à base de plantes. La moyenne d’âge est faible dans cette région. On vieillit vite à Goritsy… !

Le bus nous conduit à sept kilomètres de là au grand monastère de Kirillov-Biélozerski ou monastère de Saint-Cyrille du lac blanc. Immense avec ses onze églises, disséminées sur 13 hectares, derrière 2,3 km de hautes murailles avec de nombreuses tours.

Vers 1397, Cyrille Bielozerski, archimandrite (supérieur dans les églises chrétiennes orientales) du monastère Saint Simon de Moscou, a une vision de la Vierge qui lui demande de fonder un monastère vers le nord. A 60 ans il quitte Moscou en compagnie du moine Feraponte qui connait la région. Ayant choisi le lieu du futur monastère, les deux hommes bâtissent une hutte et vivent là un an.

En 1398, Feraponte se sépare de Cyrille et part à une quinzaine de kilomètres, plus au nord, où il fonde son propre monastère : le monastère de Feraponte.

Cyrille vivra jusqu’à l’âge de 90 ans, grâce aux vertus de la vie ascétique, des herbes médicinales et de celles de l’eau pure du lac Siverskoïé.

Le monastère porte le nom de son fondateur qui construisit deux églises en bois sur deux collines voisines des rives du lac . Toutes les constructions sont en bois jusqu’à la fin du XVe siècle. Du vivant de Cyrille, 53 moines adhèrent à sa dure vie d’ascète et le monastère est influent.

En 1653, devant la menace d’une invasion suédoise, le tsar Alexeï en double la surface. On construit des murailles de 2 km de long et de 11 m de haut, flanquées de tours impressionnantes. A l’intérieur du monastère 700 cellules sont aménagées. A cette période y vivent 200 moines et quelques 500 personnes de passage

Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, Catherine la Grande édicte un oukase qui réforme le statut des monastères en vertu duquel l’Etat confisque toutes les terres monastiques et leurs serfs. Cette « nationalisation » sonne le déclin des monastères. Au moment de la révolution, il n’y a plus qu’une vingtaine de moines dans couvent.

Nous entrons dans l’enceinte générale du site par la tour de Kazan qui est actuellement en travaux.

Une fois passée cette porte, nous voyons déjà l’étendue du domaine, avec son mur d’enceinte de taille impressionnante.

Sur cette pointe de terre au bord du lac Siverskoïé, ont été construits deux monastères : le Monastère de la Dormition, le plus ancien et le plus important, que nous visiterons, et le Monastère de Saint-Jean dans lequel nous n’entrerons pas.

L’entrée principale de la Dormition se fait par les Portes Saintes (1523) dans le mur interne nord. Sur les murs, des fresques qui datent de 1585. Notre guide nous dit que si on franchit cette porte sans parler, un de nos péchés nous est pardonné … !

De 1569 à 1572, l’Eglise Saint-Jean Climaque fut construite au-dessus des portes, suivant la tradition russe, et dédiée au théologien byzantin du même nom. La partie supérieure de l’église fut endommagée par le feu et reconstruite au XVIIIe siècle avec un toit à quatre versants et une coupole baroque. Pour entrer dans l’enceinte du monastère nous sommes passés par la porte sainte de gauche sur cette photo

De part et d’autre de l’église, des bâtiments qui abritaient les cellules des moines.

Notre visite commence par la salle du trésor, qui abrite une exposition sur l’art russe. Elle donne un bon aperçu des différents arts appliqués du pays. Dans les salles sont exposées des icônes des 17°-19° siècles, des broderies en fil d’or, des vêtements et objets sacerdotaux. A cet endroit les photos ne sont pas autorisées.

De l’autre côté de la place, la Cathédrale de la Dormition avec ses dômes verts et le clocher. La cathédrale édifiée en 1497 en cinq mois est le premier édifice en pierres du monastère. Elle ne se visite pas.

Sur cette même place, la maison de l’Archimandrite qui abrite une collection importante d’icônes provenant de la Cathédrale de la Dormition de Kirillo et de la cathédrale du monastère de Feraponte

Au sol quelques pierres tombales.

Dans le réfectoire nous traversons un musée où sont exposés des vêtements et des broderies de l’artisanat local.

A la sortie nous découvrons à nouveau une partie de l’ancienne muraille, avec en premier plan, des bâtiments qui servaient autrefois de prison.

En traversant l’une des portes de la muraille, nous accédons aux rives du lac dont les eaux ont le pouvoir de rajeunir ceux qui s’y trempent.

Michel a tenté un plongeon … ! Rajeunissement et longévité garantis … !

Retour dans l’enceinte du Monastère de la Dormition

Accolée à la grande muraille, l’Eglise de la Transfiguration, édifiée en 1595. Actuellement elle est en travaux.

Sur notre route l’arrière du clocher et la maison des négociants en vin.

Non loin de là, l’Eglise Saint-Euthymius et le bâtiment qui renfermait les chambres des moines autrefois. Un peu plus loin, le monastère actuel.

Nous entrons dans l’Eglise Saint Cyrille dont nous pouvons admirer l’iconostase.

En quittant le sanctuaire nous nous dirigeons vers la grande muraille, en direction de la sortie.

Nous retrouvons la porte de Kazan qui est en travaux comme nous l’avons vu en arrivant.

Avant de regagner le car, un dernier coup d’œil sur la tour la plus ancienne de la muraille, la tour de Vologda.

Le bus nous ramène à l’embarcadère de Goritsy et nous jetons un dernier regard sur le petit Monastère de la Résurrection que nous avons visité en premier.

A 17h nous appareillons pour Iaroslav, distante de 250 kms.

Avant le diner russe prévu ce soir au restaurant du le bateau, nous goûtons à un apéritif local.

Ce soir au diner nous fêtons deux anniversaires : Danièle et Jean-Paul.

Un coucher de soleil sur le réservoir de Rybinsk, avant d’aller dormir.